information par et pour les luttes, Rennes et sa région

Grain de sable dans le muguet, la mâche et le béton

Nantes
Ecologies - Aménagement du territoire

Dimanche 11 juin à l’appel de nombreuses associations et divers collectifs, nous avons suivi le chemin d’un grain de sable de Loire vers Nantes. L’idée était de dénoncer les carrières, l’accaparement des terres et privatisation de l’eau.
No Bassaran No Sablaran !

  • Debunkage - Pourquoi viser l’agro-industrie nantaise - précisions sur les actions menées et réponse à Olivier Véran

    Le lobby agro-industriel inonde les médias de sa complainte pour dénoncer le remplacement du muguet industriel et une poignée de plants expérimentaux non destinées à l’alimentation, par un semis de sarrasin bio. Comme d’habitude, le gouvernement complice reprend mot pour mot sa propagande. Mais pour qui prend le temps de s’intéresser un tant soit peu aux faits et d’enquêter derrière les piteuses tentatives de greewashing, il apparaît que :

    • les industriels du légumes nantais visés par ces actions sont responsables de divers empoisonnements récents aux pesticides comme le metam-sodium
    • les serres visées à Pont-saint-Martin dimanche sont bien encore l’objet d’expérimentations sur des pesticides cancérigènes selon l’ANSES comme le métobromuron. Elles visent à maintenir le même modèle et à renforcer l’acceptabilité des pesticides en prétendant réduire leur usage plutôt que de permettre leur interdiction.
    • ces serres sont majoritairement ensablées et destinées à ce type de cultures plutôt qu’à de quelconques "sols vivants".
    • ces industriels chef d’entreprise à la main d’oeuvre exploitée, n’ont rien d’"agriculteurs".
    • ils sont par contre bel et bien responsables de l’accroissement ravageur de la production de sable et de la consommation d’eau pour des productions non vivières ou tournées vers l’exportation.
    • ils ont été récemment condamné pour leur surplus de rejets toxiques dans l’atmosphère, notamment sur leurs cultures de concombres.
    • la collusion de certains dirigeants des maraîchers nantais avec l’industrie du sable est avérée. Le président de la maison des maraîchers Mr Torlasco a par exemple occupé pendant 11 ans le poste de secrtaire régional de l’UNICEM - union national des industries de carrière et matériaux de construction.
    • ils s’accaparent main dans la main avec l’industrie du sable des terres transformées en mer de plastique et serres chauffées, et tuent ainsi les autres formes d’agriculture paysanne dans le département. En Loire-Atlantique, les surfaces dédiées à l’agro-industrie légumière ont augmenté de 24% entre 2010 et 2021. Le paysage de bocage et de polyculture élevage qui a caractérisé pendant des siècles le terroir du Pays-de-Retz est remplacé par un désert agro-industriel ultra-spécialisé qui ravage la mosaïque de prairies et de cultures de la campagne nantaise. Si c’est cela la terre qu’aime Olivier Véran, c’est bien le signe qu’il n’a aucune culture paysanne ! Il semble manifestement confondre la terre et le sable. 1 ha de mâche, c’est jusqu’à 30 tonnes de sables par hectare chaque année ! Ensabler la terre, drainer les parcelles, araser les haies, c’est – structurellement – une artificialisation massive des sols. Oui nous préfèrons le sarrasin biologique aux champs de muguets de Vinet et aux expérimentations du lobby agro-industriel.

    La conclusion est qu’il est bel et bien grand temps de désarmer ces industriels et de changer de modèles si l’on souhaite sauver les sols, les nappes phréatiques et soutenir réellement l’agriculture.

    Vous trouverez , juste dessous, un rétablissement minimal de la vérité dans le document d’enquête sur la "fédération des maraîchers" avec un ensemble de faits et de chiffres ici. Nous recommandons vivement sa lecture à qui s’intéresse à la parole des paysans dont les fermes sont mises en péril par les industriels et pas seulement à celles de directeurs d’entreprise dont les intérêts ne sont autres que leurs profits. Nous conseillons également celle de la tribune ou les paysans expliquent leurs gestes.

    Notre enquête détaillée sur les ravages des industries du sable et du légume dans le 44, et sur leurs expérimentations.

    Pourquoi désarmer l’agro-industrie nantaise ?

    Précisions sur les enjeux de la journée du 11 juin

    Dimanche dernier, nous étions plus nombreux-ses que jamais à rejoindre les convois du sable pour protester contre l’extension des carrières de sable, et du « maraîchage » industriel en Loire-Atlantique.

    A cette occasion, quatre actions ont été menées :

    1 - remplacer du muguet de la société Vinet par un semis de sarrasin bio, assorti d’un démontage du système d’irrigation.

    2 – remplacer les cultures expérimentales par un semis de sarrasin bio dans les tunnels expérimentaux de Pont Saint Martin, également assorti d’un démontage du système d’irrigation.

    3 - couper l’eau de la centrale à béton de l’entreprise BHR.

    4 – murer le siège de Nantes Métropole en terre paille.

    Ces actions, visaient à retracer le parcours d’un grain de sable et à faire monter d’un cran le rapport de force face aux carrières et à l’agro-industrie nantaise. Si nos actions contre le bétonnage sont chaque jour plus comprises, en revanche celle contre l’agro-industrie sont plus complexe à expliquer. Il faut dire que le lobby agro-industriel a arrosé tweeter les médias dominants de ses mensonges. Pourtant, elles ont été pensées avec et pour les paysan-nes en lutte du secteur. Face à la propagande mensongère du lobby de la « Fédération des Maraîchers Nantais », il convient de rétablir quelques vérités sur cette industrie mortifère.

