Depuis plus de 20 ans , en France, s’installe un terreau propice au développement du fascisme. D’un côté, les idées d’extrême droite sont largement diffusées, se banalisent dans toutes les classes sociales et dans un large spectre politique, à gauche comme à droite. D’un autre côté, la violence de la répression auparavant réservée aux quartiers populaires où vivent une majorité d’immigré·es et descendant·es d’immigré·es, s’abat désormais sur le mouvement social et tend à empêcher toute opposition politique et à contrôler les populations indésirables.
Largement relayée par des chroniqueurs comme Zemmour et Finkielkraut, l’idéologie du choc des civilisations défend une prétendue unité et des valeurs nationales attaquées par des communautés présentées comme incompatibles avec cette "France-là" (musulman·es ou perçu·es comme tel·les, noir·es, rroms, gitans...). Cette idéologie s’est diffusée également dans de nombreuses franges de la société, justifiant le renforcement des frontières depuis une vingtaine d’années.
Cette idéologie raciste a notamment un impact très concret, en France, sur la vie des musulman·es : menaces d’interdiction d’accompagnement scolaire aux mères qui portent un foulard, agression par un conseiller régional du FN/RN de l’une d’entre elles, attentats contre des mosquées... En octobre 2019, Macron et son gouvernement appellent le "peuple" à une "société de vigilance". Ils demandent à chacun·e de guetter les "signaux faibles de radicalisation", instaurant un climat de suspicion contre toutes les personnes ayant un lien avec l’islam. Le discrédit porté sur la manifestation du 10 novembre contre l’islamophobie, qui a réuni 15 000 personnes à Paris, en a été une illustration forte.
Outre la banalisation des idées d’extrême droite, la répression violente que connaît le mouvement des gilets jaunes et le mouvement social en général, héritée des logiques coloniales de maintien de l’ordre dans les quartiers populaires, ouvre une voie au fascisme, en s’entourant d’une batterie de lois pour la légitimer (état d’urgence, lois « anti-casseurs », élargissement du cadre de la légitime défense pour la police).
Le discours gouvernemental, repris par un certain nombre de médias, provoque l’adhésion d’une partie de la population à cette violence présentée comme « légitime et proportionnée ». Une part grandissante de la population ne se rend plus en manifestation par peur des conséquences judiciaires ou physiques. De fait, le gouvernement veut faire taire toute opposition aussi bien chez les figures médiatiques (perquisition dans les locaux de la France Insoumise, tentative de perquisition dans les locaux de Médiapart), que dans le reste de la population.
A Rennes, comme dans d’autres villes, des départs en car sont organisés pour aller aux événements organisés par la Manif Pour Tous ; l’Action Française tente d’organiser des réunions dans des bars du centre-ville et s’invite éhontément lors d’assemblées générales étudiantes à Sciences Po ; à Plélan-le-Grand, des néonazis ont fêté l’anniversaire d’Hitler ; Alliance Vita (association anti-avortement) organise ses conférences au sein de la maison des associations de Rennes.
Face à cette menace fasciste poursuivant sa structuration, des réactions existent. Pour autant, elles restent souvent ponctuelles, défensives, et visent uniquement à gêner ou à empêcher la tenue de leurs événements. Aucune organisation politique massive n’existe actuellement pour contrer cette montée en puissance. Une critique de nos pratiques et résistances doit pouvoir permettre de se renforcer et de se renouveler.
Cette soirée n’est qu’un début, à très bientôt
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