Là, c’est certain, nous sommes en dictature non ?
L’emploi de l’armée est synonyme de tirs à balles réelles, de guerre, de mort et de dictature. Tout cela déjà eu lieu mais ni les médias, ni l’état, ni l’ONU ou je ne sais quelle institution ne l’a encore déclarée. Attendons encore un peu. Parlons de "dérive autoritaire" et de "tendances autoritaires". Continuons de nous comparer à la Syrie, à la Russie, à la Chine, au Troisième Reich et patientons. Peut être même qu’en attendant, l’armée refusera d’obéir, prendra le pouvoir et nous empêchera de tomber dans la dictature. Tout rentrera dans l’ordre et bien en rang. Attendons encore, les journalistes vont peut être réagir, dénoncer et accuser. Le salut viendra certainement des employés de Bolloré, Rotschild, Tapie, Lagardère, Bettencourt ou encore Dassault. C’est bien pire ailleurs, nous ne sommes jamais allés vérifier mais nous en sommes convaincu. Attendons, éspérons.
La dictature ne se déclare pas en préfecture, pourtant, elle se manifeste.
Plus aucun chiffre ne nous fait réagir. Pour les Gilets Jaunes on compte 22 éborgnés, 5 mains arrachées, un meurtre, un peu plus de 2000 condamnations et plus de 5000 garde à vue. Pour La défense de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes en 2018, il n’y a eu aucune communication officielle de peur que la police vienne directement chercher les blessés à l’hôpital comme ce fut le cas lors de l’assaut de 2012, au Testet, pendant la loi travail et à Bure. Nous en avons retenu le meurtre, les membres arrachés, les éborgnements, les blessures de guerre, les emprisonnements et les syndromes de stress post-traumatique. Elle se manifeste plus encore là où les mouvements sociaux ne mettent jamais les pieds. Là où les tirs à balles réelles n’ont pas attendu. Dans nos banlieues, il y a eu 101 meurtres d’état entre 2005 et 2015, dont un par flashball.
L’armée, elle, n’a pas attendu pour défendre le musée militaire lors d’une manifestation en 2016, pour déloger les poids lourds des barrages routiers en 1992 ou pour assurer les transports en 88 et en 68. Elle a colonisé ou fait la guerre à tous les pays dont sont issus les étrangers qu’on enferme dans des prisons spéciales, rien que pour eux et sans passer par un juge. Des camps. Elle manifeste tous les ans sur les Champs Elysée et, elle aussi, elle arrache des pavés au passage de ses chars. Il y a des dégradations qui s’assument mieux que d’autres. Est-il nécessaire de pousser l’histoire de France jusqu’à l’assassinat de Malik Oussekine ou le massacre de la rue de Charonne ?
Ouvrir les yeux avec des lunettes de protection.
Pour ceux qui ont décidé de ne plus attendre, la dictature crève leurs yeux. De quelques générations que ce soit nous n’avons rien connu d’autre. La même classe sociale, qui a toujours possédé tous les pouvoirs, nous impose de vivre dans le capitalisme en faisant la guerre à ceux qui refusent de collaborer. Ceux qui les défendent, eux, sont suffisamment stupides pour s’entretuer, protéger des pelouses ou veiller sur un bout de tissu. Evitons le plus possible les canons, mais ne craignons pas les intimidations apeurées d’un état aux abois qui, s’il en avait vraiment l’intention, ne nous préviendrait pas à l’avance par l’intermédiaire de tout son arsenal médiatique.
Nous n’avons jamais été libre. Débattre sur ce qui arrivera est inutile, tout est déjà arrivé.
A ceux qui attendent encore.
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