    Historiquement, le maraîchage désigne, selon le dictionnaire de l’Académie française, « la culture jardinière de légumes ». Étymologiquement, il renvoie aux marais, un écosystème de zone humide de plus en plus menacé d’une part par le bétonnage métropolitain et d’autre part par le drainage et l’ensablement des terres par l’agro-industrie. Le terme désigne une culture diversifiée et à taille humaine. Ne nous y trompons pas : les lobbys industriels qui se prétendent aujourd’hui « maraîchers » sont en vérité la branche légumière de l’agro-industrie. C’est pourquoi, dans le reste de ce document, nous ne les désignerons plus par le noble terme de maraîchers, que nous réservons à l’agriculture paysanne et à la culture jardinière de légumes de saison.

    a – Petite Histoire de l’industrie nantaise de la mâche

    b- Extractivisme et agro-industrie : l’ensablement des terres

    c – L’accaparement des terres et de l’empoisonnement de l’eau

    d – Une industrie écocidaire

    e - Pourquoi remplacer le muguet de Vinet par des semences paysannes ?

    f- Pourquoi désarmer les expérimentations du CDDM ?

    a – Petite Histoire de l’industrie nantaise de la mâche :

    L’extension métropolitaine a bétonné irréversiblement la ceinture verte nourricière qui contribuait à l’autonomie alimentaire de la ville. Au maraîchage paysan diversifié s’est substitué une filière agro-industrielle principalement concentrée au Sud de la Loire. Le paysage de bocage et de polyculture élevage qui caractérisait pendant des siècles le terroir du Pays-de-Retz, est progressivement remplacé par un désert agro-industriel ultra-spécialisé qui ravage la mosaïque de prairies et de cultures de la campagne nantaise. Une mer de sable, de serres chauffées et de bâches plastiques. Un désert.

    A Nantes, la culture intensive de la mâche n’a rien de traditionnel contrairement à la fable que nous vendent les communicants de l’agro-alimentaire. Elle ne s’est véritablement imposée comme culture dominante qu’à l’orée des années 1990 avec l’effondrement du prix de la carotte. En 2006, le bassin nantais produisait 88% des 36000 tonnes de mâche produite en France ! La moitié de cette mâche est destinée à l’export (1). Selon le recensement agricole de 2010 la mâche occupait 4500 ha de terres agricoles rien que dans l’aire urbaine nantaise.

    Il y a quelque chose d’absurde et de profondément anti-paysan dans le projet industriel de faire manger partout et à tout le monde la même mâche nantaise, alors que des milliers de variétés locales de salades pourraient être cultivées localement pour répondre aux besoins des habitants. L’uniformisation industrielle, c’est le contraire de la diversité paysanne. En Loire Atlantique, parmi les industriels légumiers « 20-25 % sont même aujourd’hui en monoculture de mâche ; cette dernière est la production principale de tous (hors serristes). » (2) Au nom de quelle logique absurde 50 % de la mâche européenne doit-elle être produite à Nantes ?

    b- Extractivisme et agro-industrie : l’ensablement des terres.

    Cette extension de l’agro-industrie légumière a des conséquences agronomiques structurelles sur le terroir nantais. Originellement la mâche poussait de manière sauvage entre les rangs de vignes. Aujourd’hui elle conduit à un ensablement généralisé des sols en Sud-Loire. Pour répondre au cahier des charges de commercialisation, pour faciliter la sur-mécanisation des travaux, les industriels la cultivent sur sable comme désormais toutes les cultures standardisées de légumes.

    L’industrie de la mâche est un vortex extractiviste. 1 ha de mâche, c’est jusqu’à 30 tonnes de sables par hectare chaque année (3) ! Ainsi, pour cultiver les 4500 ha de mâche du bassin nantais, il faut donc extraire 135000 tonnes de sable par an ! 30 % du sable de la carrière GSM est destiné à l’agro-industrie de l’aveu même de la direction. Le coût du sable est principalement déterminé par son prix de transport. Ainsi quand une carrière de sable s’installe, les grosses sociétés de l’industrie légumière font main basse sur toutes les terres alentours, pour les ensabler et les convertir en champs de cultures intensives.

    Les deux industries (branche légumière de l’agro-industrie et BTP) sont liées par une alliance systémique. En Loire-Atlantique, Emmanuel Torlasco en est la cheville ouvrière. Il est aujourd’hui directeur de la Maison des Maraîchers Nantais. Ce dernier a occupé pendant 11 ans le poste de secrétaire général régional (Pays de la Loire) de l’Union Nationale des Industries de Carrières et Matériaux de Construction (UNICEM). (4) Il dirige l’institution qui chapeaute et finance le centre expérimental qui a été visé par l’une des actions collectives du dimanche 11 juin à Pont Saint Martin.

    Aujourd’hui, l’usage du sable est généralisé à toute la branche légumière du système agro-indsutriel. Ensabler la terre, drainer les parcelles, araser les haies, c’est – structurellement – une artificialisation massive des sols. Il faut absolument décorréler la production de sable de celle des légumes : l’une est renouvelable, l’autre est une ressource finie en voie d’épuisement. L’extraction du sable est un désastre écologique pour les nappes et la biodiversité. L’agro-industrie également. Il existe d’autres moyens d’assurer notre autonomie alimentaire et nos besoins en habitat : l’agriculture paysanne et l’éco-construction. Il existe des usages pertinents et viables du sable et de la terre, aux antipodes de la voracité de l’industrie agro-alimentaire et du BTP. C’est elles qui doivent faire l’objet de développement et d’expérimentations tandis que l’industrie doit ralentir si nous voulons préserver l’habitabilité de la planète.

