À Paris, le mouvement social contre la loi Travail n’a pas été, jusqu’au 12 mai 2016, le théâtre d’affrontements violents entre les manifestants offensifs et les autres, notamment ceux qui défilent au sein des cortèges syndicaux. Si quelques attitudes ont pu être à déplorer, notamment lors de la manifestation du 24 mars, les organisations syndicales, y compris au niveau de l’intersyndicale nationale, ne se sont jamais vraiment dissociés des « casseurs ». On a même vu une solidarisation très rapide avec les victimes des violences policières quelles qu’elles soient. Lors de la manifestation du 9 avril, partie de Stalingrad et censée rejoindre Bastille, un service d’ordre « spontané » composé de militants de la CGT et de Solidaires a même fermé le cortège pour empêcher les flics d’y entrer. Au Havre, les camarades de la CGT-Ports & Docks ont fait savoir à la préfecture que, à chaque fois qu’un lycéen serait arrêté et convoqué par la police, le port serait bloqué. Une attitude louable, étonnante au premier abord, qui a permis des manifestations solides, à l’unité plutôt chouette.
Jusqu’à ce 12 mai 2016… où des manifestants et le service d’ordre de l’intersyndicale se sont tapés dessus. Je ne reviendrai pas sur les motivations des uns et des autres, sur l’entêtement du carré des dirigeants syndicaux à vouloir garder à tout prix la tête de la manifestation, sur l’inconséquence de les caillasser ou de les qualifier de « flics » et de « collabos »… Et je n’ouvrirai pas, non plus, le débat visant à savoir si la déclaration de la préfecture de police était bien un piège tendu au mouvement social parisien, sur qui a donné le premier coup, etc. En revanche, comme beaucoup, avec ou sans carte syndicale, j’ai trouvé ça lamentable… Lamentable parce que contre-productif, parce que, pendant ce temps, les flics se frottaient les mains et nos gouvernants pouvaient se féliciter que, ça y est, enfin, l’unité de départ, certes fragile, pouvait commencer à exploser sérieusement. Nos ennemis rigolaient et trépignaient de joie pendant que certains se tapaient dessus et que les autres les regardaient, pris entre deux feux. En fin de manif, pourtant, la répression a bien montré qu’elle concernait tout le monde et qu’elle ne faisait pas la différence entre les manifestants : les cagoulés ont bouffé les gaz en même temps que les encartés, les camions syndicaux ont essuyé des tirs tendus de grenades et, sur le retour, après la nasse, tout le monde a subi les mêmes contrôles et les mêmes fouilles…
Ne tombons pas dans le piège une nouvelle fois. N’offrons pas aux flics et aux politiques le plaisir de nous voir saborder le mouvement social, n’offrons pas aux pontes syndicaux qui voudraient tant garder la bride sur les manifestations les raisons – même illégitimes – d’envoyer leurs services d’ordre cogner sur ...
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