Babacar Gueye est décédé sous les tirs de la police, alors qu’il avait besoin de secours, et qu’il était fragilisé par l’administration française parce que « sans-papier ». En juillet 2022, le parquet a requis un « non-lieu » en faveur du policier incriminé. Celui qui a cru pouvoir classé l’affaire sans suite, dès les premières heures qui ont suivies le décès de Babacar, n’a eu de cesse d’argumenter « la légitime défense » « du policier tireur » : d’abord en voulant éviter l’ouverture d’une instruction, puis, dès lors que l’instruction a été ouverte, il n’a pas cessé de faire pression, par voie de presse, pour exiger le « non-lieu ». La juge d’instruction l’a suivi en prononçant une ordonnance « non-lieu » en mai 2023.
Awa Gueye, l’ayant appris encore par voie de presse, ne pouvait bien évidement pas laisser faire. Elle sait qu’il y a de nombreuses incohérences : les éléments et les expertises révélées par l’enquête, qu’elle a été la seule à alimenter depuis bientôt neuf ans, montrent des contradictions avec les témoignages des policiers. Il reste encore des questions sans réponses : ce n’est pas supportable.
« […] la motivation de l’ordonnance est critiquable à plusieurs égards, tant sur les critères d’appréciation de la légitime défense que dans l’absence de prise en compte des conclusions de l’expertise médico-balistique indépendante que [la partie civile] a produite. Elle laisse la partie civile avec des questions irrésolues et le sentiment d’une justice partiale. Comment se fait-il que huit policiers formés soient dans l’incapacité de maîtriser un homme seul et en détresse ? Comment Babacar, qui venait de recevoir un premier tir létal lui ayant perforé le poumon, pouvait-il représenter un danger d’une telle immédiateté qu’il fallait nécessairement lui asséner, trois étages plus haut, quatre balles dans le corps ? Pourquoi les tirs sont-ils tous en trajectoire descendante, laissant penser que le tireur se trouvait en aplomb de la victime, alors que ce dernier affirme avoir été en face de Babacar et sur le même pallier ? Pourquoi la fesse de Babacar a-t-elle été perforée alors que le tireur prétend lui avoir toujours fait face ? Pourquoi l’arme ayant servi à tuer Babacar a-t-elle été immédiatement détruite ? Où est la dernière balle qui n’a jamais été retrouvée ? [...] »
(Communiqué de presse du 12 mai 2023)
C’est donc avec la même détermination que Awa Gueye a fait appel de cette décision dès le 12 mai de l’an dernier. Nous sommes encore en attente de la réponse de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes.
Le combat continue !
Nous vous attendons nombreux et nombreuses, pour rendre hommage à Babacar et apporter votre soutien à ce combat, ce samedi 7 décembre 2024, à Rennes. Awa Gueye et le collectif justice et vérité pour Babacar, membres du Réseau d’Entraide Vérité & Justice, appellent à les rejoindre pour poursuivre ce combat et pour dénoncer l’injustice et l’impunité, le racisme d’État, ainsi que toutes les violences exercées sur les personnes en situation administrative dite « irrégulière », sur les personnes précarisées, et particulièrement dans les quartiers populaires.
Rendez vous ce samedi 7 décembre 2024
- 11h : Conférence de presse, voir lieu à venir sur @justicepourbabacar sur Insta et Facebook
- 13h : Hommage à Babacar et à toutes les victimes des violences et du racisme d’État, pour le départ de la marche à partir de la rue Guy Ropartz, à Rennes
Nous terminerons l’après-midi, par un moment de rencontre et d‘échanges autour de personnes invitées, en lutte pour que la vérité triomphe, et pour se soutenir mutuellement dans tous nos combats.
L’affiche en pdf N&B est téléchargeable en pièce jointe
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