    A l’échelle mondiale, c’est 50 milliards de tonnes de sable et de gravier qui sont extraits tous les ans - de quoi construire un mur de 35 mètres de hauteur sur 35 mètres de large le long de l’équateur. Il s’agit de la deuxième ressource la plus utilisée au monde après l’eau. Selon les auteurs du rapport du PNUE« Le sable doit être considéré comme une ressource stratégique, non seulement en tant que matériau de construction, mais en raison des multiples rôles qu’il revêt pour l’environnement ».

    Le sable joue un rôle crucial pour les écosystèmes côtiers et marins, mais aussi pour ceux des rivières. Son extraction accélère l’érosion et provoque la perte de protection contre les ondes de tempête, qui sont hélas amenées à se multiplier avec le réchauffement climatique). Aujourd’hui si 70 % des plages du monde sont en recul, on le doit à la surexploitation du sable (5). Il est prélevé de terre dans des carrières, aspiré par des dragues au fond de l’océan, ou raclé à la pelle mécanique dans les rivières et sur le littoral. Autant de méthodes qui affectent la qualité de l’eau – en augmentant la turbidité par exemple – de l’air et du sol et qui bouleversent paysages et écosystèmes. L’exploitation du sable est l’une des illustrations les plus éloquentes du capitalocène. Le capitalisme extractivisme est bel et bien une force géologique. L’extraction de sable affecte le fonctionnement hydrologique des cours d’eau, la morphologie des côtes et des courants marins, érode les sols et le littoral.

    L’extraction effrenée du sable a également un fort impact sur la biodiversité, puisque le sable est un élément essentiel de l’habitat et des lieux de reproduction d’une faune et d’une flore diversifiées. Mais les conséquences de cette fuite en avant sont aussi humaines et sociales, avec par exemple l’explosion du trafic de sable en Inde (6) ou encore au Maroc (7).

    Cette ressource met des millénaires à se constituer, et ses stocks finis atteignent des seuils critiques et sont annonciateurs d’une pénurie. (8) Prendre au sérieux ce constat, c’est ralentir l’extraction de sable et cesser d’étendre les carrières. D’où l’exigence exprimée dimanche 11 juin par les convois du sable : un moratoire départemental sur l’extension des carrières. Fermer le robinet du sable, c’est la seule solution pour sérieusement développer les alternatives au béton dans la construction, mais aussi pour arrêter immédiatement d’utiliser cette ressource pour produire des légumes industriels. Les paysan-ne-s maraîchers n’ont pas besoin de mettre du sable dans la terre pour la cultiver et en vivre !

    C – L’accaparement des terres et l’empoisonnement de l’eau :

    En Loire-Atlantique, les surfaces dédiées à l’agro-industrie légumière ont augmenté de 24% entre 2010 et 2021. Cet accaparement foncier concentre les terres aux mains de quelques grosses sociétés qui contournent les régulations foncières. La cupidité de ces acteurs sociétaires fait augmenter considérablement le prix du foncier. « Le prix du terrain ils n’en ont rien à faire, ils sont prêts à mettre 4 à 5 fois le prix tant qu’ils ont un accès à l’eau » constate le coordinateur de France Nature Environnement Pays de la Loire. (9)

    Ces sociétés font main basse sur les fermes en élevage dont les exploitants prennent leur retraite via des rachats de parts sociales pour passer sous les radars de la SAFER (10) et de la CDOA (11). Comme ce fut encore récemment le cas à la Chevrolière sur une ferme d’élevage. Plusieurs maires des communes du Sud-Loire ont déploré cet accaparement des terres par l’agro-industrie légumière. Ce qui s’est passé sur la commune de la Chevrolière est emblématique de cette dynamique d’accaparement. Le maire désirait racheter pour le compte de la commune 300 hectares de terres. Le levier municipal constitue l’un des espoirs politiques pour sortir les terres des mains du complexes agro-industriels, peser sur la transmission et l’installation agricole en prenant en compte les enjeux écologiques et ceux des habitants. L’objectif de la mairie était notamment de préserver par cet achat l’étang et la ressource en eau. Elle était appuyé par plusieurs collectivités territoriales. Mais la SAFER, aux mains de la FNSEA, a préféré vendre les terres à une grosse exploitation industrielle de légumes. (12) Non seulement le complexe agro-industriel fait main basse sur les terres, mais en plus il s’organise comme une mafia pour méthodiquement saboter toutes les initiatives porteuses d’une autre politique foncière.

    Concernant l’eau, sur la Communauté de communes de Grand Lieu, la quantité d’eau consommée en un an par l’irrigation (au moins 2,6 millions de m³ en 2021) est très largement supérieure à la consommation d’eau des 41000 habitants du territoire. (13) L’an dernier, la nappe de Machecoul a atteint son niveau historique le plus bas, mais la société Vinet continuait d’arroser son muguet, et l’agro-industrie continuait de réclamer et d’obtenir des dérogations à tour de bras. Mais en plus d’accaparer l’eau, ils sont en train de l’empoisonner.

    d – Une industrie écocidaire et anti-sociale :

    La nappe de Machecoul, à l’image de bien d’autres, est empoisonnée par l’agro-industrie. Les consommateurs boivent quotidiennement une eau chargée en nitrates et en pesticides. Les concentrations mesurées sont certes inférieures aux normes actuellement en vigueur. Mais on ne dispose pas d’assez de recul pour évaluer sérieusement les impacts sanitaires au long cours d’une consommation quotidienne de pesticides dans l’eau potable. Par ailleurs, il y a régulièrement des dépassements de taux. En 2019, pendant 79 jours les taux de metolachlore - un herbicide cancérigène - dans l’eau ont été dépassés sans engendrer de restrictions d’usage ni même d’information des consommateurs. (14)

