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Justice pour Steve - Compte-rendu des mobilisations et de la situation

Nantes
Répression - Justice - Prison

Depuis la découverte du corps de Steve la semaine dernière, une grande journée de mobilisations à eu lieu à Nantes et des tas de villes ont vu fleurir les rassemblements, manifestations et autres actions pour exiger la Justice pour Steve et dénoncer les violences policières.
Récit de la journée nantaise de mobilisations et résumé de ce qui c’est passé depuis la disparition de Steve.

Compte rendu du samedi 4 août :

Nantes 11H

Une première mobilisation a lieu le matin à la grue jaune, proche de l’endroit ou à été retrouvé son corps. A partir de 11h, les gens se sont peu à peu massés au pied de la grue et aux alentours, au moins mille. Certain.e.s déposent des fleurs, des bougies, se recueillent sur la jetée.
Certain.e.s ont des petites pancartes ou des banderoles : "Justice", "Halte au massacre d’Etat", "Où est la Justice ?", "Selon l’IGPN, le meurtre était conforme", "Interdit de vivre"...
Partout, des petits groupes discutent, ça parle de "bavure", "d’affaire d’Etat", ça évoque les nouvelles sur le cas. Le ton est à la colère, à l’indignation, à l’incompréhension.
Aux alentours de midi, le rassemblement part assez spontanément en une marche, remontant silencieusement le quai en direction de l’endroit ou à eu lieu la fête et le déferlement de violences. Même les clients des restaurants et des bars se font silencieux au passage de la marche.
La marche s’arrête finalement devant la fresque peinte sur un des murs du quai, représentant Steve, la police attaquant la fête de la musique d’un côté, et des violences de la police en général de l’autre.

Nantes 13h

Une deuxième mobilisation s’organise ensuite. Ce deuxième temps à été largement menacé par la Préfecture, qui à décidé de prendre des mesures répressives dont une interdiction de manifester dans l’essentiel de la ville et des contrôles massifs aux entrées de la ville.
Sur le trajet à la place du Commerce, impossible de louper les Gendarmes Mobiles et les CRS dont les camions et les troupes occupent la place Royale et les rues entre Commerce et Hotêl Dieu. Quand la manifestation se met en marche, 5000 personnes sont rassemblées, malgré les risques d’être blessé.e.s par la police et les menaces répétés de la Préfecture. Là encore, pancartes et banderoles demandent "Que fait la Police ?", "Où est la Justice ?", font le lien entre la mort de Steve et celles d’autres tués par la police comme Zineb Redouane, Adama Traoré, Rémi Fraisse...

La colère éclate d’emblée, après quelques cris de "La rue elle à qui, elle est à nous ! ", bravade à l’interdiction de manifester, la foule se met à scander "Castaner assassin". Dès la première rue, une première ligne de flics mis au plus près du passage de la manif provoque des hués.
Le dispositif est massif, toutes les routes sont barricadés par des lignes de flics et parfois des camions. Une seule route est laissé libre, menant droit à la Préfecture. Sur le chemin résonne "Tout le monde déteste la Police". La place des cinquantes otages est encerclés d’un côté par les gendarmes mobiles et leurs camions, de l’autre par les CRS et leurs camions.
En passant devant la Préfecture, le ton monte. Des gens essayent d’accrocher une banderole sur le batiment, les CRS à l’intérieur les repoussent avec des lances à eau. Le ton monte. Les gendarmes finissent par tirer des lacrymos sur le quai.
La hausse très rapide du niveau de violences ne surprend personne. La manifestation recule juste assez pour sortir des nuages, sans courrir ni paniquer. Beaucoup de gens ont du malox et du sérum phy et en tendent volontiers à celleux qui n’en ont pas. A peine le nuage dispersé, la manifestation se lance pour rejoindre l’avant dont elle a été séparée. Les gendarmes tirent à nouveau des lacrymos.

