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Dans l’horreur des CRA : grèves de la faim, évasions et témoignages

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Grève de la faim, tabassage et expulsions au bâtiment femmes du CRA de Mesnil

Deux retenues colombiennes et une retenue chilienne de la section femme du Mesnil Amelot ont entamé une grève de la faim depuis le 6 avril. Deux d’entre elles réclament le droit d’asile en France et la troisième personne demande à rentrer au plus vite dans son pays.

Témoignages publiés mercredi 13 avril par À bas les CRA sur les tentatives d’évasion mardi au Centre de Rétention Administratif (CRA) de Vincennes et la grève de la faim au bâtiment des femmes du Mesnil Amelot depuis mercredi 6 avril.

Samedi dernier 17/04, une copine retenue au CRA du Mesnil a été mise sur un vol vers la Colombie, sans test PCR ni préavis, sous menace d’expulsion musclée -scotch, menottes, casque- si elle s’y serait opposée. Elle et deux autres retenues, une femme chilienne et une femme colombienne, avaient entamé une grève de la faim (qui dure toujours) le 06/04. Le 21/04 deux flics sont venus frapper une de ces deux femmes, la tirer au sol et l’insulter, après avoir pris soin d’éteindre les caméras auparavant. Nous relayons leurs témoignages ici.

« Nous sommes en grève depuis [le 06/04]. Nous faisons la grève pour l’asile contre la déportation rapide, nous n’avons pas été visitées par un médecin, la police n’a pas un bon comportement envers nous. »

« Je suis dans le centre de rétention administrative, la prison pour les personnes qui n’ont pas de papier et je suis en train de subir une forte discrimination par la police française ; je n’ai pas de famille ici, je suis injustement détenue ici. Il y a une semaine j’ai commencé une grève de la faim politique, qui est une manifestation politique pour mes droits en tant qu’être humain ; les policiers qui nous gardent nous ont emmené chez le médecin pour contrôler la grève de la faim, nous sommes en mauvaise santé. Pour nous c’est important que nos droits soient écoutés, pour recevoir de l’aide pour être libérées, je suis avec mes compatriotes latino-américaines. »

« [Je fais grève] parce que je sens que depuis que je suis arrivée, personne ne m’écoute. J’ai été dupée par le traducteur. Personne n’essaie de se mettre à ma place. Je sais que je suis une personne bonne et saine, et ils/elles m’ont traitée comme si j’étais n’importe quelle délinquante. »

« Je fais la grève de la faim depuis que je suis arrivée du tribunal de Paris mardi soir, c’était le 5 avril 2022

Les conditions sont horribles pour moi, une personne qui n’était jamais entrée dans une prison, où la nourriture est horrible. Le petit déjeuner, c’est un café avec un morceau de pain à 7h du matin et on va déjeuner à midi morte de faim [au point de perdre connaissance] et là on te donne à manger de la [semoule] sèche avec du poisson qui sent mauvais. Parfois il y a des cheveux dans le pain et quand quelqu’un demande à le changer ils/elles refusent ! Et le repas [du soir] est aussi répugnant que la nourriture qu’ils/elles distribuent à midi. Les toilettes sont horribles, elles sentent mauvais tout le temps et ils/elles ne mettent pas de produit pour désinfecter et ça nous donne des mycoses aux pieds et de l’herpès au niveau de la partie intime.

Concernant les médecins, j’ai vu le psychiatre une fois. J’ai dit à une infirmière que j’étais trop angoissée et elle m’a pris un rendez-vous avec lui. Le psychiatre m’a dit que je n’avais rien, qu’il allait me donner des comprimés pour quand je serais anxieuse. Moi en réalité je n’avais pas besoin de psychiatre, moi j’ai besoin d’un psychologue. Ce que j’ai vécu pendant près de deux mois d’enfermement, je ne l’avais jamais vécu ni imaginé, et la police c’est ce qu’il y a de plus triste, j’ai pris la décision de penser qu’en réalité, ils/elles ne sont pas des êtres humains mais des démons qui nous surveillent tout le temps, ils/elles sont des agresseurs psychologiques qui n’ont pas de cœur.

