Plusieurs de ces exilés avaient connu précédemment le campement des Hautes Ourmes l’été dernier, puis celui des Gayeulles 2, puis la tempête du mois d’octobre 2021, puis le local de Éclaireurs et Éclaireuses de France à Thorigné. Certains même étaient déjà aux Gayeulles 1… en 2019 !
9 mois d’errance : imaginons-nous, 9 mois durant, à traîner nos enfants, nos petits-enfants, nos bagages, parfois en fauteuil roulant, d’un lieu à l’autre, sous le soleil, dans la tempête, avec, toujours, la peur au ventre, celle d’être expulsés dans notre pays d’origine qui ne veut pas de nous et/ou nous a martyrisés…
9 mois, le temps d’une grossesse : comme pour cette jeune femme mettant son bébé au monde le 24 mars dernier, 30 minutes après sa sortie du gymnase.
9 mois, le temps d’une grossesse : celle des autorités pour accoucher pour accoucher, enfin, aujourd’hui, de quelques places d’hébergement… mais pas pour tous ! Et pour combien de temps ?
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Dans le même temps, le rouleau compresseur russe se mettait en place contre l’Ukraine, puis c’était l’invasion, la guerre avec son cortège d’horreurs comme pour toutes les guerres, puis la fuite éperdue des civils et l’arrivée en France. Et, là, l’accueil formidable de notre pays : la population, les associations, les collectivités locales, les services de l’État qui se mobilisent. Guichet d’accueil physique immédiat en préfecture, droit à l’allocation de demandeur d’asile, droit au travail et à une couverture de santé instantanée, hébergement, etc, etc : bref, très exactement ce que toutes les associations de soutien aux exilés réclament depuis des années.
La solidarité de l’État et de la population est elle que, pour l’instant, les offres dépassent les besoins : des collectifs de soutien avec l’Ukraine ont collecté tellement de nourriture, de vêtements qu’ils ne savent plus qu’en faire… si ce n’est les amener au gymnase ! Des dizaines de logement sont proposés et restent, dans l’immédiat, désespérément vides.
Une sorte de miracle solidaire a éclos avec les premières fleurs du printemps : enfin, le bout de l’horreur.
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Mais la préfecture veille : ordre est donné d’arrêter immédiatement les recensements locaux. La préfecture, et elle seule, reste la distributrice parcimonieuse des aides et point trop n’en faut et puis, l’Ukraine oui, les autres non ou après et peut-être. Même dans les familles mixtes venant d’Ukraine, les traitements seront différenciés : Monsieur oui, Madame non, ou inversement.
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Nous savons qu’avec l’immense vague d’humanité qui a touché la France des possibilités d’accueil digne existent : pourquoi ne pas en faire profiter, aussi, les victimes de la guerre ou de la misère ou de la répression politique ou de la corruption mafieuse en Afghanistan, au Soudan, au Niger, en Guinée, au Mali… en Albanie ?
Mais non, ce soir ou après quelques vagues nuits d’hôtel des exilés du gymnase recommenceront à errer dans les rues et les parcs de la ville.
Communiqué d’UTUD
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