    Ces dépassements mesurés par l’ARS ne sont en vérité que la partie émergée de l’iceberg. Les déclarations récentes de Mickaël Derangeon, en charge de la sécurité sanitaire de la nappe de Machecoul, font tout simplement froid dans le dos. Cette commune de Loire Atlantique est réputée pour la très forte concentration de l’agro-industrie nantaise du légume. Il alerte sur l’extrême difficulté à mesurer l’ampleur réelle de la pollution aux pesticides :

    « On a recherché sur un large spectre de plus de 4000 polluants. Parmi eux, 35 % sont d’origine industrielle, 28 % d’origine agricole et 26 % d’origine pharmaceutique. On retrouve en majorité des pesticides d’origine agricole. Dans la plupart des cas, on est dans l’impasse technique. Pour la plupart des molécules, on n’a pas la capacité d’aller rechercher les métabolites ou les pesticides. Par exemple, pour le S-métolachlore, ce n’est qu’en 2016 qu’on a pu rechercher techniquement ses métabolites. On va essayer d’identifier par la spectrométrie de masse. Il reste des polluants dans l’eau, en quantités infimes, notamment des herbicides et des antifongiques. On a identifié 33 molécules dans l’eau de Machecoul en sortie de production, sachant que celle-ci est diluée ensuite avec l’eau traitée à Basse-Goulaine. On n’a pu réellement n’en identifier que sept, mais on sait que les 24 autres sont présentes. Ces molécules peuvent être d’origine naturelle, mais elles peuvent aussi être des polluants. Parmi les antifongiques, on trouve le métalaxyl qui peut servir dans l’enrobage des graines, ou encore le carbendazim. On retrouve des métabolites de la terbuthylazine, un herbicide qu’on demande de ne plus utiliser. » (15)

    Le plus glaçant dans cette déclaration c’est la politique publique qui consiste à prendre l’eau polluée de Machecoul – dont la contamination inquiète les experts - pour la diluer dans l’eau de la nappe de Basse-Goulaine afin de noyer le poisson, ou plutôt de diluer le poison.

    Quand l’agro-industrie nantaise déplore l’arrachage de quelques cultures et parle de saccage, il faut bien remettre cela en perspective avec le ravage qu’elle perpétue quotidiennement en silence, dont l’empoisonnement de l’eau n’est que l’un des aspects !

    Le Comité Départemental pour le Développement du Maraîchage (CDDM) rassemble les producteurs industriel de légumes à Nantes. Il ne s’agit pas de petits exploitants comme sa communication médiatique tend à nous le faire croire depuis qu’il a été pris pour cible par les Soulèvements de la Terre, la tête dans le Sable et les paysan-nes du secteur. Les chiffres de son site ne sont pas à jour, mais sont sans équivoque quant à la nature de la production nantaise :

    Cultures sous serres

    • Tomate 81 Ha dont 70 Ha chauffés – 37 000 tonnes, 5% de la production française
    • Concombre : 43 Ha dont 37 Ha chauffés – 20 000 tonnes, 25% de la production française, 1ére région Française pour la production précoce.

    Cultures de plein champ ou abris froids

    • Mâche : 30 000 tonnes 85 % de la production nationale 50% de la production européenne
    • Poireau de primeur (été-automne) : 19 000 tonnes
    • Radis : 18 millions de bottes
    • Muguet : 150 Ha, 80 % de la production nationale

    source : https://www.cddm.fr/page/le-mara%C3%AEchage-en-loire-atlantique

    On relève d’emblée la prééminence des serres chauffées qui sont une aberration écologique totale, pour produire des légumes contre-saison. Selon l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), la consommation énergétique moyenne des serres était de 327 kWh/m² en Bretagne. Toujours selon l’ADEME : une tomate produite sous serre chauffée émettrait, avec 2,2 kilos de CO2 pour un kilo de tomates, sept fois plus de gaz à effet de serre qu’une tomate produite en France en saison et près de quatre fois plus qu’une tomate importée d’Espagne. A l’heure d’une accélération quasi irréversible du réchauffement climatique, ce type de culture aberrante devrait être purement et simplement banni. Mais tout au contraire, il se banalise.

    Le puissant lobby agro-industriel a même réussi à faire accepter l’attribution du label bio à des cultures sous serres chauffées ! (16) Alors même que le règlement européen de la bio inclut le respect de la saisonnalité des légumes, les industriels s’évertuent à tordre le droit à grands renforts de dérogations. Alors que le marché de l’agriculture biologique est en rétractation, l’introduction de telles pratiques a pour double effet de décrédibiliser le label et de permettre à des grosses sociétés de voler des parts de marché aux petits paysan-nes. L’industrialisation du label bio est un danger pour l’agriculture paysanne.

    L’agro-industrie nantaise du légume est une agriculture fossile, énergivore, qui par la mécanisation à outrance et la prolifération des serres chauffées émet énormément de CO2, alors même que des milliers de paysan-nes-maraîchers prouvent tous les jours par leur travail patient qu’il est possible de produire autrement. Cultiver de la mâche sur plastique et sous plastique, pour ensuite l’emballer dans du plastique pour la vendre en supermarché est une pratique d’une autre époque.

    Mais la CDDM n’est pas qu’un accélérateur du réchauffement climatique, c’est aussi une entreprise d’empoisonnement. Le 23 mai 2023, l’entreprise Pirmaloire a été condamnée pour avoir intoxiqué 18 personnes au metam-sodium en 2018. Ce pesticide avait été interdit par certains pays d’Europe dès 2009 ! Mais l’agro-industrie légumière a continué de l’utiliser en toute impunité. Il aura fallu attendre l’intoxication de 61 ouvriers-ères agricoles le 28 septembre 2018, puis celle de 70 autres ouvrier-ères trois jours après à quelques kilomètres du premier drame pour que les pouvoirs publics finissent par enfin réagir. Selon la secrétaire nationale de France Nature Environnement, Florence Denier-Pasquier, ce produit est « plus dangereux encore que le glyphosate ».

