Ce texte a été écrit pour expliquer notre point de vue sur une certaine culture présente à gauche, et surtout les pratiques qui y sont liées. Cette culture est problématique car elle véhicule en son sein un classisme camouflé derrière un vernis révolutionnaire. Le texte n’a pas pour but d’attaquer des individus, mais d’expliquer ce que nous avons pu expérimenter et observer dans nos vies militantes. Comme les questions liées au genre ou à la race, qui sont fondamentales pour voir advenir plus de progrès social, nous nous questionnons sur les enjeux de classe, et le classisme qui en découlent. Car la lutte des classes n’est pas qu’entre nous et Jeff Bezos : elle s’infiltre de plus en plus dans notre propre monde militant.
La gauche morale cherche à transformer l’individu, et non plus la société. Or c’est l’inverse qu’il faut viser : changer la société pour changer l’individu.
Le contrôle social par le langage
Le premier organe de contrôle de la gauche morale est le langage, c’est-à-dire la rhétorique, l’argumentation et les éléments de langage.
Cette gauche morale impose des jugements de valeurs sur ce que les gens disent ou pensent, sans plus chercher à comprendre les éléments systémiques qui expliquent pourquoi et comment les gens pensent et s’expriment de cette manière. Les mots « putain », « enculé », « cassos » ne seront pas acceptés car ils seront pris au premier degré. Il n’y a aucune prise de recul sur des mots qui peuvent être exprimés par simple ponctuation, par réflexe malheureux ou par facilité de langage, dire « putain » ne signifie pas forcément que l’on méprise les femmes ou « enculé » ne signifie pas forcément qu’on soit homophobe.
Ces mots ne sont pour autant pas neutres, et leur usage doit être bien sûr combattu : ils propagent une banalisation d’une culture oppressive ; mais la manière dont est géré ce problème relève plus de l’ordre du contrôle moral que d’un réel désir de pédagogie envers les personnes « non-déconstruites ». Nous avons tou.tes pu vivre des situations où nous nous demandions si les reproches et remarques qui nous étaient faites venaient réellement d’une volonté révolutionnaire ou bien plutôt d’une volonté de contrôle sur le groupe et certaines personnes.
Si l’on veut faire disparaître les mots ou phrases connotées de manière oppressive, il faut faire disparaître l’oppression : « enculé » ou « putain » n’ont de sens que dans une société patriarcale, et « cassos » que dans une société capitaliste. Reprocher aux gens d’être le résultat de leur environnement et de s’exprimer ainsi, c’est le mépris de classe classique de la gauche morale, une gauche qui choisit de se focaliser sur l’individu et non plus sur une compréhension des inégalités et du conditionnement qui traversent les individus.
Réprimander systématiquement les individus qui ne s’expriment pas « bien » en les moralisant montre bien que la gauche morale, est bien plus capable de mettre en place une culture de la bien-pensance que de s’attaquer à la transformation des institutions et de la société qui l’entoure. Encore une fois, un groupe social en position de faiblesse, comme le prolétariat, subit, en plus de la moralisation par la bourgeoisie de droite (valeur travail, assistanat, etc), une moralisation par la gauche petite bourgeoise. Sous prétexte de libérer, on contrôle.
Pourquoi s’obstiner dans cette « stratégie » qui est tout autant méprisante que bien souvent inefficace ? C’est qu’une partie de cette gauche morale n’a pas intérêt à ce que l’on gagne, mais à ce que le statu quo persiste pour sauvegarder sa petite position, de la même manière que les bureaucrates des syndicats ne souhaitent pas réellement une révolution prolétarienne, qui les ramènerait au simple statut de travailleur.
Il est important de préciser et rappeler que cette gauche morale est petite bourgeoise. Sa maîtrise du langage qu’elle utilise pour dominer lui vient de son éducation, tant familiale que scolaire.
