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Réactions suite à l’incendie du hangar de l’avenir à la zad

Zad de Notre-Dame-des-Landes
Ecologies - Aménagement du territoire

Voici diverses réactions suite à l’incendie du hangar de l’avenir à la zad et aux campagnes de haine relayées par certains sites et réseaux sociaux.

Photos ici

Zad – Réaction d’habitant.e.s suite à l’incendie au hangar de l’avenir

Au cours de la nuit du 26 au 27 février un incendie allumé volontairement a détruit partiellement un appentis dans le « hangar de l’avenir » sur la ferme de Bellevue. Heureusement, une personne a vu le départ de feu. Les pompiers sont intervenus mais il s’en est fallu de très peu que la charpente principale prenne entièrement feu et que l’ensemble du bâtiment soit détruit. Des personnes vivent et dorment juste à côté dans les espaces contigus et auraient pu se trouver pris dans l’incendie.

Le « hangar de l’avenir » a été construit à la main par des dizaines de charpentières et charpentiers. Il a été levé comme un défi le 8 octobre 2016, au moment où le gouvernement menaçait de venir raser la zad quelques semaines plus tard. Des dizaines de milliers de personnes l’entouraient alors en affirmant qu’elles le protégeraient. Des centaines de main se sont relayées depuis 4 ans au cours de « chantiers écoles » réguliers pour achever petit à petit sa construction. Le « hangar de l’avenir » est un espace qui sert aujourd’hui entre autres à construire des habitats et infrastructures pour les différents habitant.e.s et activités de la zad. Grâce à cet espace, le mouvement maintient aussi une prise en charge collective de la forêt de Rohanne, empêchant ainsi que cette dernière soit réintégrée dans une planification forestière classique.

Alors que nous avons arraché ces lieux aux menaces d’expulsion, ce n’est pas l’État qui a tenté cette fois-ci de détruire les infrastructures communes mais fort probablement des individus animés par de mauvaises fables politiques. Il y a un an, le tractopelle qui servait à réaliser les travaux sur les différents lieux de vie a été incendié. Plus récemment, des véhicules l’ont aussi été juste devant des maisons alors que leurs habitants dormaient. Ce nouvel incendie survient alors que des réseaux sociaux vecteurs de haine diffusent de manière incessante des récits calomnieux sur la zad post-abandon. Depuis quinze jours, les réactions suite aux conflits d’usages (causé par des chiens non tenus, menaces avec arme...) au Rosier sont déformées et montées en épingle en ce sens.

Des espaces comme le site Nantes Indymedia, se sont employés, au cours des dernières années et encore très récemment, à relayer divers appels et commentaires invitant à « brûler la zad » et ses habitant.e.s. Ces « médias » (1) colportent avec un zèle de procureur un récit diabolisant et des mensonges factuels sur de soit-disant « traîtres » et « collabos ». Ceci à propos de personnes qui ont résisté durement sur le terrain face à la répression d’État et ont opté entre les expulsions du printemps 2018 pour une négociation collective - alimentée par un rapport de force constant - afin d’obtenir des baux stables sur les terres, plutôt que de se résoudre à la destruction de l’ensemble des lieux de vie de la zad. Ces personnes ont tout fait pour que le plus de lieux habités soient préservés et pour maintenir une communauté large et hétérogène. Elles ne sont en tout état de cause pas responsables des choix tactiques différents qui n’ont malheureusement pas permis - face aux tanks - de faire réellement obstacle à l’expulsion de certains lieux de vie.

Nous sommes conscient.e.s que la zad est un espace qui a incarné une telle somme d’espoir qu’elle a aussi engendré des déceptions et des douleurs. Mais il est temps aujourd’hui de sortir du binarisme stérile des catégories fantasmées de "légalistes" ou d’"invendus". Les personnes et lieux de vie que des pamphlets appellent à lyncher, attaquant par là tout le mouvement pour l’avenir de la zad, résistent encore aujourd’hui pour continuer à faire de ce territoire un espace de mise en commun face aux destructions du vivant, de solidarité face au monde marchand, d’habitats collectifs autoconstruits et une base de soutien aux luttes. Ce territoire est toujours sous pression mais sans cesser pour autant de déborder des normes dans lesquelles les institutions voudraient l’enserrer. Il suffit de passer un peu de temps sur place pour s’en rendre compte.

Pourtant il apparaît une fois de trop aujourd’hui que certains individus sont animées par un désir de dégradation vengeur et sortent parfois des méandres des réseaux sociaux pour le concrétiser lâchement, en se trompant d’ennemis. Nous sommes profondément affligés, après avoir défendu la zad pendant des années face à Vinci et à l’État, d’avoir à le faire aujourd’hui face au nihilisme de certains individus. Nous sommes atterrés par la complaisance de certains à alimenter de loin des fictions haineuses, avec toutes les conséquences dramatiques que cela peut avoir ici comme dans d’autres combats. Nous voulons pouvoir nous consacrer à nous battre contre les institutions et corporations qui bousillent la terre et enchaînent les vies plutôt que de devoir se protéger de personnes qui s’emploient à saboter les rares possibilités de communauté de vie et de lutte durables.

