►► ALTER1FO : Comment pourriez-vous présenter en quelques mots votre livre ?
Xavier Calais : C’est un exercice difficile que de présenter ce texte en quelques mots. Mais bon, je veux bien essayer… C’est un court texte autobiographique dans lequel le narrateur fait le récit de ses expériences rennaises de manifestations, de tentatives d’action qui se soldent par des échecs, par des interventions policières, des nasses, un contrôle d’identité au commissariat… C’est aussi en creux l’esquisse en quelques traits d’un moment de l’histoire rennaise, celui de la mise au pas de la ville et de la tentative de liquidation de tout ce qui dérange, conteste, ne se soumet pas… Mais s’il y a de la mélancolie dans ce constat, ce n’est pas une raison pour baisser les bras ! L’issue du combat n’est pas écrite d’avance !
►► « L’issue du combat n’est pas écrite d’avance », dites-vous, pourtant la première partie du livre est cruelle. On y évoque pêle-mêle ces manifestations devenues « des rituels et trop prévisibles », mais aussi ces syndicats trop timorés qui aiment « se coucher tôt ». Pire, au cours de notre lecture, on a parfois eu le sentiment angoissant que – peut-être – il n’existait aucune alternative, ni plan B, ni espoir pour changer l’ordre des choses…
Si La Mélancolie de la nasse donne l’impression qu’il n’y a plus d’alternative et plus aucun espoir, je le regrette amèrement. Je ne pense pas du tout comme Margaret Thatcher qui a dit « There is no alternative ». Il y en a forcément une ! Et la première alternative se joue ici et maintenant dans le fait de ne pas se soumettre et de rencontrer des camarades qui partagent ce refus. La première alternative, c’est ce sentiment de joie qui naît dans la lutte. Big up à toutes celles et tous ceux qui ont foulé le pavé rennais des manifs ces dernières années : plébéiens désorganisés comme syndicalistes encartés !
Vous imaginez, vous, qu’il n’y ait aucune alternative à Nathalie Appéré, Hervé Junior et Sébastien Sémeril ? Même les dystopies les plus sombres n’ont pas imaginé un scénario aussi terrible. Même les romanciers les plus pessimistes n’imaginent pas un futur proche dans lequel le P.S. aurait survécu. Cela serait une catastrophe. Je n’ose pas imaginer une telle issue. Je veux rester optimiste !
►► Continuer à manifester sert donc bien encore à quelque chose aujourd’hui ?
Bien sûr que la manif a encore un sens ! Le pouvoir veut interdire les manifs dans l’hypercentre, et le privatiser pour lui et ses amis du Carré rennais. C’est déjà une première bonne raison pour ne pas déserter le centre-ville ! Mais cela ne veut pas dire que l’on ne peut pas interroger les limites des manifestations actuelles. Quand elle est encadrée par la police, soumise à mille contrôles humiliants, à autorisation de la préfecture, est-ce encore vraiment une manifestation ?
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