Cher François Hollande,

Comme nous sommes heureux de te savoir de retour à Rennes, dans les locaux du journal Ouest-France ! Toutes les personnes de gauche ne peuvent que te remercier pour tout ce que tu as fait au cours de toutes ces années pendant lesquelles tu as été président de la République française. En effet, tu n’as pas ménagé ta peine ! Combien nous te sommes redevables ! Nous ne serons jamais assez nombreuses et nombreux dans les locaux exigus de Ouest-France ¬ lundi 18 novembre à 16H45 ¬ pour t’exprimer toute notre gratitude, notre infinie reconnaissance.

Sur notre lit de mort, un jour, nous nous souviendrons, encore émus, de tout ce que François Hollande a fait pour la gauche ! Et alors notre dernière pensée sera pour cet homme d’apparence bonhomme et ordinaire qui a su mener son camp vers des horizons inouïs et neufs. Nous pourrons à peine nous remémorer tout ce que tu as accompli. Par où commencerons-nous ?

Nous nous souviendrons de la loi Travail qui a permis de flexibiliser la vie des salariés et de l’adapter à la modernité. Bien entendu, cela ne s’est pas fait facilement et il a fallu faire appel à la troupe, casser des gueules, casser des bras, crever des yeux, envoyer les récalcitrants, nombreux, se faire recoudre à l’hosto. Mais ta main n’a pas tremblé et de mémoire de gauche cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu un héritier de Jaurès faire preuve d’autant de détermination pour flexibiliser et adapter à la modernité ce qui devait être flexibilisé et adapté ; et ce quel qu’en soit le coût humain et matériel.

Aujourd’hui, nous nous rendons bien compte qu’il était important de flexibiliser et d’adapter comme tu l’as fait. Dans quel triste monde évoluerions-nous aujourd’hui si celui-ci n’avait pas été flexibilisé et adapté aux lois de l’économie et du bon sens ?

Nous nous souviendrons aussi avec émotion, au moment de quitter ce monde, de tous ces hommes politiques que tu as lancés comme un imprésario généreux lance des carrières. Les noms sont nombreux et la gauche n’a pas assez de mains pour les applaudir : Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault, Bernard Cazeneuve et Emmanuel Macron brillent au firmament de ces militants de l’émancipation et de l’égalité entrés par la petite porte avant d’embrasser un destin plus grand.

Comme ils ont su nous surprendre, remettre en cause nos certitudes, casser notre boussole politique ! Si la gauche n’a pas le monopole du cœur, la droite n’a pas le monopole de l’usage de la violence pour réprimer celles et ceux qui ne veulent pas s’adapter au nouveau monde complexe de la mondialisation.

Envoyer la troupe, comme tu l’as fait, pour en finir avec la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et réprimer une lutte écologiste historique, c’était déjà très disruptif avant l’heure. A celles et ceux qui pensaient que le parti de la rose était par principe et par essence écologiste, tu répondais fermement : flexibilisation de l’adaptation à la modernité des grands projets innovants ! Et cela par tous les moyens nécessaires ! Et il a fallu pour mener à bien ce projet faire appel à la troupe, casser des gueules, casser des bras, arracher des mains, envoyer les récalcitrants, nombreux, se faire recoudre à l’hosto.

Mais, malheureusement, l’opération César n’a pas suffi et des Gaulois réfractaires n’ont pas suivi la voie que tu traçais pour eux dans l’horizon neuf d’un monde flexibilisé, adapté, etc. Et tu as su utiliser l’état d’urgence pour neutraliser tes opposants et assigner à résidence toutes sortes de mauvais esprits qui voulaient résister à César, à François, à Jean-Marc, à Manuel, à Bernard et bientôt à Emmanuel. Pour les empêcher de manifester dans la rue, le mieux était encore de les contraindre à rester chez eux. Adapter la constitution, les lois, l’état d’urgence pour faire gagner la gauche et neutraliser les méchants dissidents n’a jamais été pour toi un problème. Et s’il fallait déchoir de leur nationalité celles et ceux qui n’avaient pas respecté les lois et la constitution, tu n’as pas hésité et ta main potelée n’a pas tremblé.

Nous savons qu’avec toi, François Hollande, et avec tes héritiers, humains et non-humains (les éléphants du P.S.), la gauche sera entre de bonnes mains. Tous les prolétaires et les précaires du monde entier pourront être rassurés, la droite et l’extrême-droite seront tenues à bonne distance.

Nous savons qu’avec toi, François Hollande, l’écologie sera une priorité, à condition qu’elle respecte les exigences de la flexibilité et de l’adaptation aux projets petits, grands, utiles, inutiles, etc. Tu sauras t’allier avec d’autres écologistes dans ton genre, comme Yannick Jadot par exemple, qui a lui aussi la passion de la flexibilité, de l’adaptabilité, etc. etc. etc.

Nous savons qu’avec toi, François Hollande, les riches que tu n’aimes pas n’auront plus de passe-droits, ni aucun passe d’aucune sorte, mais seulement un passe Navigo, comme tout le monde.

Nous savons qu’avec toi, François Hollande, la lutte contre l’extrême-droite ne sera pas qu’une posture de supériorité morale d’énarque expert en rhétorique mais un véritable combat ayant lieu dans le monde réel, le monde de l’économie aux intérêts antagoniques. Nous savons qu’avec toi, François Hollande, le barrage contre le fascisme ne sera pas qu’un navire prenant l’eau de toutes parts tel un Titanic en détresse ou un radeau de la méduse pourri dérivant à la surface des eaux glacés du calcul égoïste, ainsi que l’on a trop souvent décrit ces dernières années, ce cher Parti socialiste.

Nous savons qu’avec toi, François Hollande, c’est la social-démocratie qui va être refondée et qui va changer de base !

Pour tout cela, nous te faisons confiance.

Bien cordialement,

Des militantes et militants de gauche

P.S. : Nous relayons donc, ici et là, cette belle invitation à venir te rencontrer :
Rendez-vous lundi 18 novembre à 16h45, à l’Espace Ouest-France situé 38, rue du Pré Botté à Rennes.