« Comités de résistances », « assemblées populaires », « comités d’action », trois noms pour trois variantes de l’expérience d’une démocratie directe éprouvée conjointement par le mouvement révolutionnaire soudanais depuis 2018, les gilets jaunes en 2018 et 2019 et les insurgés du printemps 1968. Ce n’est pas rien que de pouvoir vivre et partager, même pendant un bref instant, la capacité de décider collectivement de nos vies. Ces dernières années, le mouvement des gilets jaunes en France a ébranlé les habitudes du jeu politique et les formes du rapport de force ; par sa capacité de surgissement, par le fait d’assumer un rapport de force qui a fait plier le gouvernement en trois semaines sur la taxe carbone et à fait frissonner de terreur les classes supérieurs, mais aussi, et surtout, par la capacité de réunir quotidiennement et durablement toutes celles et ceux qui d’habitude n’ont pas le droit à la parole politique. En investissant les ronds-points semaine après semaine, ce sont des communautés de vie et de lutte qui se sont formées et qui ont mis en acte le doux mot d’Égalité. Ceci n’est pas aussi spectaculaire que les barricades et les bris de vitrines, alors, à moins d’avoir construits des palais et des merveilles en palette, cette vie des ronds-points ne se dit pas et se montre peu. Pourtant, la politique qui émerge par le bas, et qui ne se justifie pas d’exister, n’en est pas mois une des expériences démocratiques les plus fortes des dernières décennies. Les assemblées de gilets jaunes, comme les comités de résistance soudanais, les comités d’action de 1968, les comités de quartier syriens, les soviets russes de 1905 ou les occupations d’usine de 1936 ont ceci en commun que, simplement en agissant quotidiennement, ils vidaient les pouvoir centraux de leur substance et siphonnaient le poids du pouvoir sur nos quotidiens. Par leurs seules existences, ils montrent en creux la vanité du jeu politicien, la capture de la capacité à décider et la possibilité d’une solidarité populaire qui n’attend rien de l’État.
Il ne reste plus pour nous que souhaiter que réapparaisse un tel maillage de comités au ras de la vie, et participer à leur déploiement et leur essaimage. Depuis la fin de cet été déjà, ils émergent sous la forme d’une multitude d’assemblées locales. Pourvu que celles-ci construisent les citadelles amies et mettent à bas tous les rouages des catastrophes capitalistes et fascistes en cours.
VIES LONGUES AUX ASSEMBLÉES !
VIES BELLES À CELLES ET CEUX QUI LES FONT !
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