Nous appelons les multiples personnes et collectifs avec qui nous nous sommes liés dans ce combat et pour qui l’avenir de la zad a toujours un sens à la plus grande attention et au soutien. Nous appelons à continuer à construire un monde désirable sur la zad face à ces nouvelles attaques.

Des habitant.e.s de la zad réuni.e.s suite à l’incendie au hangar de l’avenir.

(1) Il est nécessaire de clarifier à ce sujet le rôle joué par le compte facebook « nonaeroportNotreDamedesLandes / zone à défendre de Notre Dame des Landes ». Ce compte qui cherche à maintenir l’apparence d’un compte « officiel » du mouvement et de la zad est actuellement tenu par une/des personnes qui n’y habitent absolument pas, qui se targuent d’une forme d’impartialité, mais dont le parti-pris malveillant ainsi que la propension à relayer sans aucune vérification mensonges et appels haineux est largement avérée.

Soutien syndical au Hangar de l’avenir

Depuis le monde du travail, nous avons participé à la lutte contre le projet d’aéroport à Notre-Dame des Landes, contre ce monde marchand qui détruit toujours plus la nature et aliène l’humanité.

Nous avons fait le choix de nous organiser collectivement, c’est-à-dire de nous syndiquer, afin de contribuer à ce que notre classe sociale prenne conscience de sa force et de ses capacités à changer ce monde. C’est un choix contre l’individualisme, pour un autre partage des ressources et une première forme d’organisation collective.

L’abandon du projet d’aéroport a été une très belle victoire. Une victoire contre le monde marchand, arrachée grâce à une lutte longue de plusieurs décennies, à de multiples épisodes intenses, divers : manifs, chaînes humaines, grèves de la faim pour certains, occupation de la ZAD, jusqu’aux affrontements directs, en forêt ou à Nantes.

Pour nous, cette victoire n’est qu’une étape vers un nouveau monde, un monde de solidarité, de partage…

Nous connaissons l’employeur Vinci, qui a imposé des cadences infernales et des conditions de travail déplorables à l’aéroport de Nantes-Atlantique depuis sa reprise de la concession début 2011.

Mais Vinci ne détruira pas la zone naturelle et vivante autour de Notre-Dame des Landes ; non Vinci n’exploitera pas de salariée·s sur cet aéroport (qu’ils avaient prévu « moderne », c’est-à-dire largement automatisé). Vinci et l’État ont reculé.

Nous étions souvent des dizaines de milliers, jusqu’à 40 000 un certain 8 octobre 2016, jour de levée de charpente du Hangar de l’avenir, près de la ferme de Bellevue...

Cette victoire a été gagnée ensemble, dans une composition hétéroclite de paysan.ne.s historiques, de zadistes, de naturalistes, de militant.e.s anti-capitalistes, de syndicalistes, de simples citoyen.ne.s, etc. Après l’abandon du projet, des personnes ou associations engagées dans le combat contre le projet d’aéroport se sont en partie désengagées de l’avenir de la zad. Mais, acquise collectivement, c’est collectivement que l’après-victoire se doit d’être assumée.

Or, très rapidement, un clivage est né entre un certain nombre d’habitant.e.s acceptant de négocier avec l’État – afin de préserver la possibilité qu’une partie importante de ces terres reviennent à celles et ceux qui les avaient défendues du bétonnage – et d’autres habitant.e.s refusant ces négociations – faisant fi du déséquilibre des forces. Ce clivage n’a fait que s’accentuer, au fil des rancoeurs et des conflits non résolus.

Nous avions alors fait le choix de ne pas nous exprimer, partant du principe que, de la même manière qu’une grève appartient aux grévistes, une telle lutte sur un territoire aussi vaste appartient à celles et ceux qui y habitent. Cela d’autant plus que le choix d’organisation de vie sur la zad est un choix engageant les habitants 24 heures sur 24. Nous y voyons tous les projets qui s’y développent et l’énergie qui s’y déploie. Nous, qui en tant que salariés subissont souvent des hiérarchies et des contraintes incohérentes, apprécions cette manière de travailler et de faire. D’autre part nous comprenons aussi le fait que des gens puissent vouloir vivre sur la Zad sans avoir de « projet », autre que celui de se tenir loin d’un monde coercitif et inhumain.

