Elections politiques et émancipation sociale - Quels enseignements nous donne l’actualité française ?
A la stupéfaction assez générale, et dans un contexte de renforcement de la présence des idées de extrême-droite, Macron dissout l’assemblée nationale avant l’été puis organise des élections législatives expresses. Alors qu’il s’attendait à un renforcement de sa représentation politique, le NFP arrive en tête (avec 7 millions de votes exprimés) de ces élections en nombre de députés. Mais c’est bien le RN, avec ses 10 Millions de voix, qui a emporté le plus de votes.
Les moralisateurs de gauche, toujours prompts à assimiler les abstentionnistes aux fascistes pourraient déjà s’interroger sur le fait que si plus de fascistes s’abstenaient, la représentation de cette force politique en serait diminuée d’autant.
La croyance en la démocratie parlementaire et délégataire a amené certains à défendre l’idée que l’extrême droite pourrait être stoppée par des barricades de papier, et, depuis des décennies, à présenter le barrage républicain comme le moyen de s’en prémunir. 10 Millions de votes, des idées omniprésentes dans les médias et donc dans les esprits : A l’aune de la dépolitisation générale de la société, on mesure la réussite de cette stratégie.
Ceux qui votent RN ne viennent pas de nulle part, beaucoup d’entre eux votaient à gauche avant. La cause de la montée de l’extrême droite est à chercher dans la désespérance générée depuis des décennies par les promesses non tenues et les trahisons des politiciens, et par la banalisation, la reprise, voire la mise en oeuvre des thèmes de l’extrême-droite y compris par la gauche.
La recherche cet été par la gauche, d’un homme ou femme 1° ministre providentiel.le qui aurait pu plaire au Président -qui était prêt à cohabiter avec l’extrême-droite- était un nouveau sommet du pathétique. Comment peut-on encore faire confiance à des institutions qui donnent autant de pouvoir à un seul homme ?
Cet été, il y a eu aussi la grand messe nationaliste des Jeux Olympiques, moment suspendu où nous étions prié.es de communier dans un bel élan patriotique tout en laissant un gouvernement démissionnaire à décider du budget de l’Etat.
Depuis la nomination d’un homme de droite à la tête de Matignon devrait rendre nos camarades de gauche particulièrement combatifs : Ils veulent un maître, oui, mais un maître de gauche. Alors bien sûr, le 7 septembre, ces bourgeois appellent le populo à se mobiliser pour les mettre au pouvoir. Dommage, il y a bien longtemps que le populo ne vote plus à gauche.
Sérieusement, le peuple, les travailleurs, travailleuses et les exploité.e.s en général, ne méritent-ils pas mieux qu’une alternance politicienne, qu’un leader pour les diriger ?
A ceux qui cherchent un "bon" gouvernement, Proudhon avait déjà répondu il y a 173 ans par ce magnifique texte "Etre gouverné ?"
Les gros actionnaires du CAC40 ou du NASDAQ, les milliardaires de la planète, ne souffrent pas des résultats aléatoires des élections. Nous ne votons pas pour ceux-là qui sont aux manettes, qui dirigent la société et décident, depuis leur conseil d’administration, du sort de milliards d’individus. Personne n’est appelé à voter pour ceux qui font faire ou défaire les lois par leurs valets chefs d’Etat.
Le fascisme sous ses différentes formes peut à l’occasion devenir le meilleur allié du bloc bourgeois dans ces composantes dites "de gauche" ou "de droite". Ce bloc bourgeois, est celui qui possède les moyens de production, celui qui est aux manettes économiques et financières. C’est lui qui fait les décisions à l’échelle mondiale, pas les chefs de partis politiques.
Ils ont voté, et puis après ?
L’électoralisme est la représentation archétypale de l’impasse politique dans laquelle les "citoyens" se trouvent. Alors que ceux qui produisent les richesses, les travailleurs, disposent d’une force considérable pour peu qu’ils se mettent ensemble à défendre leurs intérêts. Nous sommes bien ici dans une position de classe contre classe
Contre toute forme de résignation, qui ne peut amener que rancœur, aigreur, cynisme, repli sur soi, la solidarité est l’arme des exploités.
Les anarchistes "portent un monde nouveau dans leur coeur" comme le disait Buenaventura Durruti. Dans un monde qui s’écroule, nous continuons à porter un message global d’émancipation sociale. Pour redonner espoir aux exploités, nous avons besoin de luttes sociales victorieuses avec une perspective de changement global de société.
Quelles perspectives de lutte ?
Dans le cadre de cette causerie de rentrée, nous discuterons de l’actualité, échangerons sur nos analyses, et évoquerons des thèmes de luttes émancipatrices, en dehors des carcans politiciens et de leurs tambouilles.
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info