[Mise à jour du 14/09/21 : Partagez pour faire connaître ce qui nous est arrivé. Et surtout, si vous voulez nous soutenir, anticipez de le faire hors de Facebook : nous avons le site DeepGreenResistance.fr, un canal Telegram t.me/deep_gr33n_resistance_bzh, mais aussi une conversation ouverte sur « signal » (messagerie chiffrée gratuite) pour partager largement, sans dépendre de Facebook, nos rendez-vous publics sur Rennes (présentations, soirées-débats, projections, sports, luttes, jardinage & autonomie)… Envoyez-nous un mail pour y être ajouté.e si vous le désirez, ou même simplement pour entrer en contact hors de Facebook : dgrbretagne@protonmail.com]
Retour factuel sur la chronologie des récents événements
Mardi 13 Juillet, alors qu’un camarade se connecte sur Facebook, il découvre que notre page « Deep Green Resistance Bretagne » a été dépubliée arbitrairement par Facebook, sans aucun avertissement préalable, ni aucune explication. Il a juste reçu, comme les autres administrateur.es de la page, une simple notification affirmant la « dépublication » (la page n’est pas supprimée, mais devient invisible pour toute personne n’étant pas administratrice dessus). Le camarade fait donc immédiatement « appel », mais découvre avec stupeur qu’il ne peut rien écrire pour se défendre, ni poser de questions : sur Facebook, « faire appel » c’est juste cliquer sur un bouton. Facebook lui répond d’ailleurs que sa demande ne sera probablement même pas prise en compte car « avec la COVID » il y aurait un manque d’effectifs pour traiter ce genre de réclamations (mais pas pour censurer arbitrairement des pages, ça par contre manifestement ils ont le personnel pour).
Mais ce n’est que le début : le lendemain, mercredi 14 Juillet, la matinée commence par la déprogrammation de notre autre page locale « Deep Green Resistance Rennes », sur laquelle nous voulions justement mettre un message afin d’annoncer la censure de notre page DGR Bretagne. Ça commence a faire beaucoup, perplexes nous faisons un second appel pour notre page DGR Rennes, tout en nous demandant pourquoi ces deux censures simultanées et très ciblées (nous n’avons pas connaissances d’autres pages ayant été dépubliées à cette période).
Pire encore, la même matinée, alors que nous nous inquiétons pour notre page DGR Rennes qui vient donc d’être la seconde dépubliée, nous cherchons à en savoir plus sur la procédure d’ « appel », et nous tentons donc de retourner sur la page DGR Bretagne pour voir ce qu’a donné l’appel de la veille. Et… la page a disparu, purement et simplement. Il n’en reste plus aucune trace nulle part. Son adresse url ne mène plus a rien (Facebook nous annonce un lien cassé : https://www.facebook.com/dgrbretagne). Même la notification de la veille annonçant aux administrateur.es (sur leurs profils personnels) sa dépublication a disparu. Il ne reste plus aucune trace. Plusieurs années de travail, des centaines de publications, images, vidéos, compte-rendus, plus d’un millier d’abonné.es : PLUS RIEN. En deux jours. Sans aucune explication. Dans notre cas, Facebook s’est permis de jeter à bas sans inquiétude ce masque démocratique que l’entreprise multinationale tâche pourtant par ailleurs de conserver le plus possible auprès de son public.
Une dizaine de jours plus tard, la nouvelle page DGR Bretagne que nous venions de recréer est elle aussi dépubliée, sans plus d’explications sinon un message en bandeau de celle-ci expliquant qu’elle est dépubliée car elle porte le même nom qu’une page dépubliée avant elle et s’apparente donc à de la récidive (mais de la récidive de quoi ? On ne le sait toujours pas)
Aujourd’hui, deux mois plus tard, les pages DGR Rennes et DGR Bretagne (la nouvelle) sont toujours dépubliées, nous n’avons reçu aucune nouvelle de l’appel que nous avions réalisée. Et l’ancienne page DGR Bretagne n’a pas réapparu, pas plus que nous n’avons eu de nouvelles de Facebook à ce sujet, ni trouvé aucun précédent à propos de disparition de pages telle que nous l’avons ici vécu. On peut logiquement penser qu’elle ne réapparaîtra donc jamais. Pire, la grande question qui nous servira donc à conclure cette introduction est : QUELLES PAGES SERONT LES SUIVANTES ?
