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Lorient
Récit de la manif du 31 janvier

Lorient
Mouvements sociaux

Deuxième journée nationale de grève contre la réforme des retraites en cours. A Lorient, un mot d’ordre circule massivement dans la ville, DEBORDONS.

Une semaine auparavant, un ensemble de collectifs/groupes/individu·e·s s’était réuni dans un comité intersectionnel des luttes. De là, il en était ressorti une envie centrale : que nous débordions la question des retraites face à ce paquet d’attaques sociales, environnementales ou sexistes, qui mises bout à bout font système. Que nous débordions ces manifestations bien trop courtes et invisibles et ce calendrier si peu combattif.

Dès 7h30 du matin, ce sont les lycéen·ne·s de Jean Macé à Lanester qui débordent du rythme scolaire habituel pour bloquer leur lycée, à grand renfort de caddies. Habituellement, il suffirait de poubelles mais elles ont été planquées, les renseignements ayant signifié la veille au chef d’établissement qu’il faut virer tout potentiel objet à barricade.

A 9h30, quelques dizaines de profs et étudiant·e·s partent en cortège du paquebot, batiment central de l’UBS.

A 10h, la manifestation syndicale s’élance. Elle part à une cadence encore plus folle que la précédente. A l’avant, une longue et haute banderole se distingue, masquant toute silhouette : POUR NOS RETRAITES ET TOUT LE RESTE. Il semblerait que le débordement prévu par la jeunesse à l’avant du défilé ne plaise pas aux syndicats et très vite, les personnes qui tiennent la banderole de tête sont prises à parti par quelques syndicalistes qui ne trouvent rien de mieux à faire que de tenter d’invisibiliser la banderole de tête en se mettant devant. L’un d’eux leur lâche même "c’est une manif pour les salariés" pour tenter de les chasser.

Ne se laissant pas abattre, les quelques centaines de jeunes et deter à l’avant de la manif continuent le parcours officiel au pas de course pour ne pas se faire distancer par les syndicalistes qui veulent les virer vers l’arrière. Le tout au cri de slogans comme "et on est jeune, déter et révolutionnaires" ou "ah ha, anti, anticapitalistes" et sous le crépitement régulier de nombreux fumigènes.

Arrivé place de la mairie côté théatre, la place se remplit doucement mais surement au compte-goutte. Un raz de marée semble avoir envahit la ville de Lorient. Plus de 18 000 personnes sont comptabilisées par les syndicats. La foule est très mélangée et c’est l’ensemble du pays lorientais populaire qui défile. Sur les visages de nombreuses personnes se lit l’envie que pour une fois, une victoire soit possible.

Après une longue attente, le cortège de tête repart pour un second tour dans les rues pietonnes et marchandes du centre-ville, au son de la moulaga réclamée par Heus l’enfoiré notamment. Les nombreux fumis craqués aident à motiver les indécis·es et en quelques minutes, se sont entre 1000 et 2000 personnes qui envahissent la rue du port au cri de "blok-blok-bloquons tout et blok...". Après quelques détours, ce cortège surprise entre dans l’espace nayel et réussit à faire fermer les boutiques. Les manifestant·e·s laissent éclater leur joie et les visages radieux se comptent par centaine. Et de une cible de l’économie pourrie typique des centre-villes qui baisse ses rideaux. Dedans, on y retrouve toutes ces boutiques qui à grand coup d’exploitation des ouighours tentent d’imposer ses diktats de mode à la jeunesse. Pour une fois, on a droit à un peu de répis.

Après une bonne vingtaine de minutes où le cortège entier remplit l’espace en s’y asseyant, le cortège repart faire un tour de centre pour que d’autres rideaux se baissent. C’est finalement sans grande résistance de leur part que la Fnac attribue à ses salarié·e·s une pause surprise à l’heure du déjeuner. Devant le magasin, l’étendard du comité des luttes qui proclame "CLIMAT, PATRIARCAT, SALARIAT... DEBORDONS...VIVE LA GREVE" peut être content de lui, il a fait régner sur Lorient une belle atmosphère de joie sociale retrouvée. Et à su réinvestir une vieille tradition ibérique de lutte, celles des piquets volants qui permettent de bloquer l’économie les jours de grèves en allant à la rencontre des potentiels grévistes séquestrés sur leur lieu de travail !

L’après-midi, des Ag se tiennent notamment à la CGT ou à la Fac pour l’éducation. Partout, la reconduite de la grève est à l’ordre du jour et déjà, à l’issue de leur AG, les personnels de l’éducation donnent rendez-vous aux lorientais pour samedi 14h devant la sous-prefecture pour une nouvelle déambulation pour nos retraites... et tout le reste ! Parce que pendant que l’Etat nous fait les poches, il expulse aussi. Et dans cette optique, le rassemblement de demain mercredi 12h15, contre l’expulsion d’élève étranger·e·s du collège Brizeux de Lorient, sera rejoint par les grèvistes de l’éducation.

Pour toutes les personnes motivées pour animer les luttes dans le pays lorientais, rendez-vous est aussi pris à 18h demain cité allende pour la deuxième assemblée du comité intersectionnel des luttes.

De nouvelles actions sont à prévoir en attendant la prochaine grande journée de grève.

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