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Harz-Labour n°31 : Covid, complot, travail et confinement

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Considérations sur la pandémie, le confinement, l’hygiénisme et les théories du complot.
Réflexions d’une professeur sur l’ambiance dans les lycées, témoignage d’une résidente en EHPAD à propos de l’isolement.
Analyse du décret de dissolution du CCIF
Recension du dernier ouvrage de Jean-Claude Leroy, extrait d’un article de Bernard Aspe.
Poèmes.

Si autant de surprise, de sidération, d’inquiétude et d’espoir ressortissaient du premier confinement, aujourd’hui, à l’heure du second, c’est bel et bien l’ennui, et lui seul, qui prédomine. À l’inverse de ce que nous avons vécu au printemps dernier, nous n’expérimentons ni l’arrêt du travail, ni la réinvention de la communication et des solidarités dans les quartiers, mais simplement la diminution de l’existence et le repli de chacun sur ses activités professionnelles et familiales.

En dehors des manifestations contre les violences de la police et les mesures liberticides, et notamment contre la loi sécurité globale, il devient de plus en plus difficile de faire l’expérience d’un temps commun, chacun étant renvoyé à une situation de travailleur et de consommateur atomisé. Nous n’en sommes plus à la promesse des jours heureux, mais à la peur du lendemain, au chantage à l’emploi et au recul toujours plus important des libertés.

Les fonctions régaliennes de l’État se voient renforcées, de nouvelles lois sécuritaires sont votées alors même que l’arbitraire croît. Au nom de la liberté d’expression, le gouvernement dissout ou fait taire une association humanitaire musulmane et une association de soutien juridique aux musulmans discriminés. L’État offre des milliards à des entreprises qui annoncent des plans de licenciement tout en versant des dividendes à leurs actionnaires. Ceux qui opposent encore intervention de l’État et libéralisme, état de droit et état d’exception, en sont pour leurs frais.

Alors que la crise est une aubaine pour certaines multinationales, et que les effets d’annonce de Macron sont fréquemment contredits par les faits, croire au complot s’avère parfois confortable. Il n’y a pourtant rien de caché, et c’est en toute lumière que les événements se déroulent. C’est sous nos yeux que les habitats naturels des espèces sont détruits, favorisant l’émergence des zoonoses, ces maladies transmissibles entre les animaux et les êtres humains. Au sein des hôpitaux, le manque de moyens, la réduction des effectifs et du nombre de lits sont dénoncés depuis des décennies par les soignants.

Il n’y a pas de complot, mais seulement des effets de système, et des rapports de pouvoir, tous absolument visibles. En ce qui concerne le mode de gestion des vieux et des improductifs, le contrôle de la population par la stigmatisation des malades et les discours hygiénistes, ils sont eux aussi analysés depuis des décennies, que ce soit dans les écrits de Michel Foucault ou au sein des réflexions menées par ceux qui ont lutté contre le VIH/SIDA. En 1985, Guy Hocquenghem, co-fondateur du Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire, dénonçait déjà « la contagion de la panique, la panique de la contagion, la littérature journalistique qui flatte dans le sens du poil et pousse à l’éclosion d’une idéologie Sam’suffit sécuritaire et hygiénique ignoble ». 

C’est aujourd’hui le pouvoir sur la vie qui s’étend. Comme l’expliquait Foucault dans La volonté de savoir, le pouvoir sur la vie et la gestion de la population sont doubles. Il y a, d’une part, tant par la contrainte au travail que par l’action de la police, le « dressage [de la population], la majoration de ses aptitudes, l’extorsion de ses forces, la croissance parallèle de son utilité et de sa docilité, son intégration à des systèmes de contrôles efficaces et économiques. » ; et d’autre part, le contrôle biologique, c’est-à-dire une gestion gouvernementale de la population visant à établir les manières de la maintenir en vie, et ainsi justifier son contrôle toujours croissant, « un pouvoir dont la plus haute fonction désormais n’est peut-être plus de tuer mais d’investir la vie de part en part ».

Aujourd’hui, alors que les places dans les hôpitaux manquent, il est possible de dire que les logiques gouvernementales de maintien en vie des citoyens se heurtent à la casse du service public commandée par les logiques néo-libérales. Mais nous constatons aussi qu’il rentre dans les fonctions du gouvernement de maintenir en vie une population angoissée, voilà qui paraît bien nouveau. Dans ce contexte, l’affaiblissement des institutions et des lieux de soin renforce la gestion autoritaire de la crise sanitaire. Il n’est donc pas question de minimiser l’ampleur de l’épidémie sous couvert de défense des libertés. Nous sommes confrontés à la fois aux répercussions des réformes néo-libérales dans les hôpitaux et à la gestion autoritaire de la crise sanitaire, aussi devons-nous continuer à défendre une vision collective de la prévention et du soin, prenant appui sur les liens et les solidarités, plutôt que sur la distanciation sociale et la défense de l’économie. Nous n’avons pas besoin de plus de contrôle ou de « transparence », ni de fantasmer sur ce qui serait caché, mais plutôt d’une révolte de masse, d’une insoumission résolue et fertile.

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