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« Macron Repression » : la Maison de la Grève s’exprime

Rennes
Mouvements sociaux Répression - Justice - Prison

Le discours des politiques et des syndicats de police, qui consiste à dire que parmi les manifestants certains sont là pour « se faire du flic », est une opération sur les esprits.

Elle vise à justifier l’armement toujours plus conséquent de la police et à élargir le cadre de son pouvoir. Elle vise à chauffer les esprits de la police et à s’arroger toutes les largesses dans les modalités de traitement des manifestants.

Quand on essaie de nous faire croire que ce sont les manifestations qui oppressent la police, quoi de plus logique qu’ils en arrivent à sortir leurs armes à feu ?

La police joue avec nos vies à chacune de ses interventions, la réciproque n’est pas vraie.

Les faits

Le 27 avril, un événement a marqué la manifestation « ni Le Pen, ni Macron » : au milieu du dispositif policier qui impose son parcours à plus de 2000 personnes, un policier sort son arme à feu et braque la foule. La préfecture qualifie immédiatement le geste de « tempéré » et « modéré », réalisé avec « sang froid ».

Mais l’image dérangeante fait vite le tour d’internet. L’affaire ne pouvait donc pas en rester là : une enquête est ouverte pour « violence avec arme » à l’encontre des manifestants. Le policier qui frôle la bavure est salué pour son professionnalisme et son attitude est assurée légitime. Alors, un mois plus tard, le mardi 30 mai, dans le grand fracas de six perquisitions simultanées, on trouve des agresseurs. Ils sont sept à être identifiés formellement par la police, dont deux mineurs. En fin de journée, ils ne sont déjà plus que six : l’un d’entre eux a eu la chance de pouvoir prouver contre l’enquête de la police qu’il était en formation le jour de la manifestation. Dès le lendemain de l’arrestation, ils sont déférés devant le juge pour une comparution immédiate. Refusant d’être jugés si promptement, les prévenus demandent un délai pour organiser leur défense. Pour cinq d’entre d’eux, le procès est reporté au 21 juin. D’ici là, ils sont placés en détention provisoire.

Lors des manifestations, l’usage de la force par les policiers est considérée comme légitime, justifié et proportionné jusqu’à preuve du contraire. Si un policier sort son arme, c’est qu’il été sauvagement agressé et lui-même menacé par une autre arme : en l’occurrence un « pommeau de douche ». Le policier en question a eu un jour d’interruption temporaire de travail.

Les propos du préfet d’Ille-et-Vilaine fabriquent quasi en instantané la vérité de l’événement : face à la disproportion du geste du policier, il s’agira de ne retenir que son « sang froid ». De la même manière, si un important dispositif policier sécurise le centre-ville les heures qui précèdent les manifestations, c’est que manifester est forcément devenu une affaire de forcenés. Si des « interdictions de séjours » sont largement distribuées avant chaque manifestation, c’est que les personnes qui manifestent ont nécessairement un profil dangereux. La police érige sa propre interprétation de la réalité en une vérité infaillible.

Sortir de la nasse

Or, le fait est que les manifestations à Rennes et ailleurs sont toujours plus encadrées et finissent très souvent encerlées. L’idée est toujours la même : isoler tout ou une partie du cortège pour l’immobiliser, arrêter certains de ses membres ou provoquer sa dispersion au compte-goutte. Dans tous les cas, interdire la tenue de la manifestation. Le 23 avril, le soir du premier tour, une manifestation « ni Le Pen, ni Macron » avait été nassée et des jeunes coincés par la police avaient été frappés dans des cages d’escaliers. Le 27 avril, la police tente à plusieurs reprises de faire bifurquer la manifestation et de la bloquer. Courir sur les motards présents au devant du cortège pour les faire partir devait permettre aux manifestants d’avancer à un bon rythme sans être empêcher d’atteindre les voies ferrées qu’il convenait de bloquer. Un geste qui consiste à chercher de l’air.

Cet air, nul doute que nous n’allons pas le trouver sous Macron. Qui dans cette époque peut espérer respirer par ce côté là de la politique ? On annonce pour l’été les ordonnances de la nouvelle loi Travail. La dernière opération de police sur Rennes nous annonce la couleur : ceux qui cherchent de l’air doivent être écrasés, si possible dans le silence. Le dernier jugement du mercredi 7 juin rendu à l’encontre de manifestants arrêtés le 27 avril nous donne le ton : les deux personnes qui ont témoigné contre la version policière ont été menottées et placées en garde-à-vue à la fin de l’audience pour faux témoignage. Ceux qui veulent témoigner contre la police devront donc se raviser.

Le gouvernement Macron promet de résoudre le problème de l’État d’Urgence devenu permanent. Il le fait à sa manière, inimitable, c’est-à-dire en faisant passer absolument toutes les mesures exceptionnelles dans le droit commun le 21 juin prochain. Le même jour aura lieu à Rennes le procès de ceux sur qui un policier a braqué son arme à feu.

De telles opérations de police constituent des attaques contre le mouvement d’opposition. La Maison de la Grève, lieu politique né à la suite de la lutte contre la réforme des retraites en 2010, participe de ce mouvement en mettant à disposition par et pour ceux qui luttent sa force matérielle précieuse à la contestation. Elle apporte toute sa solidarité à ceux qui dorment aujourd’hui en prison, qui paient actuellement le geste "modéré" d’un policier.

le 12 juin 2017
La Maison de la Grève.

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