    Selon un chercheur interrogé après l’intoxication : « c’est un poison, un couteau suisse pour stériliser le sol. Sur la même molécule, vous avez un tue-vers, un fongicide [contre les champignons], un désherbant et un antiparasitaire, développe Bernard Jégou, chercheur à l’Inserm, directeur de l’Irset (Institut de recherche en santé, environnement et travail) et directeur de la recherche à l’école des hautes études en santé publique. Tout ce qu’il rencontre succombe" ». (17)

    Et devinez à quoi sert ce produit toxique épandu ? A cultiver de la mâche. Et celle de qui ? De la fameuse « fédération des maraîchers nantais » ! Mais pas d’inquiétude, « "ce qui est important, c’est que dans votre barquette de mâche, vous n’ayez que de la mâche, belle et appétente. Et pour cela, il faut une préparation des sols", justifie Antoine Thiberge, directeur de la Fédération des Maraîchers nantais, à laquelle appartient la société Primaloire, mise en cause dans les intoxications de Brain-sur-l’Authion. »

    Ne nous y trompons pas, les patrons des grosses sociétés agricoles ne mettent pas la main dans la terre, c’est leurs ouvriers-ères qui travaillent et produisent la richesse, c’est leurs ouvriers-ères qui sont empoisonnés par leur choix techniques absurdes. Et la plupart sont eux mêmes des paysans en exil chassés de leur terres par les conséquences de l’exploitation capitaliste et coloniale du tiers-monde.

    Pour Régis Chevallier, qu’importe la santé des ouvriers-ères pour lesquels il n’a pas un mot, qu’importe la biodiversité et empoisonnement de la population, il regrette surtout « d’avoir dû jeter beaucoup de mâche » après l’interdiction et d’être contraint à « tester en urgence des nouvelles méthodes de désherbage. » (18) Ce qui importe à Régis Chevallier, c’est seulement la bonne santé de sa SCEA (19) et de ses finances ! Il aurait pourtant pu se soucier avant des dangers du metam-sodium puisqu’en en 2011, 12 États membres de l’union européenne l’avaient déjà interdit. Comme tous les autres poids lourds du secteur, il s’est seulement soucié d’empêcher son interdiction en France.

    En réalité, ce produit est dans le collimateur de l’ASEA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) depuis 2007. Mais le lobby agro-chimique dispose d’un tel pouvoir d’inertie qu’aujourd’hui encore son interdiction en France n’est que temporaire ! L’agence avait pourtant pointé de nombreux risques pour la biodiversité, pour la santé humaine, et pour l’atmosphère. (20)

    Le metam-sodium a fait scandale, mais l’agro-industrie légumière utilise un nombre considérable de produits comme celui-ci. On parle beaucoup des néonicotinoides, mais il y en a tant d’autres, particulièrement utilisés par l’agro-industrie légumière nantaise : qui connaît le métabromuron, le dazomet, le napropamide ? Qu’apprendra-t-on demain sur l’impact de ces produits ? Des molécules nouvelles sont sans cesse mises sur le marché et épandues dans la terre et l’eau. Hélas, ce n’est que des années plus tard qu’on en mesurera les effets dévastateurs. Entre 2019 et 2020, des centaines de poissons ont été retrouvés morts dans un canal à Saint Jean de Courcelles à cause d’un produit utilisé pour le blanchiment des serres. Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour sortir de ce modèle dévastateur ?

    Les lobbystes affiliés à la FNSEA en font des tonnes sur tweeter et dans les médias pour condamner les quelques dégradations réversibles commises par les manifestant-e-s du convoi du sable. Mais le vrai scandale ce n’est pas quelques salades ou brins du muguet arrachés, c’est leur mode de production qui ravage chaque jour le monde ! S’ils se scandalisent c’est parce qu’ils sont habitués à la complaisance de l’État, mais l’action de ce week-end marque notre volonté de ne plus les laisser faire. D’agir ensemble maintenant sans attendre que Marc Fesneau et les autres marionnettes politiques de la FNSEA. Les politiciens démontrent chaque jour un peu plus leur complicité criminelle avec le complexe agro-industriel.

    e- Pourquoi remplacer le muguet de Vinet par des semences paysannes ?

    Comme indiqué par le CDDM, le muguet occupe une place importante dans l’agro-industrie nantaise. 80 % de la production nationale est concentrée en Loire-Atlantique. Ce n’est pas une culture alimentaire mais elle est pourtant gourmande en pesticides et en eau. L’année dernière, alors que la nappe était au plus bas, les producteurs de muguet ont obtenu une dérogation pour continuer de l’arroser.

    La communication de la Fédération des Maraichers Nantais peut bien en faire des tonnes sur les infractions des manifestant-e-s et leur impunité supposée, mais il est plus que temps de dévoiler au grand jour la leur. Vinet est un bon exemple des malversations de ce secteur : c’est un criminel climatique et un exploiteur social.

    En 2017, il est condamné pour « tromperie sur la marchandise » après avoir vendu en 2014 800 000 concombres hollandais sertis du label « made in France ». En 2019, un rapport de contrôle des rejets atmosphériques a mis en évidence les dépassements des valeurs limites d’émission applicables à la chaudière-bois utilisée pour chauffer 17ha de serres. Dans ces rejets, les inspecteurs notent également des poussières de dioxines/furanes, des résidus de plombs etc. En 2021, il est condamné pour « destruction non autorisée d’une espèce animale protégée » après avoir arraché sans autorisation 430 mètres de haies, en avril 2020, en pleine période de nidification.

