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L’extrême droite lance son premier meeting à Fougères : ruinons sa campagne !

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Tactiquement, cela répond à plusieurs exigences de la part du Front National.

D’abord, si le meeting d’ouverture est mené par Marion Maréchal-Le Pen, c’est pour mener un crash-test auquel la candidate Le Pen ne sera pas soumise directement en cas d’échec. Les premières raisons sont purement contextuelles : après l’annonce par Marine Le Pen de son intention de supprimer la Région Bretagne, après l’intervention grotesque de Gilbert Collard sur les crêpier-es qui font un « faux métier », cela permettrait de voir comment les breton-ne-s prennent la chose. Vient ensuite un motif plus classique : la région est encore globalement peu touchée par l’extrême droite, quoi que le vote FN y prenne de l’ampleur comme partout ailleurs. Une salle à moitié vide serait moins désastreuse en terme d’image pour la nièce que pour la tante. Enfin si la Bretagne reste plutôt hostile aux idées d’extrême droite, il n’en demeure pas moins qu’elle n’a pas été la dernière à fournir du soutien à la Manif pour tous. On l’oublie souvent, mais il y existe une frange réactionnaire importante dans les milieux catholiques traditionnalistes aisés, une importance qui s’est manifestée dans les cortèges fournis contre le mariage pour tous. Or Marion Maréchal-Le Pen est une figure de proue de ces tendances catho-tradi au sein du FN, et lui faire ouvrir la marche est une façon de donner des gages.

Le deuxième objectif pour le FN, en dépit de cette flatterie évoquée plus haut, est de s’inscrire dans un discours plus social. Fougères représente bien ces villes ouvrières de taille moyenne, attachées historiquement à la gauche et aux luttes sociales. Prétendre en dépit de la réalité y être chez soi fait donc partie de ce story-telling, selon lequel le FN est le parti des couches populaires françaises. Si la contradiction est évidente entre un discours apparemment plus social d’un côté, et la confirmation d’une tendance plus réactionnaire libérale de l’autre, il ne faut cependant pas oublier qu’en réalité cette stratégie est ancienne au FN : l’organisation s’est toujours construite comme un pôle de rassemblement de toutes les extrêmes droites, quand bien même celles-ci se révèleraient souvent antagonistes. Ménager la chèvre et le chou est crucial pour ne pas faire voler en éclat la mobilisation en faveur de Le Pen aux élections.

Enfin s’y ajoutent des enjeux plus locaux. Gilles Penelle, élu pour le FN à Fougères ainsi qu’au Parlement Européen, doit pouvoir affirmer une forme de domination sur une ville qu’il aimerait beaucoup pouvoir considérer comme son fief. Or jusqu’à présent on en est très loin ! Par exemple le 19 octobre dernier, la manifestation en soutien aux migrant-e-s hébergé-e-s au CAO de Fougères a rassemblé 700 personnes. En face, le rassemblement à l’appel de Gilles Penelle en agglomérait sept fois moins. N’oublions pas également que le choix de Fougères est également une forme de repli tactique : le dernier meeting du Front National à Rennes avait subi les foudres de la population, forçant le FN à exiler le suivant en Mayenne. Se déplacer à une trentaine de kilomètres de ce centre urbain plus développé, lui permet donc d’espérer un calme relatif.

On le voit bien : pour le FN ce meeting revêt une importance particulière à bien des égards. La mobilisation des forces de progrès social doit donc être à la mesure de l’événement. Le calendrier politique nous donne rendez-vous sans ambiguité, faisant de Fougères la première étape d’un relai de plus longue haleine ! Il s’agit de porter une contre-offensive en Bretagne qui lancerait une campagne non-seulement contre l’extrême droite institutionnelle et son probable succès au premier tour, mais contre l’ensemble de ses positionnements politiques qui irriguent dans la quasi-totalité des partis se présentant aux élections.

L’expérience passée nous a appris que durant les six prochains mois, la focalisation sur la campagne présidentielle et le prolongement de l’état d’urgence risquent de neutraliser totalement les luttes sociales.

Entre les promesses illusoires des candidat-es et un gouvernement qui multipliera les concessions symboliques pour tenter de sauver les vestiges de son quinquennat, on devra sûrement se contenter des mauvais restes : la paranoïa sécuritaire et les débats puants sur la défense des identités.

Parce qu’il n’est plus improbable en 2017 que les candidatures les plus réactionnaires l’emportent, nous n’attendrons pas figés et impuissants que le processus électoral se termine. C’est ici et maintenant que nous construisons le mouvement qui aura la force et les arguments d’affronter et de défaire le futur pouvoir issu des urnes.

De fait, nous opposer ici uniquement à la figure emblématique du FN n’a pour nous aucun sens. Il s’agit de combattre politiquement et tactiquement les idées qu’il porte, quels que soient ses avatars.

Quoi qu’on en dise, le FN a toujours fait partie de l’ordre républicain. C’est ainsi qu’il a pu y développer, renforcer, et diffuser ses bases politiques. Par l’avènement d’un confusionnisme généralisé, elles ont été progressivement reprises à leur compte par la quasi-totalité des organisations politiques, y compris à gauche.

Par conséquent, il nous paraît dangereux et absurde de tenir des positions contre l’extrême droite avec pour seul horizon un Front Républicain qui pourrait mettre au pouvoir : un partisan de la Manif pour tous, un amoureux des syndicats de police, un poujadiste en bonnet rouge ou un défenseur acharné de Poutine, Trump ou Bachar El-Assad.

La question centrale n’est donc pas la seule présence du FN aux élections, c’est de ruiner par tous les moyens l’organisation de l’extrême droite et ses ramifications.

Or pendant plusieurs mois de conflit social intense contre la loi Travail, les réactionnaires et les fascistes ont presque complètement disparu des radars, rendus aphones par la force du mouvement, réduits à attaquer les queues de cortèges ou à jouer les auxiliaires de police, comme à Nantes ou Rennes.

Contre ces ennemis, institutionnels comme groupusculaires, nous appelons à reprendre la lutte sur les bases et les pratiques construites collectivement, dans les assemblées et l’occupation de la Maison du Peuple.

Et par delà une opposition ferme dans la rue contre les fascistes du Front National, nous ne pourrons pas faire l’impasse sur une série de discussions plus larges : à travers la lutte contre l’extrême droite et le confusionnisme politique qui permet son avènement aujourd’hui, il nous semble indispensable de mieux comprendre qui sont nos ennemis et les positions que nous devrions combattre sans concession.

Dans la rue, dans les assemblées, au boulot et dans les universités, nous appelons à nous coordonner pour mettre en pièce l’extrême droite et construire un mouvement révolutionnaire capable de balayer l’ensemble de ses idées !

Manifestation à Fougères le 20 janvier 2017 à 19h00 place Aristide Briand.

Collectif Antifasciste Rennais

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