« Ne vous y trompez pas, si cela ne fait l’objet d’aucune contestation, cela ne s’arrêtera pas là. Plus il sera acceptable que les gouvernements puissent déterminer quelles voix sont autorisées à s’exprimer sur les réseaux sociaux, plus cette censure s’immiscera dans tous les autres secteurs de la société, et plus elle façonnera ce qu’il est possible de penser, ce qu’il est possible d’imaginer. » (CrimethInc dans le communiqué sur la suppression de leur page cet été, cf note 1 en bas)
Quelques réflexions politiques pour contextualiser ces censures, et aller de l’avant
Vous n’êtes sûrement pas sans savoir qu’il y a des précédents dans la censure sur Facebook, même si pour l’instant aucune n’avait été réalisée de manière aussi abrupte, et surtout aussi silencieuse. Par exemple cet été, des pages anarchistes avaient déjà été supprimées aux USA 1, et on pourrait aussi relever le déréférencement (perte de visibilité dans les fils d’actu des utilisateur.es, donc censure qui ne dit pas son nom) récurrent de grosses pages politiques contestataires, comme Nantes Révoltée.
Pour notre part, à Deep Green Resistance, nous sommes un mouvement écologiste radical « a visage découvert », nous ne pratiquons pas d’actions illégales même si nous tenons souvent des propos radicaux. Notre organisation a donc à cœur le soucis de faire attention à ce qu’elle dit et fait, pour ne pas donner de motifs légaux d’agir aux gens qui voudraient nous interdire. La récente censure par Facebook n’en est donc que d’autant plus arbitraire, et c’est peut être aussi pour cela que nous n’avons reçu aucune explication : parce qu’il n’y en aucune valable, sinon de la répression politique pure et simple ?
Pour Facebook, qui compte plusieurs milliards d’utilisateurs, fermer la possibilité même de l’évocation théorique d’actions et d’analyses radicales ; c’est déjà une manière de remodeler la réalité culturelle au sein de la civilisation industrielle, de pousser encore plus loin la domestication des corps et des esprits. Comme la « novlangue » d’Orwell faisait disparaître les mots contestataires pour soumettre la population ; Facebook fait aujourd’hui disparaître les espaces virtuels (« pages ») où des mots contestataires sont formulés. Ce processus d’effacement progressif de la critique politique dans le monde virtuel (dans lequel une majorité d’humain.es sont aujourd’hui aliéné.es), amène ainsi finalement à créer les monstres modernes que nous sommes : des personnes qui se divertissent devant des vidéos de pub ou de petits chats, pendant que nos vies sont réduites au seul slogan « travaille, consomme, et ferme ta gueule », que des milliers d’animaux partent a l’abattoir, que des enfants bossent dans des mines, que des forets sont rasées, qu’il y a plus de plastique que de poissons dans les mers… Mais pas de soucis, Facebook est là pour vous changer les idées le matin au réveil et le soir sur votre table de nuit !
Mais outre Facebook en tant qu’outil d’anesthésie massive des capacités humaines à percevoir la destruction organisée du monde vivant, et outre l’intérêt qu’on peut donc deviner en ce sens a effacer les contestataires de ce genre de plateforme divertissantes, un lien pourrait aussi être fait avec la dernière vidéo que nous avions partagé sur notre page : une vidéo qui montrait l’élu industrialisateur « Mr Michot » faire trois pas en arrière (et se blesser de la sorte) lors d’une réunion #Bridor, alors que celui ci et ses collègues promoteurs de Bridor ont depuis demandé une enquête pour « violence sur dépositaire de l’autorité publique », probablement afin de faire accuser des militant.es. C’est une seconde piste pour tenter d’expliquer la censure en cours : couper l’accès à nos communiqués et vidéos démentant la version officielle (notre page avait été cité dans un article de la Chronique Républicaine, qui renvoie maintenant vers un lien cassé puisque la page n’existe plus, cf note 2 en bas). Mais si cette suppression instantanée était vraiment liée à une demande de la gendarmerie, cela serait tout aussi inquiétant, dans un contexte où la loi AVIA n’a pas été votée, et où aucune disposition légale à notre connaissance n’autorise donc encore la gendarmerie à ce genre de procédures conjointe avec Facebook.
