Lors de la manifestation du 8 mars, pour son lancement, le CRI a distribué presque 500 tracts pour informer les personnes présentes sur le sujet de l’inceste. Le texte ci-dessous le reprend dans son intégralité. Pour toute information ou pour être tenu informé de la date de la réunion publique, n’hésitez pas à envoyer un mail à : lecri@riseup.net
L’inceste est partout
Pourquoi est-ce qu’on l’entend si peu ce mot, INCESTE ? Alors que nous savons que chaque jour un « bon père de famille » viole sa fille de 8 ans ? (Le Berceau des dominations, Dorothée Dussy). Ce mot est si tabou et interdit alors qu’il est partout : l’inceste structure notre société.
Il s’agit d’un fléau qui sert de base extrêmement solide pour la domination patriarcale. L’écrasante majorité des violences sexuelles a trait à la pédocriminalité et à l’inceste en particulier. Donc, si l’inceste est tabou de le dire, il n’est certainement pas tabou de le faire (La culture de l’inceste). Et si c’est si courant, ça veut dire que même les personnes au visage d’ange, qui n’ont pas la tête de l’agresseur.se dans l’imaginaire collectif, peuvent être autrices d’inceste.
Mais l’inceste, ce n’est pas que ça !
- Les personnes agresseuses ne sont pas folles, ne sont pas des monstres. Elles habitent dans une société au climat incestuel : cette société patriarcale engendre les personnes agresseuses. Gare donc à leur pathologisation. Celles qui incestent ne le font pas parce qu’elles ont des « penchants pédophiles », elles le font parce que le corps des enfants est le plus facile à dominer (La culture de l’inceste)
- Les garçons sont aussi des victimes d’inceste, et les hommes adultes ont peu d’espace pour en parler : 3,9 millions de femmes et 1,5 millions d’hommes ont été confrontés à des violences sexuelles avant l’âge de 18 ans.
- Les femmes aussi peuvent être autrices d’inceste. Le nombre d’incestes pratiqués par les mères est bien supérieurs au nombre de viols commis par des femmes et représente une part conséquente des incestes (1/4 environ) car elles profitent et assoient une position de domination par l’âge, en tant que première propriétaire des enfants.
Le climat incestuel
L’inceste n’est pas un acte c’est une dynamique, un ensemble de comportements pouvant s’exprimer comme un manque total de limites et de différenciation entre la sphère intime/sexuelle des individus et la sphère familiale.
Ces comportements sont dans le quotidien de la famille : discussion sur la sexualité adulte devant les enfants, exposition à de la sexualité (réelle ou pornographique), blagues graveleuses, touchers (main sur la cuisse...), commentaires sexualisants sur le corps des enfants,... Ces comportements peuvent également inclure des agressions et viols sur/entre les enfants (mais ne sont pas les seules composantes de l’inceste).
De forts mécanismes de contrôle sont également utilisés pour empêcher l’enfant de gagner des compétences nécessaires de différenciation vis-à-vis de la famille incestueuse (autorité forte, chantage, humiliation, relations fusionnelles, inversion de la responsabilité parent-enfant...).
Les violences sexuelles entre enfants
Souvent minimisés et banalisés en "jeux sexuels" (ils n’en sont pas), ces violences sont très présentes dans les familles incestueuses. L’enfant a appris la dynamique incestuelle et va perpétuer l’inceste sur sa sœur, son frère, sa cousine.., et cela dès la jeune enfance. Il devient l’agresseur, mais l’incesteur - celui qui aura créé les conditions des agressions via le climat incestuel - sera toujours un adulte (ou souvent plusieurs).
Mythes et croyances sur l’inceste
- Il n’y a pas d’amour dans l’inceste. L’excitant n’est pas l’amour mais le pouvoir et l’effraction. L’inceste, en entretenant la confusion entre domination et amour, créé écrasement et terreur, mais aussi honte et culpabilité.
- Dans l’enfance, les parents restent des piliers dans la vie de l’enfant qui peut donc continuer à ressentir de l’amour pour eux malgré l’inceste. Il est donc aussi violent d’exiger des victimes d’inceste de déshumaniser leurs parents.
- Le « plaisir » éprouvé durant une agression : il faut rappeler qu’un corps est mécanique et réagit aux stimulations. Une personne victime n’a pas à se sentir coupable de les ressentir (une stimulation biologique créé mécaniquement peut ressembler à du plaisir et ne veut pas dire que l’on est consentant).
L’inceste étant un tabou sociétal, il est facile de ne pas le voir.
S’informer, c’est se former au repérage de ces violences pour lutter contre ! C’est aussi apprendre à écouter et à laisser de la place aux vécus d’inceste.
Comment réagir face à une personne qui en parle ?
Les personnes ayant été victimes d’inceste veulent pouvoir être à l’aise d’en parler sans toujours susciter la pitié. Ce que vous pouvez déjà faire :
- Vous renseigner sur l’inceste et ses conséquences sur la vie de la personne (cf la liste des ressources à la fin)
- Accueillir sans jugement la parole des victimes. Demandez leur ce dont elles ont besoin.
L’INCESTE DOIT ÊTRE UNE PRIORITÉ FÉMINISTE !
Quelques ressources
- Livres : La culture de l’inceste ; Le berceau des dominations ; Ce que Cécile sait ; A moitié dévorée
- Podcast : Ou peut-être une nuit ; L’inceste de LSD ; 20000 lieux sous ma chair
- Brochure : Inceste, sortir du royaume de l’irréalité
- Site ressource : CRIMS COLLECTIF (une mine d’or !) ; CAIIP (groupes de paroles)
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info