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Éphéméride des luttes bretonnes - Mars

Cultures - Contre-cultures

Depuis le mois de mai 2018, peu après la création du collectif, Dispac’h a mis en place une éphéméride des luttes bretonnes. Il s’agit ici de cultiver la mémoire des luttes en Bretagne et plus encore celles des mouvements bretons.

15 mars 2002 : Un clash fait couler de l’encre lors des Nuits Celtiques au Stade de France. Bien que ce genre d’évènement soit absolument dépolitisé et fasse plus office de machine à fric qu’outil de lutte, quelques artistes profitent de l’occasion pour monter au créneau contre le gouvernement. Pas sur scène néanmoins, mais dans les coulisses, où des ministres tentent de venir se mélanger aux artistes. Marylise Lebranchu (justice), Jack Lang (éducation) et Catherine Tasca (culture), partent en immersion sous l’égide de Jean Yves Le Drian. Heureusement quelques réflexes subsistent malgré l’ambiance commerciale du Stade de France, Gilles Servat et Dan ar Braz réagissent en envoyant les ministres dans les cordes et en refusant de les recevoir. Motif : la question des prisonniers politiques bretons incarcérés sans procès et le statut des écoles Diwan.

Mars 1995 : Une série d’actions survient en Bretagne dans le cadre du mouvement des chômeurs, une dynamique de lutte nouvelle qui tente de faire le lien entre groupes organisés et personnes isolées. À Quimper, les locaux d’EDF sont envahis et occupés pour protester contre les coupures de courant qui touchent les plus pauvres. L’action est faite par différentes associations et collectifs de chomeurs.euses ainsi que par la CGT d’EDF-GDF. Dans la foulée, le collectif "Bécassine au chômage" bloque les serrures d’une cinquantaine d’agences ANPE - ancien Pole Emploi - en Bretagne (Rennes, Morlaix, Lorient, Nantes, Pontivy, Vannes, Lanester...). Le communiqué du collectif explique "Nous faisons ainsi payer symboliquement les esclavagistes et spéculateurs de tous poils, qui profitent du désarroi social du peuple breton avec la complicité de l’État français. On a toujours raison de se révolter."

21-22 mars 1987 : 5 000 personnes se rassemblent à Carhaix pour un weekend politique en faveur de la langue bretonne, organisé par Stourm Ar Brezhoneg et Emgann. Le samedi une manifestation fait résonner les "brezhoneg yezh ofisiel" dans les rues de Carhaix. Le soir et le dimanche un grand fest noz voit défiler sur scène des noms bien connus du monde culturel breton, venus clairement pour défendre la revendication linguistique bretonne, Y. F. Kemener, G. Servat, Glenmor, Strollad ar Vro Bagan, E.V., etc.

6 mars 1980 : À Quimper, dans le cadre de la mobilisation de Plogoff contre le projet de centrale nucléaire, neuf personnes passent en procès à cause de leur participation à la manifestation du 29 févier. Il y a du monde et beaucoup d’énergie devant le tribunal, la révolte se fait entendre aussi fortement que dans le bourg de la pointe du Raz. Les CRS finissent par charger le rassemblement et les matraques s’élèvent à l’intérieur comme à l’extérieur du tribunal. Le procès est finalement reporté au 17 mars faute de calme. À cette nouvelle date néanmoins, les mêmes causes entraînent les mêmes effets, des affrontement violents éclatent près du tribunal avec au final des blessés et un usage massif de lacrymogène. La violence de la répression policière marque profondément les esprits, elle est dorénavant partout dans cette lutte, dans le village de Plogoff lui même comme dans les actions de soutien comme à Quimper.

6 mars 1979 : Une vaste "Nuit Bleue" est organisée par le FLB-ARB contre l’industrie nucléaire et la répression policière. Ces actions s’inscrivent dans le cadre des luttes populaires de Plogoff et du Pellerin contre des projets de centrales nucléaires. À Paris, une violente explosion a lieu dans la nuit dans une agence EDF. À Brest, une attaque à l’explosif endommage le siège d’EDF et la gendarmerie. À Guingamp, un local EDF saute également. À Lannion, une charge est désamorcée à un local EDF. À Saint-Brieuc un paquet explosif détruit la porte de l’immeuble où se cachent les renseignements généraux. À la suite de trop nombreux attentats dans cette rue, le voisinage lance d’ailleurs une pétition pour réclamer le départ des RG.

29 mars 1913 : Dans le journal anarchiste Les Temps nouveaux, le breton Émile Masson met fin à une polémique de plusieurs mois à propos de la langue et de la question bretonne. Après avoir demandé un soutien de la part du mouvement révolutionnaire français pour lancer une action anarchiste spécifiquement bretonne, de nombreuses critiques lui sont adressées pour expliquer que le breton est une langue de réactionnaires, que la question bretonne n’a pas lieu d’être dans le monde international. Voila un extrait des réponses de Masson : "En vérité, pour un peu vous m’accuseriez d’inventer la Bretagne, et la conscience nationale des Bretons ! Eh bien, à votre aise. Moi, sentinelle avancée, dans ce pays-ci, mon devoir est de vous dire ce que je vois. Après ça, je m’en lave les mains. Or je vois que ce pays-ci constitue une nation distincte, qu’il est acquis d’avance précisément à ceux qui ont la sagesse de le reconnaître comme tel, et qui flattent et exploitent à leur profit sa conscience nationale : aux réactionnaires ! Je vois et je dis que c’est l’unique secret de leur toute-puissance ici ! Et je déclare une dernière fois aux camarades que, s’ils veulent, eux aussi, flatter et exploiter pour nos idées ce sentiment-là, en une génération, ils feront de ce refuge de la réaction l’avant-garde révolutionnaire, car les Bretons sont essentiellement libertaires, et ils tiennent par-dessus tout à leur indépendance morale et économique. Je vois et je déclare que, si ce pays est le refuge de la réaction, c’est la faute même des révolutionnaires, qui n’ont pas su le gagner à eux, et qui même font tout ce qu’ils peuvent pour anéantir en tant que peuple, un peuple essentiellement révolutionnaire, par le seul fait qu’ils lui refusent le droit de parler sa langue."

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