LES SOULÈVEMENTS DE LA TERRE
Un cycle de réflexion sur l’écologie au mois de Mai à Rennes
« Voilà une inversion du rythme des métamorphoses : l’humain éphémère est désormais plus stable que son milieu, moins périssable, alors qu’il était jusque-là le fugitif dans la minéralité impassible des paysages, et l’éternel cycle des mêmes saisons. Imaginez : un tiers des espèces vivantes de la planète, vieilles chacune de millions d’années, pourrait disparaître avant vous, dans le courant d’une vie humaine. » [1]
Au sein de cette étrange époque, les soulèvements de la Terre se multiplient : des ouragans ravagent des villes entières, des amarantes résistantes envahissent des champs d’OGM, des gilets jaunes pillent la « plus belle avenue du monde », des milliers de jeunes sèchent les cours « pour le climat », et tant d’autres ami.e.s se battent contre la construction de mines, de centrales biomasses, de centres commerciaux, l’enfouissement de déchets nucléaires, pour la protection des forêts, des espèces et des terres agricoles...
Ces moments politiques parviennent parfois à opérer des jonctions les uns avec les autres, à se répondre ne serait-ce que symboliquement, à comprendre ensemble la situation qui leur est faite, pour mieux y résister. Mais toute forme de contestation se confronte toujours au risque de se retrouver enfermée dans les problèmes que l’on veut lui imposer d’en haut.
Nous nous demandons « comment résister à la destruction unilatérale des milieux vivants ? », les médias et les gouvernants rétorquent « comment modifier notre consommation pour qu’elle soit compatible avec un développement durable ? »
Pour rester vifs et non englués dans les faux-problèmes imposés par les classes dirigeantes et leurs soutiens, nous vous invitons à un cycle de réflexion sur l’écologie, qui se déroulera tout le long du mois de Mai à Rennes.
Le weekend du 11 et 12 Mai sera un moment clé, regroupant des chercheurs (en histoire, préhistoire, philosophie, anthropologie), et des participants aux mouvements des gilets jaunes et pour le climat. Nous interrogerons à la fois la situation écologique et politique actuelle, ses impasses et ses potentiels, les inventions nécessaires pour lui donner de l’endurance, en prenant aussi le temps de revenir sur la « géohistoire » du capitalisme (sa manière spécifique d’organiser le tissu de la vie), nous permettant de comprendre d’une autre manière ce qui nous arrive. Il nous faudra également faire vaciller l’évidence du sens que nous donnons à des notions communes telles que « société » et « nature » : d’où vient notre propre manière de comprendre le monde, séparé entre l’univers des humains et celui de la nature ? Au fil des discussions, nous pourrons participer à reconstruire nos analyses et nos luttes par delà la fausse opposition entre la nature et la société. Nous voulons faire sentir que l’écologie est moins une addition à la liste interminable des domaines de la lutte qu’un changement profond de paradigme, qui met au centre les relations constitutives entre les humains et le reste de la nature, pour comprendre le monde, la politique, le pouvoir et le capitalisme.
Événement Facebook : https://www.facebook.com/events/2010923212363456/
Les dates manquantes seront affichées sur le site https://maisondelagreve.org/
Programme
MERCREDI 8 MAI
Journée sur la ZAD de Notre Dame des Landes
Voir le programme de la journée.
JEUDI 9 MAI / 18H30 À LA MAISON DE LA GRÈVE
From the sixties to the end : cartographie partielle et partiale de notre héritage écologique
Contre l’amnésie et son monde, soirée de présentation d’une série d’évènements, groupes, mouvements qui ont fait l’histoire de l’écologie politique.
VENDREDI 10 MAI / 20H À LA MAISON DE LA GRÈVE
Défendre la part sauvage du monde
Que peut vouloir dire « le sauvage » et « la nature » à l’heure où la quasi totalité des milieux sont anthropisés ? Quelles pratiques, quelles modalités d’action et de luttes politiques sont à l’œuvre ou à inventer pour les défendre ?
Avec Sylvain Piron (auteur de l’Occupation du monde et engagé dans la lutte pour la défense de la forêt de Romainville), Virginie Marris (auteur de La part sauvage du monde), et Clément du collectif Abrakadabois sur la ZAD
SAMEDI 11 & DIMANCHE 12 MAI
Week-end d’interventions, de discussions et de débats
À l’Espace Deux Rives
(4 allée Georges Palante, Rennes. Possibilité de garer des voitures sur place, parking à disposition ; accès par le Bus C4, arrêt Robidou)
SAMEDI 11 MAI
- 10h / La guerre des écologies.
