Hier, lundi 1er juillet 2019, lors d’un contrôle de billet, un agent de Keolis et 2 personnes sont tombé·es dans l’escalator de la station république. Ouest-france nous apprend que le contrôleur est gravement blessé et a été transporté à l’hôpital, tandis que les 2 contrôlé·es ont été placé en garde à vue, sans aucune précision sur leur état de santé.
Triste sort pour un ticket à 1€50...
Chaque début de mois c’est la même rengaine.
Les contrôles sont multipliés, la pression sur les usager·es aussi.
La semaine dernière, des contrôleur·euses ont aggressé une camarade trans qui filmait un contrôle tendu. Ils l’ont brutalisé alors qu’elle portait une attelle à la main droite.
Voici son témoignage :
"Aujourd’hui, jeudi 27 juin 2019 à 15h06 à la station du métro République, j’aperçois six contrôleurs qui entourent de très près une personne seule blanche et un contrôleur qui la pousse et l’accule contre le mur. Je sors mon téléphone et je commence à filmer la scène.
Une contrôleuse se tourne vers moi et dit « s’il vous plaît, arrêtez de filmer » en faisant un geste de la main pour que je baisse mon téléphone. Je réponds que non et à ce moment, deux contrôleurs me disent « on va s’occuper de vous, arrêtez de filmer ».
Quatre contrôleurs de la Star m’encerclent et me poussent contre un mur à l’écart du passage.
Un contrôleur tente de me subtiliser mon téléphone pendant qu’un autre saisit violemment mon bras gauche en cherchant à me faire une clés de bras.
Je cris de douleur « j’ai une fracture à la main droite ! arrêtez, lâchez-moi ! je vais arrêter la vidéo mais là vous m’en empêchez ».
Le premier réussit à arracher mon téléphone de ma main gauche et le deuxième finit de me tordre mon bras en bonus.
Le contrôleur qui tient mon téléphone entre ses mains cherche manifestement à supprimer la vidéo comme si celle-ci était gênante pour lui : en effet, c’est le même contrôleur qui poussait contre le mur l’usager du métro précédemment cité.
Finalement, on m’intime de dégager, le contrôleur ne réussissant pas à supprimer la vidéo et se souvenant soudainement qu’il n’avait pas le droit de s’approprier les effets personnels des usager·es, me rend mon téléphone.
Je m’éloigne de la horde d’une quinzaine de contrôleurs en manque d’adrénaline et d’action et m’aperçois que la première personne embêtée par le contrôleur n’est plus ici.
J’ai mal au ventre de colère et mal à l’intérieur du bras, à l’épaule, au poignet gauche.
Un usager qui avait assisté à la situation me lance « scandaleux ces contrôleurs qui se croient tout permis ».
Rennes, encore une preuve accablante de la nécessité de faire disparaître les contrôleurs de nos vies et d'instaurer les transports gratuits. Ne les laissons pas agir impunément, filmons les ! pic.twitter.com/OeB6LbRspK
— Rennes en Lutte pour l'Environnement (@rzh_ecolo) July 2, 2019
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Le but de l’augmentation des contrôles ? Tapper dans le porte-feuille, mettre un bon coup de pression pour que tout oubli de renouvellement soit sanctionné.
C’est évidemment les plus démuni·es qui sont visé·es. Parce que les démarches administratives pour obtenir la gratuité peuvent être compliquées, parce que l’on peut gagner juste un peu trop pour avoir accès aux réductions des tarifs, parce que l’on est sans-papiers... Ce sont d’ailleurs ces dernier·es qui souffriront le plus des logiques de contrôle des sociétés de transports : contrôle, arrestation, déportation.
La mobilité selon Keolis : campagne anti-fraude - contrôle - sanction
Pour que rien ne change, il faut trouver quelques boucs émissaires.
A Rennes comme dans d’autres villes, le fraudeur est souvent pointé du doigts. D’après Keolis, la société qui gère les transports à Rennes, il y aurait 3,5 millions de manque à gagner. C’est la justification pour installer des portiques sur tout la ligne de métro pour 7,5 millions d’euros et multiplier les actions "anti-fraude".
Si la plupart de nos déplacements ont pour vocation de produire ou de consommer (aller au travail, faire les courses...), il pourrait être logique de faire payer aussi celleux qui en profitent : patrons, commerces, etc.
Keolis est déjà majoritairement financé par Rennes métropole (à 2/3), une politique pour aller vers la gratuité des transports pourrait aussi être de simplement augmenter ces financements.
Pour autant, aujourd’hui 1/3 des coûts totaux des tranports sont financés par les usager·es, mais combien servent directement à alimenter les coût des actions de contrôles coups de poings ainsi que les 70 agents de contrôles ?
La gratuité des transports reste un choix avant tout politique. Celui-ci permettrait de :
- Rendre la mobilité plus égalitaire
- Réduire l’impact écologique en diminuant la part de transports plus polluants (la voiture)
- Arrêter l’enraillement sécuritaire "anti-fraude"
Bien entendu, la lutte pour la gratuité ne doit pas nier de nombreuses autres problématiques : la question démocratique liée aux transports, revoir nos déplacements (réduire drastiquement les kms de déplacements qu’effectue notre société), repenser totalement l’urbanisme... La lutte dépasse donc le simple aménagement du capitalisme mais se pose bien en rupture.
En attendant la gratuité...
Cela fait quelques mois que les manifestations pour le climat réclament la gratuité des transports sur Rennes, pour plus de justice sociale et écologique. Si Nathalie Appéré s’est dite ouverte à ce débat, n’oublions pas qu’il existe des outils pour faire exister la solidarité dès aujourd’hui dans les transports :
- Les tickets sont valable 1h. Donne le en sortant ou pose le pour les prochain·es
- Prévient les personnes qui remontent du métro que des contrôles sont en cours en haut des escaliers
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