Elle joue le rôle de l’encadrement moral des masses et surtout des milieux militants. Non seulement elle ne lutte pas contre la culture bourgeoise dominante, elle en est même son prolongement ! Elle n’est au final que le contre-maître, le cadre, le bureaucrate de la culture dominante à l’échelle des partis, des collectifs militants, des organisations, des mouvements de luttes. Un réel changement social détruirait l’ascendance morale de cette gauche, car nous savons bien que ce ne seront pas elleux qui la feront, la révolution, mais plutôt celleux qu’iels méprisent et cherchent à contrôler.
Pour conclure sur le langage, nous citerons Clément Viktorovitch : « la rhétorique et l’argumentation sont des armes de domination. Elles le sont parce qu’elles sont maîtrisées par une minorité, mais utilisées sur tout le monde. [ ] La rhétorique enseignée à tout le monde devient non plus une arme de domination, mais un outil émancipateur ». Il ne tient qu’à la gauche morale de jouer un rôle réellement progressiste, d’appliquer ce programme et de donner aux dominé.es non pas des reproches mais les outils de leur libération.
La gauche morale sur la question de l’identité, et de notre identité bretonne
Quand on prétend incarner la morale, il faut soi-même être irréprochable.
Dans le cas inverse, le message est perçu comme trompeur et de mauvaise foi, ce qu’il est souvent… Et ce message contribue à la montée de l’extrême droite, car la population, méprisée par cette gauche morale, se sent abandonnée et se replie sur les bases culturelles, qui sont souvent tout ce qui leur reste. Et c’est sur ce terreau identitaire populaire, désertée par cette gauche morale, que l’extrême droite prospère.
A la problématique de l’extrême droite, une de nos réponses doit être identitaire, mais d’une identité ouverte et solidaire, n’ayant pas honte de ses racines, prête à accueillir, car, vivante et ancrée, elle ne se sent pas menacée. Une identité qui vit et qui prospère est une identité qui se mélange, qui se nourrit de ce qui la transperce, mais elle reste, que la gauche morale le veuille ou non, une identité.
Une des identités que propose parfois la gauche morale en opposition aux autres est celle du citoyen « du monde ». Cette culture « du monde » que véhicule certain.es membres de la gauche morale n’accepte en définitive que les cultures vues comme suffisamment « exotiques », qui se voient ainsi essentialisées de façon raciste, repoussant toutes les autres identités populaires locales, comme celle de la Bretagne, comme des nationalismes oppressifs en puissance. Il serait bon que la gauche morale comprenne que les cultures populaires à travers le monde ont bien plus en commun entre elles qu’elles n’en auront jamais avec l’identité que la gauche morale véhicule.
Cette identité « bricolée » est surtout pétrie de mépris de classe car elle sous-entend que le prolétariat, qui est coincé de par sa condition économique et culturelle, n’est pas capable d’embrasser cette culture du monde, et est donc condamné à une errance culturelle dans une identité de plouc, beauf et raciste. Une nouvelle fois un nouveau reproche au prolétariat et un nouvel outil de domination pour la gauche morale.
Une culture du citoyen du monde ne peut satisfaire, et ne l’a jamais fait, la population d’un territoire. De plus, à y regarder de plus près, cette culture n’est pas une culture, elle est simplement le résultat d’une destruction de toute forme d’identité, notamment par l’Etat français, que la gauche morale peine à supporter. Cette gauche morale n’a pas d’identité, ce sont les enfants du vide. Somme toute, malgré tout son mépris, il est certain qu’une partie de cette gauche morale doit jalouser l’identité vivante et spontanée qui persiste chez les prolétaires blancs ainsi que chez les racisé.es (avec lesquel.les iels peinent aussi à se connecter). Les identités « autochtones » des métropoles, blanches, les fascinent autant qu’elles les dégoûtent.
Et pourtant, décentraliser, relocaliser le pouvoir autour de pays historiquement unis et cohérents, c’est redonner une identité aux gens.
