C’est un ballet incessant. Depuis début novembre, dans le centre du Finistère, l’on croise sur les routes tracteurs et camions remplis de sapins de Noël. Tous convergent vers le site du Cosquer, sur la commune de Scaër, le siège français de l’entreprise belge Greencap. C’est d’ici que partiront cette année près de 400 000 sapins de Noël bretons. En France, elle est la plus grande société spécialisée dans ce secteur : en moins de vingt ans, elle a planté plus de 600 hectares d’arbres de Noël dans le centre du département [1] — répartis sur six communes, mais concentrés essentiellement sur celle de Scaër. La croissance de Greencap a grandement contribué à faire de la Bretagne la deuxième région pourvoyeuse de sapins de Noël en France, après le massif forestier du Morvan [2]. Auparavant, les plantations de cet arbre dans les champs bretons étaient minimes, et essentiellement situées sur des zones forestières.
Les étendues d’herbes, les champs de céréales ou de maïs se sont ainsi transformés en sapinières. Ce que beaucoup d’agriculteurs de la région n’apprécient guère. « Leur arrivée il y une vingtaine d’années a été une grosse surprise, c’est de la terre en moins pour l’élevage et les cultures », dit Pierre Maudire, tout juste retraité agricole sur la commune de Saint-Goazec, à 20 kilomètres de Scaër. L’entreprise exploite plus de 100 hectares de sapins de Noël à seulement 5 kilomètres de son ancienne ferme. « Les terrains étaient parfaitement viables à l’époque, on y cultivait même des céréales. Le sapin, lui, est vendu pour le loisir, je ne vois pas trop l’intérêt », critique l’ancien éleveur laitier.
Un constat partagé par le maire de Scaër, Jean-Yves Le Goff (divers droite), un ancien agriculteur qui cherche actuellement à vendre ses terres. « Avec mes racines de paysan, je pense que la terre est faite pour nourrir. La première fois que j’ai vu planter du sapin dans mon village, j’ai eu mal aux tripes », dit-il, alors que les agents communaux installent au même moment sur la place de la mairie le sapin de Noël offert par Greencap. Il n’est toutefois pas étonnant, selon lui, que l’arbre convoité se soit développé dans sa région : « Cela rémunère davantage. Le sapin pousse parce qu’il y a un marché. »
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