La manifestation parvient à continuer son chemin vers la cathédrale, et de nouveau le dispositif est massif pour empêcher d’entrer dans le centre-ville. A peine la manifestation passe que les lacrymos pleuvent. Dans la foulée, des barricades se monte derrière la cathédrale. L’anxiogène hélicoptère surplombe la place. La manifestation continue vers le Chateâu et rejoint la ligne de tram. Comme une annonce que la protestation ne sera bientôt plus toléré, la BAC fait son apparition en masse devant le chateâu, cagoulé et lourdement armée de LBD. Au niveau de Bouffay, la manifestation est séparée, une partie est repoussée vers Hotêl Dieu et l’autre vers Commerce, le petit quartier entre les deux étant totalement occupé par les flics. Quelques boutiques sont étoilées et quelques murs tagués. La police ne cessera plus de suivre de près et tirer des lacrymos, la BAC toujours visible sur les côtés, jusqu’a la dispertion complète.

Malgré les dangers qu’il y a désormais à manifester, la ville aura résonné tout l’après-midi pour que le silence ne se fasse pas avant qu’il y ai eu Vérité et Justice.

Des mobilisations partout ailleurs

Beaucoup d’autres mobilisations ont eu lieu un peu partout, sous la forme de rassemblements, de manifestations, de marches, d’actions symboliques... On peut citer Amiens, Rennes, Rouen, Toulouse, Nice, Lille, Lyon, Grenoble, Caen, au Havre, Perpignan, Montpellier, Saint-Nazaire, Orléans, Tours, Bourges, Avignon, Limoges, Brive, Besançon, à Paris et devant l’IGPN et bien d’autres encore.

Toutes ces mobilisations, très spontanés et qui se sont organisées très rapidement, ont largement permis de maintenir la pression médiatique et politique.

Où est la Justice ? Bilan des faits depuis l’attaque des flics sur la fête de la musique


Le Gouvernement et la Police agissent très vite et presque tous les jours depuis le début de cette affaire, pour ne pas perdre le fil, résumons ce qui c’est passé depuis le début :

La nuit du vendredi 21 juin au samedi 22 juin, c’est la fête de la musique. A 4h du matin, la police intervient sur le quai de Wilson, où la musique continue après l’horaire qui était fixé. Mediapart revelera que la Police s’était retrouvée dans la même situation en 2017 et avait renoncé à intervenir, à cause des risques trop grand. La soirée c’était alors fini simplement, avec une heure de retard. [1].

En 2019, elle donne l’assaut. Le lendemain, presque heure par heure, de plus en plus d’infos circulent sur le déferlement de violences qui a eu lieu. D’abord la Préfecture prétend que seulement 3 personnes sont tombés à l’eau dans la nuit, sans lier cettte information avec la charge policière, et affirme n’être au courant d’aucune disparition. [2]

Très vite cette version commence à flancher. La diffusion de vidéos montrant l’ultra-violence de la charge sur les fêtards font remonter l’info en tête des journaux, la Préfecture admet 14 chutes à la Loire. Ne pouvant plus garder le silence, la stratégie du pouvoir change et est ouverte dans la foulée une enquête pour "disparition inquiétante" visant à rechercher Steve ainsi qu’une enquête de l’IGPN visant le déroulement de l’intervention policière et demandée par le Ministre de l’Intérieur, Castaner. [3]
Rapidement, il y a une fronde au sein de la Police, un flic syndiqué dénonce un "ordre aberrant" et la "vision exclusivement musclée" du commissaire à dirigé l’attaque du Quai. [4]

Après ça, commence la longue recherche de Steve, notamment en draguant la Loire.
Pendant ce temps, d’autres enquêtes viennent s’ajouter : le Défenseur des Droits, qui une autorié judicaire indépendante, s’auto-saisi sur la disparition de Steve. [5]
Mais surtout 89 personnes qui étaient présente à la soirée et qui ont vécu l’attaque des flics portent plainte pour "mise en danger de la vie d’autrui et violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique". [6]. Vous pouvez trouver leurs témoignages sur le FB de Média’son (lien dans cet article)
Le pouvoir riposte rapidement et tente de reprendre la main sur la version des faits : jouant sur les mots, ça affirme ça et là que l’attaque du quai n’était pas une charge, ça parle de "jeunes tombés à l’eau" comme ci c’était sans lien l’intervention policière... [7]