Une réelle identité, une fierté, construite non sur de l’idéologie ou du fantasme mais sur du vécu commun. Quand on est à l’aise dans son identité vivante et enracinée, on accepte et on intègre plus facilement l’autre et la différence, car l’on ne ressent la peur de perdre cette identité.
L’extrême droite joue justement sur cette perte d’identité, à laquelle la gauche morale contribue lourdement en proposant une identité mondialisée et aseptisée. L’extrême droite propose en réponse aux disparitions des cultures ouvrières, rurales ou « régionales » (nous rejetons ce terme mais nous l’utilisons ici par souci de compréhension) une nouvelle identité, une nouvelle fierté à celleux qui n’en ont plus : l’identité nationaliste française, avec toutes les horreurs qui en découlent. Il nous faut, partout où cela est encore possible et avant que cette identité française ne s’ancre définitivement, riposter sur le plan identitaire. Mais notre riposte identitaire doit tout autant viser à déconstruire notre identité française que notre identité bourgeoise mondialisée, souvent portée par la gauche morale.
Nous avons la chance en Bretagne d’avoir une culture vibrante, locale et bien ancrée et nous pensons que c’est elle qui fait, ou du moins a fait barrage à l’extrême droite dans notre pays. Et c’est pour cela qu’elle doit être entretenue, soutenue, et non attaquée ou méprisée comme le fait la gauche morale, qui se retrouve ainsi complice du nationalisme français qu’elle prétend combattre. Cette gauche morale, porteuse d’une mission civilisatrice vis-à-vis des minorités, remplit le rôle autrefois attribué aux instituteur.ices de la IIIe République, les fameux « hussards noirs de la république ». Si notre culture bretonne s’effondrait et que la population devenait effectivement réactionnaire et identitaire par peur du vide, la gauche morale pourrait enfin s’exclamer « on vous l’avait bien dit ! ». La gauche morale qui attaque nos cultures, en Bretagne comme ailleurs dans l’Etat français (Kanaky, Corse, Alsace, Pays Basque, Gens du Voyage, etc), doit voir ses méthodes de domination et ses normes de classe combattues dans nos milieux de luttes.
Notre identité bretonne n’est pas bourgeoise, aristocratique ou réactionnaire.
Elle ne véhicule pas plus en son sein l’oppression que l’émancipation. Cette identité n’est pas le résultat d’une éducation nationale, cette identité est le résultat d’une reconnaissance populaire : « la Bretagne n’a pas de papiers, elle n’existe que si à chaque génération [et ajoutons : à chaque immigration], des hommes et des femmes se reconnaissent Breton.nes. A cette heure, des enfants naissent [et des personnes arrivent] en Bretagne. Seront-ils Breton.nes ? A chacun, le moment venu, la découverte ou l’ignorance ».
La rencontre avec l’identité bretonne ne se fait pas dans un cadre scolaire ou institutionnel, elle se fait à travers les festoù-noz, les langues de Bretagne : le Gallo et le Breton, les chants, un ancien du village, un jeune issu d’une filière bilingue ou bien de Diwan, à travers tout un imaginaire. Comme le disait Xavier Grall, écrivain et poète breton : « on ne naît pas breton, on le devient, à l’écoute du vent, du chant des branches, du chant des hommes et de la mer ». La culture bretonne ne vit et ne survit que grâce aux personnes vivant en Bretagne, et cela malgré la domination culturelle de l’Etat et de la bourgeoisie.
Et si cette identité peut parfois s’exprimer à travers un simple Gwenn-ha-Du (drapeau breton) ou bien des bibelots « celtiques » vendus en magasin, c’est parce les Breton.nes, en tant que minorité dans l’Etat français, n’ont malheureusement souvent pas d’autres choix que de s’exprimer via des moyens reconnus par tou.tes : des symboles nationaux et de la consommation. Mais de la même manière que certain.es Gilets Jaunes s’exprimaient à travers un tricolore ou en chantant la Marseillaise, iels ne le faisaient pas dans une logique d’oppression mais bien d’émancipation.