    En 2021 toujours, la préfecture de Vendée a autorisé la destruction des habitats de la grenouille verte et du triton palmé (espèces protégées) en raison du prétendu « intérêt public majeur » de la construction de serres à Commequiers. Le tribunal administratif a ensuite cassé cet arrêté… mais trop tard, les serres étaient déjà construites et les espèces détruites ! Pour couronner le tout , le ministre de la transition écologique a volé au secours de Vinet en sollicitant l’annulation de la décision du tribunal administratif. Comme quoi, difficile d’empêcher un chantier sans lutte de terrain.

    Si les condamnations de Vinet pour violation des réglementations environnementales sont multiples, les conditions d’exploitations déplorables de ces saisonniers qui ne suscitent aucune réaction judiciaire. On doit cette absence de plainte à l’odieux chantage au titre de séjour que subissent ses ouvriers-ères. A grand renfort de dérogations au droit du travail, Vinet exploite des centaines d’ouvrier-ères agricoles. Comme bien d’autres patrons du légumes industriels nantais, il leur impose des cadences infernales, les exposent à des produits chimiques et les soumet à des règles quasi-esclavagistes : « interdiction de parler, obligation de rester à genoux »… A la fin du mois, Vinet récupère un loyer sur le salaire de ces ouvriers, puisqu’il leur loue des dortoirs à 10-15 places comme un vulgaire marchand de sommeil. (21) Et bien évidement, bien qu’ayant des contrat de travail identique, les femmes sont moins payées que les hommes. (22)

    Pour toutes ces raisons, et pour marquer notre volonté de substituer à cette agro-industrie néfaste qui exploite les hommes et les femmes et ravage le vivant, nous avons remplacé le muguet de Vinet par du sarrasin bio.

    f- Pourquoi désarmer les expérimentations du CDDM ?

    Le rôle principal de la fédération des maraîchers nantais et du CDDM est d’accompagner les exploitants nantais dans leur modèle anti-écologique et anti-social amplement décrit ci-avant. Son rôle de conseil technique est indispensable à la perpétuation de ce modèle agro-industriel. Le CDDM mène également des expérimentations, sous serres chauffées notamment. Financés en partie avec de l’argent public, il mène plusieurs programmes expérimentaux sur des sites dédiés.

    A titre d’exemple, deux programmes emblématiques de la logique de cette institution :

    • son programme « Concombre sous serre en conduite fil haut » a un objectif sans équivoque : « L’objectif est de permettre aux producteurs de la région Pays de la Loire de maintenir leur haut niveau de compétitivité et de se positionner comme territoire d’innovations concernant cette culture spécifique au niveau européen en étant les précurseurs en termes d’éclairage et d’usage des modèles » En bref, il s’agit d’optimiser l’usage de la lumière artificielle et la maîtrise des conditions climatiques sous serres chauffées pour exporter plus de concombres. (23)
    • son programme « desarm » a lui aussi un objectif clair, qui n’a rien à voir avec celui de nourrir les habitants de Loire-Atlantique : « Avec l’arrêt de l’autorisation du métam-sodium, les producteurs se retrouvent démunis face à la concurrence des pays limitrophes tels qu’Espagne, Italie, Portugal qui ne sont pas concernés par ces interdictions, ou qui les autorisent via les systèmes des Autorisations de Mise sur le Marché pour faire face aux situations d’urgence (AMM 120 jours). » Il est donc urgent de trouver une alternative pour persévérer dans le même modèle, de remplacer la « désinfection chimique » par la « désinfection thermique » des sols. Et donc pourquoi pas « désinfecter le sol » avec « des automates à vapeur technique » ?

    Structurellement, le CDDM est acteur de la mal-adapatation au changement climatique. A cet égard, le remplacement du désherbage chimique par le désherbage thermique est un exemple criant. Cette technique énergivore, utilisée à une échelle industrielle n’est pas écologiquement viable. Elle génère de très fortes émissions de Gazs à Effet de Serres. En effet, la consommation de gasoil de ces appareils est très gourmande : « Pour une désinfection de surface (10 cm) avec des cloches ou coffres, il est de 5 à 10 minutes pour une consommation moyenne en gas-oil de 0,5 à 1 l/m². Une désinfection profonde avec des bâches nécessite un temps moyen de 3 heures pour une consommation de 2 l/m². » (24) Donc pour un hectare (10 000 m²), la consommation peut varier entre 5000 L et 20 000 L/ha. Un rapport sur le sujet conclut : « La désinfection du sol à la vapeur demeure une méthode coûteuse aussi bien en énergie qu’en main d’œuvre. Elle doit rester la mesure ultime. » L’explosion des coûts de l’énergie remet en cause la viablitié économique de cette méthode.

    Structurellement c’est l’ensemble de la filière mâche qui est prise au piège de la mal-adapatation au changement climatique comme le constataient déjà en 2021 les patrons du secteur : « les coûts des intrants indispensables à la culture de la mâche ont fortement augmenté ces derniers mois : + 10 % sur le prix du sable, + 45 % sur les engrais, + 50 % sur le tarif des bobines de film plastique, selon la filière. Sans compter que le coût du gaz et du carburant a aussi grimpé. ‘‘C’est du jamais vu. Nos marges sont désormais extrêmement réduites’’, s’alarme Régis Chevallier. ‘‘On arrive à un trop-plein’’, confirme Laurent Bergé, président d’Océane, principale coopérative légumière du bassin nantais. ‘‘Les producteurs ne peuvent plus absorber à eux seuls ces surcoûts. Il faut trouver une solution sinon on ne pourra plus sortir de mâche.’’ Comme si cela ne suffisait pas, l’interdiction des emballages plastiques et des élastiques au 1er janvier 2022 entraînera des frais supplémentaires de conditionnement jugés ‘‘importants’’ ». (25)

    La véritable solution réside dans une rupture de modèle. Les paysans maraîchers du département n’ont pas attendu les expérimentations du CDDM pour cultiver sur sol vivant. Ils se passent d’ores et déjà d’un sable inutile à la culture maraîchère véritable. L’argent mis dans ces expérimentations qui visent à réduire l’usage du sable, des pesticides et des fongicides, devrait être immédiatement utilisé pour installer des fermes maraîchères en lieu et place de l’agro-industrie légumière. Les maraîchers bio ont construit depuis plusieurs décennies des modèles agro-écologiques qui sont économiquement viables et pourvoyeurs d’emplois. Ce n’est pas en maintenant une industrie spécialisée, sur-mécanisée et orientée vers l’export, que l’on répondra aux enjeux écologiques et sociaux de l’époque.

