Rien ne résiste à la crise écologique : aucun projet théorique n’est à la hauteur, aucune proposition macroéconomique n’a de solution miracle, toutes les mesures de réforme ou de révolution agricoles, d’aménagement, de production, d’économie financière, se heurtent à des inerties, des infrastructures techniques et symboliques, et des groupes d’intérêts extrêmement puissants. C’est un fait aussi solide que les glaciers sont mous. Peut-on déplacer le problème à un niveau plus labile, plus infrastructurel et certes plus nébuleux, que celui de la politique économique de l’Europe, de la géopolitique onusienne du carbone ? Pour voir s’il n’y a pas de marge de manœuvre, dans une logique de moyen terme, discrète, travaillant à bas bruit, celle d’un travail de mitage du monde qu’on doit détruire, et d’archipelisation progressive des alternatives pour le monde à faire ? (Et disons-le d’emblée : non, ce ne sera toujours pas une solution toute seule à la hauteur – vivre c’est faire ce qu’on peut, et tisser.)
Pour commencer à répondre à cette question, je propose d’imaginer ici une nouvelle alliance : une convergence entre deux cultures, la culture des luttes dont nous héritons, et une culture du vivant d’un genre nouveau. Je propose d’imaginer ce que pourrait être une culture des luttes pour le tissu du vivant. En un sens, celle-ci est déjà présente un peu partout. L’enjeu de ce texte est simplement de la nommer, de la profiler, de l’accompagner, de le soutenir avec les moyens du bord. Mais pourquoi cette convergence ? Et en quoi constitue-t-elle une réponse à notre sentiment d’impuissance, en quoi nous restituerait-elle un pouvoir d’action face à la crise écologique systémique ?
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