Le rôle des révolutionnaires et la culture des classes populaires : la trahison ?
Pour qu’une culture populaire fonctionne, soit saine, vivante et face barrage à l’extrême droite, il faut que les gens aient le sentiment de maîtriser les enjeux de leur société et de leurs institutions. La gauche morale a peur de laisser s’exprimer les gens, elle ne pense pas ni ne souhaite pas mettre en place une démocratie réellement participative, comme des conventions citoyenne qui se questionnerait directement, de manière autonome, sans encadrement politico-moral, sur différentes problématiques, comme la places des médias dans la société et leur centralisation, les salaires, la sécurité sociale, comme aussi l’idée de généraliser la pratique des citoyens tirés au sort pour contrôler l’action des institutions.
Ces « révolutions » institutionnelles ferait perdre à la gauche morale toutes ses positions de domination politico-culturelle : plus besoin de représentants cultivés de la gauche, formés aux rouages de la politique, face à l’autonomie des classes populaires, plus besoin de petits bourgeois dans le monde militant qui prétendent résoudre les problèmes moraux des gens à l’aide d’interminables réunions « démocratiques » qui font fuir toutes et tous. Tout cela pourrait être une réponse aux aspirations des derniers mouvement sociaux, comme les Gilets Jaunes ou le mouvement contre la réforme des retraites. L’idéal de gauche doit venir des classes populaires, pas des élites (chefs de parti, philosophes, universitaires, militant.es dominant.es, toute sorte de cadres moraux petits bourgeois) : les gens n’ont pas attendu de lire des livres pour se questionner sur les rapports de domination qu’iels subissent, la prise de la Bastille ou les lois sociales de la Commune de Paris n’ont pas été faites par les enfants déclassés de la petite bourgeoisie de gauche en quête de sens.
Les Gilets Jaunes n’ont pas attendu un signal de la part des organisations de gauche, radicale ou non, qui ont d’ailleurs été parmi les plus surprises par le mouvement car incapables de comprendre comment fonctionne un peuple, une identité ou une lutte populaire. Les Gilets Jaunes rejetaient instinctivement les partis, organisations, et petits bourgeois de gauche moralisateurs qui s’infiltraient dans leur lutte pour mieux la contrôler, à raison.
Cette gauche morale, qu’elle soit partisane, électoraliste, ou d’extrême gauche « révolutionnaire », a immédiatement craché sur ce mouvement populaire, et n’a dû s’arrêter que face à l’écrasante popularité du mouvement, et face à son efficacité notamment après qu’il a prouvé qu’il était dans l’histoire récente le seul capable de mettre le feu aux Champs Élysées ou d’incendier une préfecture. Les classes populaires n’attendent pas des militants petits bourgeois les outils de la révolution, elles les ont et la feront elles-mêmes, la révolution.
Le rôle des révolutionnaires et la culture des classes populaires : du soutien !
Même si nous pensons que la révolution viendra des classes populaires, nous reconnaissons qu’un individu issu de ces classes pourra très bien avoir intégré cette culture petite bourgeoise moraliste, car une partie certainement non négligeable des classes populaires n’ont pas ou plus de culture territoriale ou de classe. Perte des langues locales, remembrement, exode rural, chômage de masse, délocalisation, sont autant d’événements qui ont détruit les cultures populaires et leur tissu social. Elles sont donc en recherche d’identité, d’une culture commune de groupe à même de les intégrer dans la société.