Je me suis sentie comme la plus grande criminelle du monde sans avoir tué, volé et sans avoir fait de mal à mon entourage ou à celui des autres, ni en France, ni en Colombie, ni où que ce soit dans le monde. Merci de prendre mon appel. »

Les copines nous ont parlé plusieurs fois des refus de soins qu’elles ont subi, le chantage de l’administration du CRA étant : si vous continuez avec la grève de la faim, vous ne porrez pas voir ni le médécin ni l’infermier. Aussi, elles racontent que deux femmes enceintes sont actuellement présentes dans le CRA du Mesnil. L’une d’entre elles, à un état de grossesse avancée et en pleine souffrance, s’est vue réfuser par les keufs la possibilité de partir à l’hosto avec l’ambulance qu’elle avait appellée.

Pour plus d’infos vous pouvez écouter l’émission de l’Actualité des luttes qui revient sur cette grève de la faim.

Pour soutenir les copines et se renseigner sur les conditions des personnes retenues ainsi que sur leurs luttes, on peut appeler massivement les cabines publiques du CRA du Mesnil (01.60.54.16.48 et 01.60.54.16.47) et fair tourner leur parole aux max.

Force à elles et à toustes les rétenus !

Tentatives d’évasion collective au CRA de Vincennes

Dans la nuit de mardi 12 avril au mercredi 13 avril, plusieurs personnes enfermées au CRA de Vincennes ont tenté de s’évader. La répression est violente mais la solidarité est bien présente.

Un prisonnier raconte :

« Hier soir plusieurs personnes ont voulu s’évader et ont cassé la porte du coup la police est venue ils ont gazé tout le monde. Les gens ont cassé la porte, il y avait un policier derrière la porte , il a commencé à gazer tout le monde.

On s’est fait fouiller partout, on a dormi dans la cour car comme la porte était cassée ils avaient peur qu’on s’évade. Il y avait tellement de gaz que mêmes les policiers tombaient KO. L’évasion c’était collectif on était tous ensemble.

Le chef du centre est venu, toutes les brigades sont venues, les gendarmes, ils sont tous venus casqués. Là il y a 4 personnes qui sont parties en garde à vue. Les policiers arrêtaient pas de venir et de donner des coups dans les portes, c’est juste pour nous faire chier parce qu’on fait ça hier. »

Un ancien prisonnier explique ce qui a particulièrement motivé les personnes enfermées à ce faire la belle ce jour là :

« Retour des troubles à la suite des vols cachés vers la Tunisie et le Maroc. Les prisonniers ont tenté de s’échapper la nuit, mais la police les a arrêtés avec du gaz lacrymogène. »

Une action de solidarité a été rapportée le soir même : le mercredi 13 avril des feux d’artifices ont été tirés à proximité du CRA en soutien avec les enfermés.

Grève de la faim à Vincennes suite à la tentative d’évasion collective

Plusieurs prisonniers du bâtiment 1 de Vincennes sont en grève de la faim depuis le 14 avril 2022 en réaction à la répression qui a suivi la tentative d’évasion collective.

Voici leur communiqué :

« Bonjour

Nous sommes les retenus du centre de rétention de Vincennes, nous voudrions se plaindre auprès des autorités des conditions dans le centre, nous sommes mal traité parmi nous il y a des malades du covid.

On mange ensemble il n’y a pas de règle de distanciation on se contamine entre nous, et si on fait le test, on nous place en isolement dans un autre centre de rétention de Versailles, pendant 17 jours. Sans soin, le médecin du centre de Vincennes il nous soigne pas, il nous calcule pas.

La nourriture est parfois périmée. Il y a toutes les maladies, des asthmatiques, des diabétiques, des malades psychiatriques, des fous et les médecins ils nous soignent pas ils font rien.

Des gens ont cassé la porte et nous on était dans le gaz partout tout le monde est tombé à terre pourquoi ça ? Ils nous traitent comme des animaux s’il vous plait aidez nous. La c’est pire que la prison.

Nous sommes plus de 30 personnes en grève de faim à cause de :

– ils ne laissent pas dormir
– on mange pas bien
– des policiers sont racistes avec nous ils disent toujours « sale race sale arabe »
– pas de médecin
– pas d’hôpital

… Il y a trop de choses

Au nom de tous les retenus aidez nous SVP »

Ce communiqué a été signé par 38 personnes enfermées dans le CRA de Vincennes. Par mesure de sécurité nous ne reproduisons pas ici les signatures.

Force à eux et feu aux CRA !

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