Résultat des courses : 70 personnes du côté du PDF, 250 pour les contre-manifestant.es. On aurait pu se dire que sans le contre-rassemblement, cette après-midi venteuse aurait pu être un moment aussi pitoyable que leurs propos sont violents. Certain·es diront que c’était leur donner trop d’importance. Pour nous, c’était l’occasion de ne pas laisser la rue occupée par des anciens du Front National qui trouvent que leur ancienne famille politique n’est plus assez raciste et xénophobe.
Auparavant, des membres du PDF avaient fait du porte-à-porte auprès des habitant·es de Ouistreham, à l’aide d’une communication basique qui utilise les codes fascisants et une rhétorique de tension.
Contestant la présence de cette micro organisation politique, 2.500 tracts avaient été distribués à Ouistreham. Différentes organisations politiques, associations ou syndicats avaient persisté à appeler à ce contre-rassemblement. Contrairement à l’organisation des manifestations du 20 janvier et de la prochaine du 17 février 2018, dont les appels sont signés par une bonne quarantaine d’organisations, une vingtaine d’entre-elles avait décidé de ne pas appeler à ce rassemblement, pour différentes raisons : rassemblement non déclaré, manque d’intérêt d’un contre-rassemblement, peur de potentiels gestes violents de la part du PDF ou de la police, voire peur du cliché des rassemblements antifascistes virilistes et tendus.
L’ambiance à l’intérieur du contre-rassemblement était au contraire bienveillante, sereine, familiale tout en étant politique. En effet, un joyeux mélange de militant·es camouflé·es, d’habitant·es de Ouistreham et des environs, des bénévoles d’associations humanitaires, ou de syndicalistes, constituait le rassemblement solidaire de la libre circulation des exilé·es.
Outre les « siamo tutti antifascisti » et les « alerta ! alerta ! antifascista », un atelier « slogans » s’est improvisé, laissant place à l’humour et à la dérision tout en rappelant ce qui nous rassemblait.
« Ni patrie, ni frontières, les fachos à la mer »
« Erreur d’impression, PDF à la poubelle »
« P-D-F, on va vous compresser »
« Féministe, anti-capitaliste, et décoloniales, nos identités ne sont pas nationales »
« Et les fachos, ils sont plus qu’dix, et les fachos ils sont plus qu’dix.
Et les fachos Clap Clap, c’est dégueulasse
Et les fachos ils sont plus qu’neuf
…
Et Carl Lang, il est tout seul,
Et la police protège la plage,
Le flic de gauche à rigolé, le flic de gauche a rigolé
Et la police protège la plage, pendant c’temps là ils font pas chier les migrants »
On a pu entendre un slogan en hommage au CAMO (Collectif d’Aide aux Migrants de Ouistreham) qui s’organise depuis 6 mois pour prendre en charge l’aide aux migrant·e·s sur l’air de « antifa hooligans » de Los Fastidios « CAMO, CAMO, ohOHohOH, CAMO, CAMO, ohOHohOh, CAMO, CAMO, Antifa citoyenniste »
« Parti de France, retrait des deux »
, slogan en référence au « Loi, Travail, retrait des deux »
entendu pendant le mouvement social de 2016.
« Flics, skins, même coiffeur »
auquel répondait « Le crâne rasé, c’est pas un projet d’société »
Les chants, les rires et les blagues ont réussi à désarmer le dispositif visant à faire passer notre camp comme la réplique de gauche de la posture martiale et viriliste du Parti de la france.
Les liens qui se tissent depuis des années à Caen et à Ouistreham se consolident aussi dans ces moments qui, s’ils n’ont pas pu empêcher le rassemblement néo naze, ont réussi à les isoler face à la mer et au ridicule de leur apparition.
Renforçons notre capacité à lutter ensemble face aux politiques migratoires que le gouvernement souhaite durcir dans les prochaines semaines, appliquant ainsi le programme des organisations d’extrême droite qu’il prétend combattre.
Solidarité avec tout.es les exilé.es confronté.es à la brutalité des frontières et de ceux qui les servent.
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