Le 29 juillet, l’attente se termine avec la triste découverte du corps de Steve dans la Loire. L’autopsie confirme le mardi matin que c’est bien lui. Un jeune est bien mort pour rien du fait d’une intervention policière absurde.
Le pouvoir n’attend pas pour réagir à la découverte de son corps : le Premier Ministre en personne, secondé par ministre de l’Intérieur, rend public le rapport de l’IGPN sur la mort de Steve. [8]
C’est simplement lunaire : le rapport ne nie pas les faits, il confirme que la Police est intervenue sur le Quai Wilson, comme les vidéos qui circulaient le montrait, et nous donne le détail : sont intervenues la BAC et la CDI, employant 33 grenades lacrymogènes, 10 grenades désencerclantes, une dizaine de tirs de LBD, plus les gazeuses à mains, les chiens et les matraques.
Il y a donc eu un déferlement d’explosions, un nuage de lacrymo, et des tirs et des coups en pagaille sur le bord de la Loire, au moment qui correspond aux chutes dans la Loire de 14 personnes.
Pourtant, le Premier Ministre et l’IGPN affirme qu’"il ne peut être établi de lien entre l’intervention des forces de police et la disparition de Steve Maia Caniço".
Il ne nie pas les faits, il nie l’existence de la logique.

Le conte pour enfant de l’IGPN, qui sert de version officielle, est largement critiquées d’emblée. [9] De plus de nombreux témoignages des secouristes [10] et d’autres fêtard.e.s [11] contredisent les conclusions du rapport et aurait logiquement dut être auditionné.e.s et cité.e.s.

Entre tristesse et colère, fleurissent sur les réseaux sociaux des tas de montage photo de violences policières accompagné de" #SelonlIGPN " [12]

Néanmoins la contre-attaque pour protéger la Police ne s’arrête pas la :
une enquête est ouverte avec l’Inspection Général de l’Administration, en lançant l’idée que la vrai responsabilité serait sur l’organisation de la soirée et la dangerosité du Quai qui n’a pas de garde-corps. La responsabilité serait donc à l’existence des bords de Loire plutôt qu’aux grenades. Délire illimité.
Puisque l’enquête pour "disparition inquiétante" est terminée, s’ouvre quasi mécaniquement une nouvelle enquête, pour "Homicide involontaire". Elle est pour le moment en pause puisque les Juges d’Instruction en charge de l’enquête se sont désaissis, pour que l’enquête soit menés par des Juges non-nantais.e.s [13]
Le choix du motif d’"Homicide involontaire" n’est pas anodin. De manière général, lors de l’ouverture d’une enquête, le motif choisi est le plus élevé possible, quitte à les réévaluer à la baisse. Vu les faits, s’il ne s’agissait pas de flics, l’enquête aurait été ouverte pour "meurtre" ou "coups et blessure ayant entrainé la mort sans intention de la donner".

Pour le moment, personne n’est poursuivi pour avoir tué Steve.
En fait, le Commissaire qui était en charge cette nuit là avait été médaillé 5 jours avant, avec 9000 autres flics récompensés pour la répression des Gilets Jaunes [14]
Le Préfet, qui a interdit, menacé largement et réprimé la manifestation de Nantes, vient d’attaquer un journaliste qui le met en cause pour diffamation. [15]

Vérité et Justice pour Steve, et pour tou.te.s les autres tué.e.s par la Police.

P.-S.

Et surtout n’oubliez pas, selon l’IGPN, il n’y a pas de liens entre se mobiliser et obtenir la Vérité et la Justice.

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