    Mais plutôt que d’engager cette transformation structurelle, l’agro-industrie pratique le verdissement. Elle créé un label Haute Valeur Environnementale si peu restrictif que 60 % des exploitations actuelles du CDDM peuvent y prétendre sans transformer leurs pratiques tout en faisant croire aux consommateurs que leurs productions sont bonnes pour la santé et l’environnement. Elle crée un label « zéro résidus de pesticides » qui ne veut rien dire et dont chaque exploitation peut sortir et rentrer à tout moment pour continuer à pratiquer les traitements et ensuite revendre les légumes traités.

    Rappelons que ce que motive ces expérimentations c’est bien de rester compétitif sur le marché agricole mondial, et de renforcer l’acceptabilité sociale d’une industrie nuisible. Dans la serre expérimentale de Pont Saint Martin, la majorité de la surface n’était pas du sol vivant, mais bel et bien une terre ensablée ! Or, l’enjeu n’est pas de réduire le sable, mais de le supprimer. Nul besoin d’un site d’expérimentation pour cela, une étude des fermes paysannes existantes en maraîchage suffit à le démontrer. Mais celles-ci ne sont pas industrielles, ni compétitives pour l’export, et donc pas intéressantes pour l’agro-industrie légumière.

    L’expérimentation sur site est emblématique de la logique uniformisante de l’industrie standardisé. Chaque paysan-ne vous dira que chaque terroir, chaque sol est unique. Que les méthodes culturales, les dates de semis répondent à un expérience singulière patiemment accumulée, à une attention sensible à une somme de signes, à une forme vernaculaire de symbiose avec son milieu. Les véritables innovations agro-écologiques émanent des groupes de travail et de partage d’expériences entre paysans qui partagent autour de leurs pratiques. Elles ne viendront pas d’un site d’expérimentation piloté par les grands patrons de l’agro-industrie légumière.

    Au centre expérimental de Pont Saint Martin, l’exemple le plus emblématique de la mal-adaptation au réchauffement climatique est un programme que les lobbyistes de la Fédération ne mettent -bizarrement ! - pas du tout en avant. Dans la serre ciblée par les manifestant-e-s, il y avait bel et bien une surface significative en mâche industrielle avec l’usage d’un pesticides : le Fresco. Un herbicide produit par BELCIM, et notamment destiné à la mâche plein champs et sous abri.

    La molécule active de cet herbicide est le métobromuron, avec une concentration de 400 g/l. (26) Voici sa classification de dangerosité selon l’ANSES : C2 Cancérogénicité - Catégorie 2 ; C2 Toxicité spécifique pour certains organes cibles après une exposition répétée - Catégorie 2 ; TAC1 : Dangers pour le milieu aquatique - Danger aigu, catégorie 1 ; TCC1 : Dangers pour le milieu aquatique - Danger chronique, catégorie 1. (27)

    Mais c’est quoi au juste le métobromuron ? C’est du C9H11O2N2Br. Un biocide, destructeur pour les algues et les abeilles. Mais selon l’INERIS (28), il n’existe tout simplement « pas de donnée disponible » sur son impact sanitaire ! (29)Le produit est pourtant bien reconnu comme un polluant par l’État puisque soumis à « la redevance pour pollution diffuse » instituée par le code de l’environnement. (30)

    La recherche du CDDM, dans le cadre du programme écophyto consiste « à réduire les doses employées ». Combien faudra-t-il de scandales comme celui du metam-sodium pour que cette industrie cesse de nous empoisonner à petit feu ? Les expérimentations de réduction d’emploi d’herbicides de fongicides ou de pesticides visent au fond à rétablir l’acceptabilité sociale de ces produits toxiques pour en maintenir l’usage. L’utilité sociale et écologique de ce programme est nulle. Il vise seulement à repousser la perspective d’une interdiction des pesticides, des herbicides et des fongicides, en arguant de la réduction des doses.

    En prenant pour cible ce centre d’expérimentation, les manifestant-e-s ne visent pas les salariés du site. Ils s’organisent pour désarmer une infrastructure stratégique pour l’avenir d’une filière et d’une industrie qui nous empoisonne et cherche à se perpétuer par le verdissement, alors même que sa vocation est d‘être démantelée pour restituer la terre aux usages paysans.

    Ce geste assorti du désherbage du muguet de Vinet, et des deux autres actions contre le bétonnage de la métropole est en pleine cohérence avec les objectfis de la lutte des manifestant-e-s du convoi du sable : stopper l’extension des carrières de sable et du maraîchage industriel.