Bref, dans l’un ou l’autre des cas, et même dans les deux, cette confusion des pouvoirs, entre l’économie et la politique, entre la répression et les médias (devenus propagandistes) et finalement avec les « réseaux sociaux » (présentés par l’entreprise capitaliste Facebook comme une des bases des relations sociales du XXIe siecle), menace la possibilité même d’un mouvement de résistance, qu’on chercherait ainsi à ôter de l’esprit des gens, en en faisant disparaître progressivement de leurs espaces virtuels quotidiens la simple possibilité intellectuelle.
Ne soyons pas dupes, si tout autour de nous semble parfois si calme, ce n’est que parce que la tempête s’annonce. Dans un monde où les crises écologiques ne peuvent faire qu’augmenter, créant donc toujours plus de crises alimentaires et économiques, le parti de l’ordre se prépare, celui qui voudra continuer à sucer la planète jusqu’à la moelle, pour faire survivre le plus longtemps possible son infâme système et les ignobles privilèges qu’il en retire.
En France on le voit avec la banalisation de l’extrême droite, avec les récentes tribunes des généraux, avec les investissements massifs de Macron dans la répression (toujours plus de policiers, de militaires), avec les nouvelles lois sécuritaires, le pass sanitaire, avec les cameras qui envahissent de plus en plus nos quotidiens, et avec ces écrans (pub publiques comme portables privés) qui partout et tout le temps nous accompagnent, supprimant ce qu’il y a normalement d’imprévisible en l’humain.e pour nous forcer a un auto-contrôle permanent, pour nous faire rentrer dans les critères quantitatifs d’un bonheur© par, pour et dans le système… Vous savez, ce genre de bonheur qui fait que tout le monde prend des anti-dépresseurs ?
Ainsi il y a urgence. urgence à résister, urgence à vivre contre leur monde, urgence à recréer des communautés humaines capables de faire exister une réel rapport de force politique contre ceux qui voudraient resserrer les fers qui nous attachent à leur civilisation de mort.
Nous, nous voulons un bonheur sauvage, une planète vivante, des communautés humaines libres… Et nous proposons de s’organiser stratégiquement pour y parvenir. Nous continuerons à porter nos idées sur Facebook, pour faire exister cette fenêtre d’espoir ici aussi tant que nous le pourrons. Et pour rappeler aux gens de ne pas se fier à Facebook, de toujours y voir l’aliénation généralisée que cette plateforme représente. Rappeler de sortir des écrans, de refaire vivre une culture de résistance. De s’organiser pour gagner notre liberté, pour nous comme pour toute cette magnifique biodiversité qui nous entoure encore, et qui n’attend que l’effondrement de la civilisation industrielle pour refleurir.
Deep Green Resistance est un mouvement à visage découvert qui prône la diversité des tactiques, chacun.e a sa place dans le continuum de résistance que nous proposons de mettre en place et d’organiser autour de la nécessité de stratégies offensives pour sauver la planète. Si ces événements vous inquiètent, si ce texte vous touche, dans un premier temps, partagez cette nouvelle page, faites tourner l’info de cette censure abusive, bref aidez nous a toucher du monde, pour ensuite sortir ensemble de ces écrans que nous n’avons jamais maîtrisés. Venez nous rencontrer, à nos présentations, à nos projections, à nos causeries, venez recréer avec nous ce lien entre les corps qui est le ferment essentiel à toute possibilité de résistance. Venez participer à notre culture de résistance.
Partagez pour faire connaître ce qui nous est arrivé. Et surtout, si vous voulez nous soutenir, anticipez de le faire hors de Facebook : nous avons le site DeepGreenResistance.fr, un canal Telegram t.me/deep_gr33n_resistance_bzh, mais aussi une conversation ouverte sur « signal » (messagerie chiffrée gratuite) pour partager largement, sans dépendre de Facebook, nos rendez-vous publics sur Rennes (présentations, soirées-débats, projections, sports, luttes, jardinage & autonomie)… Envoyez-nous un mail pour y être ajouté.e si vous le désirez, ou même simplement pour entrer en contact hors de Facebook : dgrbretagne@protonmail.com
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