Il est énarque (personne n’est parfait), il a été le "plus jeune préfet de France", a fait ses classes dans le monde de l’entreprise chez EDF. Puis il a embrassé une carrière politique dans le sillage d’un Nicolas Sarkozy alors au faîte de sa gloire. Il intègre son cabinet au ministère de l’Intérieur en 2004, le suit à l’Économie puis à la présidence de l’UMP et enfin dans sa campagne victorieuse de 2007. Il se fait alors parachuter chez Martin Bouygues, l’ami du patron, où il manque de prendre la tête de TF1 en raison d’une malencontreuse défaite aux élections présidentielles de 2012. Ses compétences acquises à la tête de la régie publicitaire du marchand de "temps de cerveau disponible" [1] le désignent pour accéder à la direction de Facebook France, même si lui-même ne disposait pas de compte personnel sur le réseau social trois mois auparavant. Technophile modéré, il conseille à sa propre famille de limiter le temps passé sur smartphone, tout en encourageant le reste des 33 millions d’utilisateurs français de Facebook a alimenter toujours plus leur profil. Il est ensuite promu responsable de Facebook Europe du Sud où il doit maintenant également se préoccuper des cerveaux italiens, portugais et espagnols.
En tant que directeur adjoint de la campagne présidentielle de 2007, il a déclaré : "La réalité n’a aucune importance, il n’y a que la perception qui compte". La maxime s’adapte parfaitement à son nouveau métier.
Un de ses prédécesseurs à un poste à responsabilité chez Facebook a récemment livré ses remords et la clé du succès du réseau social : « La réflexion qui a porté la création de ces applications - et Facebook fut la première de celles-ci… - était : comment consommer autant de temps et d’attention que possible ? […] Nous vous donnons donc une sorte de petite décharge de dopamine de temps en temps parce que quelqu’un a aimé ou commenté une publication ou une photo. Et c’est cela qui va faire que vous allez produire plus de contenu, parce qu’ils vont vous apporter… toujours plus de like et de commentaires. »
Les médias du monde entier, et de France en particulier, en panne de business model, restent ébahis devant tant de clairvoyance. Alors ils signent les uns après les autres des "partenariats" avec la firme californienne. À grand renfort de millions de dollars, Facebook achète du contenu au Monde, au Figaro, à TF1, au Parisien, à Brut, à RTL, à Europe 1 (et bientôt à Ouest-France ?), et leur promet leur dose de clic. La dépendance des "journalistes" envers le géant du web est de plus en plus forte, sur le plan des finances comme des canaux de diffusion. Petit à petit, Mark Zukerberg et ses acolytes rendent un peu plus réel leur rêve de remplacer internet et de maîtriser la plus grosse part de ce qui circule sur la toile. Et les médias en question sont soudain bien timorés quand il s’agit de critiquer leur ogre "partenaire", sur l’"optimisation fiscale" ou les questions de vie privée, par exemple...
M. Solly et son brushing impeccable interviendront sur la table ronde "Réseaux sociaux : aide ou obstacle au vivre ensemble ?". Le débat devrait faire rage, puisqu’il partagera le micro avec la directrice exécutive d’Orange et une sociologue du nom de Dagnaud dont le dernier livre loue le "modèle californien" et son "esprit collaboratif" [2].
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