    Notes

    1 source : https://www.entreprise-nantes.fr/mache-nantaise-les-maraichers-menaces-par-le-pret-a-consommer/

    2 Source : Valérie Jousseaume and Christine Margetic, Autre légume. Autre Lieu. La maĉhe dans le bassin maraîcher nantais (https://journals.openedition.org/mediterranee/84#tocto1n2)

    3 Source : https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/260523/pres-de-nantes-et-d-angers-l-insatiable-appetit-de-terres-des-maraichers-industriels

    4 Source : Loire-Atlantique – Les Maraîchers nantais recrutent un nouveau directeur, Loire-Atlantique Agricole 21/11/2022

    5 Source : https://theconversation.com/le-sable-une-ressource-essentielle-en-voie-de-disparition-122094

    6 Une émission de radio France sur le trafic de sable en Inde : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/secrets-d-info/trafic-de-sable-en-inde-un-terrain-mine-pour-les-journalistes-1658556

    7 Un reportage d’Arte sur la razzia de sable au Maroc : https://www.arte.tv/fr/videos/100095-000-A/maroc-razzia-sur-le-sable/

    8 source : Rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement

    source : Rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/38362/sand_sustainability.pdf?sequence=3&isAllowed=y

    9 Source : Près de Nantes et d’Angers, l’insatiable appétit de terres des maraîchers industriels, Médiacités 22/05/2023

    10 SAFER : Société d’Amménagement Foncier et d’Etablissement Rural. Organisme paritaire chargé de la régulation des achats et ventes de terres agricoles.

    11 CDOA : Commission d’Orientation et d’Attribution des Terres. Attribue sur critères de priorisation des autorisations d’exploiter, préalable nécessaire à la signature de baux de fermages sur des terres agricoles.

    12 Source : https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/un-maire-sinsurge-en-loire-atlantique-toujours-plus-de-terre-pour-quelques-societes-maraicheres-5d55d740-c4ae-11ed-93d7-4c4cd65beb9c

    13 Sources : bnpe.eaufrance.fr, cieau.com et insee.fr.

    14 Source : Agence Régionale de Santé : https://www.atlantic-eau.fr/sites/default/files/2020-09/retz_machecoul.pdf

    15 source : https://actu.fr/pays-de-la-loire/machecoul-saint-meme_44087/loire-atlantique-une-trentaine-de-polluants-insaisissables-dans-leau-dune-nappe-phreatique_58175311.html

    16 source : https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/11/les-serres-chauffees-autorisees-sous-conditions-dans-l-agriculture-bio_5488240_3234.html.

    17 source : https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/enquete-franceinfo-un-poison-une-kalachnikov-inquietudes-autour-du-metam-sodium-le-pesticide-qui-a-intoxique-70-personnes-dans-le-maine-et-loire_2990059.html

    18 source : https://www.20minutes.fr/nantes/3180795-20211125-nantes-intenable-specialite-convoitee-mache-pique-nouveau-crise

    19 Société civile d’exploitation agricole : forme sociétaire prisée par

    20 voir le résumé de l’avis https://archive.wikiwix.com/cache/index2.phpurl=http%3A%2F%2Fwww.efsa.europa.eu%2Ffr%2Fefsajournal%2Fpub%2F2334#federation=archive.wikiwix.com&tab=url

    21 Source : témoignages anonymes des travailleurs-euses et membres d’associations qui viennent en aide aux migrants.

    22 source : article 20 minutes du 12 mai 2006.

    23 Source : https://www.cddm.fr/system/files/fichiers/pages/bienvenue/resume-conserfilo-3705.pdf

    24 Source : https://geco.ecophytopic.fr/concept/-/concept/voir/http%253a%252f%252fwww%252egeco%252eecophytopic%252efr%252fgeco%252fConcept%252fDesinfection_A_La_Vapeur ou encore Plantes, Agroscope Fiche technique | N° 34 / 2016 La désinfection du sol à la vapeur, auteurs : Céline Gilli, Vicent Michel.

    25 source : https://www.20minutes.fr/nantes/3180795-20211125-nantes-intenable-specialite-convoitee-mache-pique-nouveau-crise

    26 source : https://belchim.fr/producten/fresco/

    27 source : https://ephy.anses.fr/ppp/fresco

    28 Institut National de l’Environnement Industiel et des Risques

    29 source : https://substances.ineris.fr/fr/substance/pdf/1238

    30 source : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000046829534

Sous le soleil et dans la joie, une dizaine de tracteurs, des centaines de vélos partaient de Saint-Colomban pour rejoindre Nantes. En chemin, les éco-terroristes ont arraché quelques muguets d’une grosse exploitation et des salades d’une serre expérimentale. Ces cultures industrielles, muguet et mâche poussent dans du sable de carrière à l’aide de traitements chimiques et le sable est renouvelé chaque année. Ces sociétés accaparent les terres et l’eau au détriment des paysans locaux. Des graines paysannes de sarrasin ont été semées sous la surveillance des GM et d’un hélicoptère.
Plus loin, des éco-terroristes ont coupé l’alimentation en eau d’une centrale à béton, encouragé.es par une batucada déchainée.
La tracto-vélo est arrivée à Nantes, accueillie par les vivas des manifestant.es d’un second convoi venu de Héric. Puis nous avons fait la jonction avec les employé.es de l’hôpital qui protestent contre la création d’un nouveau CHU : la métropole investit dans du béton au détriment d’investissements dans la santé. Le béton nécessite beaucoup de sable or la carrière d’extraction de sable crée un grand trou qui sera comblé par les débris de l’ancien hôpital, débris qui pollueront la nappe phréatique. Un bel exemple d’économie "circulaire" !
En fin la dernière action fut la construction d’un mur en terre-paille pour boucher l’entrée du bâtiment de Nantes-métropole.
Un grand merci à la cantine et aux deux remorques de nourriture et de boissons qui nous ont données tant de forces pour pédaler au retour, retour "protégé" par les GM.

L’ "Oeil au beurre noir" pour les photos et "Galette salée" pour le texte.

P.-S.

Les paysans du convoi du sable expliquent les actions menées contre le maraîchage industriel dans le texte sous le lien :

Résistance paysanne au maraîchage industriel

Debunkage - Pourquoi viser l’agro-industrie nantaise - précisions sur les actions menées et réponse à Olivier Véran

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