Si le capitalisme n’est pas un système économique séparé de la nature, mais une manière d’organiser les relations entre les humains et le reste de la nature, comment décrire cette écologie pour la combattre ?
Avec Christophe Bonneuil, Bernard Aspe
Voir le texte de problématisation de cet axe
Déjeuner sur place
14h / Par-delà nature et culture. Comment l’anthropologie et la préhistoire peuvent-elles nous aider à vivre, imaginer et défendre une autre écologie ?
- Première partie : Quelle est la genèse du rapport occidental à la nature ? Avec Charles Stepanoff (anthropologue)
- Deuxième partie : Comment certaines pratiques et luttes viennent-elles troubler l’héritage du naturalisme et de la modernité ? Avec Elina Kurovskaya et Hadrien Munier (anthropologues)
Dîner sur place
- 21h / Récits de terrain au Kamtchatka, par Nastassja Martin (anthropologue, auteur de Les âmes sauvages)
DIMANCHE 12 MAI
Se battre pour le climat ou pour ses conditions de vie : qu’est-ce qu’une lutte écologique ?
- 10h30 / Introduction par Maxime Chédin, membre de la revue Terrestres
- 11h30 / Table ronde 1 : De la conscience du climat à l’ancrage des luttes territoriales, tracer une ligne de crête.
Des membres de la revue Z, Maxime Chédin, des étudiants du mouvement climatestrike, Corine Morel Darleux (militante ecosocialiste) et des membres d’Extinction Rebellion (XR).
Repas sur place
- 14h30 / Table ronde 2 : Gilets jaunes : Poser la question écologique depuis les ronds points.
Avec des Gilets jaunes de Bretagne et d’ailleurs..
MERCREDI 15 MAI / 18H À LA MAISON DE LA GRÈVE
Stratégie capitaliste & résilience
La conscience de l’entrée dans une nouvelle ère frappe aussi les sphères dirigeantes, qui se demandent comment rebondir et en tirer de nouveaux profits, voire de nouvelles techniques de gouvernement.
Avec Benoît Dauguet, doctorant sur la « compensation écologique », et Jean-Baptiste Vidalou, auteur du livre Etre forêts et opposant au complexe d’éoliennes industrielles en Aveyron.
DIMANCHE 19 MAI / 18H À LA MAISON DE LA GRÈVE
Vivre et travailler avec les animaux
Si l’abolition de l’élevage industriel fait aujourd’hui partie de notre perspective politique, doit-on néanmoins définitivement rompre le lien avec les animaux domestiques et d’élevage ? Ne doit-on pas réinventer une communauté paysanne avec les animaux dans une perspective écologique post-industrielle et post-pétrole ?
Avec Pierre Madelin (auteur d’Après le capitalisme), Jean-Yves Ruelloux (éleveur de chèvres en Bretagne), et Cécile (éleveuse de Brebis sur la ZAD)
SAMEDI 25 MAI
Explorer les lieux-monde
- 14h / Balade jeu de piste exploratoire d’un lieu-monde. Rendez-vous sur le parking du cimetière de Pont-Réan. Apportez de bonnes chaussures, de l’eau, un goûter à partager, une frontale, de quoi prendre des photos.
- 20h / Présentation de l’ouvrage Les lieux-monde de Martin Mongin (lieu à définir)
MARDI 4 JUIN / 18h A LA MAISON DE LA GRÈVE
DÉFENDRE LES FORÊTS. RÉAPPROPRIATIONS ET INITIATIVES LOCALE EN
ILLE ET VILAINE.
- Projection du film Le temps des forêts de François Xavier Drouet
- Discussion avec des membres de collectifs et associations locales autour du bois, des arbres et de la forêt.
Le film « le temps des forêts » dresse un constat bien sombre de l’actuelle gestion intensive d’une partie des forêts françaises. Les méthodes de l’agriculture industrielle appliquées aujourd’hui entravent autant la vie de la forêt que celle des personnes qui y travaillent. Quelles pratiques sont à l’oeuvre ou à imaginer pour combattre cette gestion industrielle et appréhender d’autres usages et relations avec les arbres ? Lorsque l’on n’est ni forestier, ni propriétaire de forêt, il paraît difficile d’avoir prise sur cette situation. Pourtant, de nombreuses associations et collectifs prennent en charge ces questions actuellement, défendent des forêts, redécouvrent des manières attentives d’observer leur évolution, de sélectionner les arbres à couper. Lors de cette soirée, nous discuterons avec des collectifs et associations, qui, depuis l’intérieur ou l’extérieur de la filière bois, pratiquent d’autres manière de se rapporter à la forêt.
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