La culture petite bourgeoise de gauche a parfois été cette culture, car elle porte des valeurs d’égalité que les classes populaires partagent à la base, et elle permet aussi de gravir l’échelle sociale et culturelle, de sortir du vide culturel laissé par le capitalisme. Nous serions mal placé.es de reprocher cela aux prolétaires en quête de survie, quand, parmi les auteur.rices de ce texte, nombreux.ses sont celleux qui ont fait des études, accédant souvent malgré elleux à la culture petite bourgeoise de gauche, culture tant vénérée qu’au final détestée.
Mais, à l’inverse des petits bourgeois de gauche en déclassement que nous retrouvons dans nos milieux militants, nous tentons de déconstruire ce qui nous été inculqué malgré nous, afin de nous reconnecter avec notre culture propre, dans notre cas bretonne, populaire et en lutte. Nous ne tentons pas d’imposer à notre classe, à l’inverse de nos « camarades » de gauche, la culture petite bourgeoise « supérieurement morale » que nous avons acquise. La petite bourgeoisie de gauche a toujours récupéré les rênes de l’idéal révolutionnaire et du progrès social, et refuse de les laisser aux mains des classes populaires qui pourtant les ont gagnés. Elle y impose ses codes de classe et y sert la culture de sa base sociale (professeurs, fonctionnaires, cadres, médecins, ingénieur.e, architecte, etc) qui pensent que le progrès social viendra uniquement de leur classe (qui exprime et pense les « bonnes » choses).
Parfois sous couvert « d’alternatif » ou de « tiers lieu », elle se fait simplement porteuse de la culture mondialisée libérale, sous sa variante alternative mais qui porte fondamentalement la même valeur : la domination par la culture et l’appropriation des luttes, évoluant parfois jusqu’à des pratiques qui, sous couvert d’écologie, d’autonomie et de « safe », s’apparente plus à la frange « cool et déconstruite » du capitalisme qu’à autre chose. Nous, qui souhaitons (ré)incarner une autre gauche, refusons cela.
Que faire ?
Où est le débat à gauche sur les questions culturelles ?
Sur les questions identitaires ? Sur les questions d’autogestions des classes populaires ? Au final, sur tout ce qui touche au commun, au collectif ?
Nulle part.
Selon la gauche morale, le débat doit tourner autour du bien-être individuel et non collectif. La gauche morale prêche et rabat pourtant à grands mots le collectif, mais la déconstruction individuelle comme outil pour changer la société occupe tout le débat. Pourtant, preuve même de sa totale inoffensivité pour le système, tout ce discours a pu complètement être incorporé dans les techniques de communications capitalistes contemporaines (green-washing, pink-washing, etc).
Le petit bourgeois moraliste devient un commissaire politique contrôlant et réprimant la parole des individus sur leur fond moral sans pour autant contribuer à leur libération, le tout pour garder son petit pouvoir. Iel ne cherche pas à faire société ou communauté, iel cherche à l’adapter pour satisfaire son individualité. Et l’individualisme est un luxe que ne peuvent s’offrir les classes populaires, dont la survie quotidienne dépend du collectif, du communautaire, de l’identité.
Si l’on veut réellement et sincèrement répondre aux problématiques de domination liée au genre, à la race ou à la nationalité dans notre société, il va falloir questionner cette domination culturelle de classe que certains militants de gauche transportent dans leurs bagages.
Il va falloir comprendre les identités populaires, s’organiser, vivre et travailler avec les gens dont la culture est enracinée, qui seront les membres de nos communautés, nos voisin.es, nos ami.es, est non pas s’enfermer dans un entre-soi fondé sur une domination culturelle et un mépris de classe.
Il va falloir se mélanger aux autres, composer, faire société, investir les associations de parents d’élèves, les conseils communaux, les comités des fêtes, le milieu associatif (populaire et non « alternatif »), ce sont des lieux où s’organise concrètement la vie, des lieux où nous toucherons les gens en apportant et non en rejetant ou en épuisant.
C’est seulement là que nous pousserons réellement la société vers plus de progrès social, sans moralisme ou bien-pensance, autour d’enjeux communs.
Le collectif Dispac’h

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