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Pourquoi le Comité rennais des Soulèvements de la terre a rendu visite au golf de Saint-Grégoire samedi 16 septembre

Saint Grégoire
Ecologies - Aménagement du territoire Luttes paysannes - ruralité

Pour le Comité rennais des Soulèvements de la terre, le golf de Saint-Grégoire et ses velléités d’extension sont bien un projet d’urbanisme ; l’accaparement et artificialisation des terres se conjuguent avec la privatisation de l’eau et sa pollution.

Un peu de contexte

Samedi dernier (16 septembre 2023), le Comité rennais des SDT a organisé une vélorution ponctuée d’actions surprises. Cet événement, dont l’idée a émergé dans une assemblée regroupant plus de 300 personnes, se revendiquait contre l’accaparement de l’eau.

Or, à 200 cyclistes, nous avons été sur le golf de Saint-Grégoire, que nous critiquons principalement pour d’autres raisons que celles de son usage de l’eau.

On répond donc à cette question que des personnes n’ayant pas participé à l’action peuvent se poser : « Pourquoi le Comité rennais des Soulèvements de la terre a rendu visite à ce golf ? »

#1 – Un golf peut en cacher un autre

Il n’y a pas d’erreur de cible. Le petit golf de Saint-Grégoire a de grands projets. Son patron l’a annoncé plusieurs fois dans la presse : il voudrait s’étendre sur plusieurs hectares de terres fertiles avoisinantes ! Dès lors, aller confronter ce golf, c’est de notre point de vue poser le premier acte d’une lutte sur le temps long, contre ce projet d’extension qui serait une forme d’artificialisation, synonyme de perte de capacité de production alimentaire, de diminution de la capacité à stocker du carbone, de perte de biodiversité du sol avec essentiellement de l’herbe en tonte rase (sans compter les quelques surfaces synthétiques et usages de pesticides).

Rappelons que la lutte contre l’artificialisation des terres est l’un des principaux axes des SDT.

De plus, l’extension constituerait un accaparement et une privatisation de ces hectares de terres, aujourd’hui propriétés de la ville de Saint-Grégoire, en faveur d’une activité pratiquée par un petit nombre. Nous ne voulons pas mettre tout le monde dans la même voiturette de golf (ou berlines et autres SUV garés sur le parking), mais d’après la sulfureuse INSEE le golfeur type est un homme de 48 ans de catégorie aisée (21% des golfeurs gagnent plus de 60 000€/an)

L’action du samedi 16 septembre était donc bien et avant tout une prise de position contre l’accaparement et l’artificialisation des terres.

#2 - "Be water my friend"

Nous avons appris de l’eau elle-même. À l’image de ce gimmick devenu le symbole de l’insurrection Hongkongaise de 2019-2020, nous avons été là où personne ne nous attendait. Car on nous attendait. Paradoxalement, la préfecture qui a appelé quelques jours avant à des restrictions d’eau pour cause de sécheresse, a aussi produit pour samedi 16 des arrêtés et interdiction de manifester afin de protéger explicitement plusieurs grands sites de golf, et de fait leur consommation d’eau problématique. Plusieurs corps de police, dont 2 véhicules de la BAC, avaient la tâche de faire respecter ces décisions.

Nous nous sommes donc réuni·es à un autre endroit sans effet d’annonce sur les réseaux (mission réussie), pour défiler et traverser Rennes malgré l’interdiction (réussie, mais avec 7 amendes), s’introduire sur le golf et s’y balader à vélo (réussie), adapter notre force de frappe (réussie : nous aurions pu jardiner, faire paître un troupeau ou installer une ZAD peut-être ?). Enfin, nous devions communiquer sur les raisons de cette action au golf de Saint-Grégoire, c’est là que la presse a cessé de nous entendre ou n’a pas voulu nous entendre.

Nous pouvons être fièr.es de notre capacité collective à rebondir, là où la pref’ voudrait plutôt nous voir rester chez nous. Nous ne renonçons pas à cette belle idée de pique-niquer sur les différents greens existants ici et là !

#3 - Déchirer le green (-washing)

Sur place, poursuivant une des modalités d’action revendiquées par les Soulèvements de la terre, nous avons symboliquement occupé ce golf, compact•es et déterminé•es, ne nous laissant pas intimider par les forces policières. De la même manière, nous ne nous laissons pas démonter par le greenwashing et la communication pseudo-écologique, qu’on retrouve peu ou prou dans tous les projets et toutes les entreprises. Cette action s’inscrivait dans la campagne estivale "100 jours pour les sécher", qui a largement dénoncé et documenté les dérogations scandaleuses et les arrosages dantesques de l’ensemble de ce loisir de luxe.

Après avoir ajouté à ces critiques l’accaparement des terres et les préjudices pour la biodiversité (malgré la compensation, toujours annoncée mais bien hypothétique et restreinte , de très jeunes arbres dont la croissance au milieu des balles de golf n’est pas acquise), nous voulons enfin remettre ici en question l’implantation de ce golf de Saint-Grégoire, l’existant et la potentielle extension, sur une zone humide à proximité du canal (voici une carte des zones humides autour du golf)

Autant que possible nous répétons, gestes à l’appui, les évidences. Qui ose encore dire que les mégabassines ne pompent pas dans les nappes phréatiques ? (Sûrement plus le ministre de l’agriculture). On le martèle à grand coup de pédales : les sols, les nappes et les rivières qui les entourent sont en intime relation. L’artificialisation des sols, l’utilisation même "modérée" de pesticides, le degré de pollution par le ruissellement sur des surfaces synthétiques, tout cela a nécessairement des conséquences sur la qualité de l’eau.

Ainsi, contrairement aux raccourcis que certains médias ont emprunté, nous avons voulu rendre visible le cumul des impacts environnementaux, qui, au total, dégradent voire détruisent les écosystèmes.

P.-S.

Nous remercions tou·tes les participant·es et vous invitons à rejoindre les assemblées rennaise des Soulèvements qui ont lieu tous les mois.

À bientôt pour de nouvelles aventures !

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