Avec le temps, l’équilibre entre ces différentes manières de vivre sur la zone ne tient plus. Qui produit la nourriture et pour qui ? Les chiens peuvent-ils se promener n’importe où ? Que se passe-t-il s’ils effraient les moutons ? Qui décide, qui juge, qui fait respecter les règles ? Se retrouver en législateur, juge ou gendarme : comment accepter ces contradictions ? Et pourtant, il faut bien vivre au quotidien.

C’est dans ce contexte que nous avons appris la tentative de destruction du Hangar de l’avenir de Bellevue.

Nous réprouvons cet acte de vengeance stérile, qui ne peut qu’alimenter une escalade violente, et qui aurait pu se terminer par un drame bien plus grave.

Nous invitons à réfléchir sur le fait que l’on ne vit pas sur des terres extirpées du monde marchand, de la même manière qu’on les a « squatté » hier. Ces terres, issues de la lutte, sont devenues communes aux paysans, aux habitant.e.s de la Zad, aux naturalistes, etc. Elles nécessitent d’être prises en charge collectivement ; c’est l’objet de l’assemblée des usages. Celle-ci joue-t-elle suffisamment son rôle, c’est peut-être une question à se poser. Des conflits non résolus ont probablement été sous-estimés.

Certains veulent rester intransigeants sur la liberté de s’installer où ils veulent, comme cela se passait pendant l’occupation de la zone. Or le contexte a changé, ce qui était possible hier ne l’est plus aujourd’hui, et c’est probablement difficile à vivre pour certain.e.s. (L’histoire fourmille d’autres exemples... pendant la seconde guerre mondiale, les maquis étaient souvent ravitaillés gratuitement par les paysans. Évidemment dès la guerre finie, il devint problématique d’aller se servir dans les champs comme on voulait. Cette vie collective dans les maquis avait aussi laissé des traces et beaucoup de jeunes eurent du mal à reprendre la vie « civile »). Il y a un peu de cela sur la zad.

Construire une autre société, une autre organisation de vie, c’est un sacré défi, autrement plus difficile que de s’opposer à un projet.

Il est urgent de sortir de la nostalgie, des rancoeurs, des déclarations et des actes haineux.

Il y aurait une contradiction fondamentale à ce que ces terres, libérées du monde marchand, soient communes quant à leur régime de propriété, et qu’elles renvoient chacun dans un certain individualisme, un certain « libéralisme »... dans leur mode de gestion.

Nous apportons notre soutien aux habitant.e.s ayant à cœur de prendre en charge ces terres collectivement. Nous réprouvons les propos haineux diffusés sur les réseaux sociaux, et relayés sur des médias sans se soucier des conséquences possibles de ces propos.

A bientôt dans les luttes camarades !

Des syndicalistes ayant participé au Collectif syndical contre l’Aéroport et son monde (nov. 2016 – sept. 2018)

Nantes, le 4 mars 2020

COMMUNIQUÉ DE L’ASSOCIATION NDDL POURSUIVRE ENSEMBLE

NDDL POURSUIVRE ENSEMBLE a appris avec consternation l’inqualifiable atteinte incendiaire du hangar de l’Avenir dans la nuit du 26 au 27 février.

Consternation de voir que les propos haineux diffusés à l’envie sur les réseaux sociaux aient porté leurs fruits.

Quel est le but recherché dans la propagation de ces discours et les appels à « mettre le feu » à la ZAD ?

Quelle funeste idéologie se cache derrière ces procédés ?

Pourquoi cibler le Hangar de l’Avenir alors qu’il est pour nous tou.te.s, qui nous sommes battu.e.s contre l’aéroport, le symbole de la lutte et de la victoire collective ?

Au sein du mouvement, jamais il ne fut question d’exclure celles et ceux qui ne portaient pas de projets mais au contraire lors des diverses assemblées de faire en sorte que chacun.e trouve sa place dans les différents collectifs. Dans l’urgence des fiches à rendre tout a été fait pour que toutes celles et tous ceux qui restaient sur la zone et le souhaitaient soient couvert.e.s par le collectif et pour que l’éradication de la ZAD ne puisse avoir lieu.

Quand nous avons créé notre association NDDL POURSUIVRE ENSEMBLE, nous avions en tête le fait que les habitant.e.s de ce territoire devaient pouvoir poursuivre leur désir de prendre soin des terres qu’iels avaient défendues corps et âme et d’y construire une possibilité, une tentative d’avenir désirable face au désastre écologique, donc sociétal, annoncé.

Pour cela, nous serons toujours du côté de celles et ceux qui dénoncent la société capitaliste et qui proposent des pistes, des possibles, discutés collectivement notamment en assemblée des usages. C’est dans ces réflexions menées en commun, en respectant les diversités d’opinions, que nous devons mobiliser nos forces et nos énergies.

Fait à Notre-Dame des Landes le 2 mars 2020

Le CA de NDDL POURSUIVRE ENSEMBLE

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