information par et pour les luttes, Rennes et sa région

[ZAD] Récit du week-end Terres Communes - 1re journée

Zad de Notre-Dame-des-Landes
Ecologies - Aménagement du territoire

Mobilisations pour que les terres préservées aillent à de nouvelles installations et non à l’agrandissement d’exploitations existantes, pour la construction d’entités collectives reliées aux assemblées de territoire, pour le maintien de la possibilité de bâtis inventifs et auto-construits, ... Les raisons ne manquaient pas ce weekend de venir sur la ZAD défendre le bocage et ses mondes !

Environ 2000 personnes ont convergé ce samedi matin vers la ZAD afin de rappeler leur attachement au futur de cette zone.
Au programme de cette matinée : battage des haricots et du lin provenant des cultures collectives de la Zad, battage des mogettes apportées par le Comité de soutien de Bressuire, chantier construction et peinture sur le hangar du Grand Troupeau Communal, chantier bardage sur le Hangar de l’Avenir, etc...
De nombreux groupes de personnes sont passés de chantier en chantier avant de se réunir à Bellevue où plusieurs cantines proposaient leurs victuailles :

  • Portions de frites chez les Radicales Cocottes
  • Le réseau de ravitaillement des luttes du pays nantais "La cagette des terres" toujours présent !

A 14h, des prises de parole sont venues rappeler les enjeux de la nouvelle lutte sur la ZAD : arracher des hectares de terres aux cumulards !

Face aux stratégies d’agrandissement de l’Amelaza, soutenons les nouvelles installations !

“Des agriculteurs qui n’avaient jamais manifesté contre l’aéroport se mobilisent aujourd’hui dans le but d’agrandir leur fermes, de s’enrichir sur une lutte qu’ils n’ont pas menée et d’empêcher ainsi de jeunes paysans de s’installer. Ils avaient pourtant accepté de laisser, pour l’aéroport, les terres qu’ils louaient contre d’importantes compensations financières et foncières.

Contrairement aux paysans résistants, les agriculteurs de l’Amelaza, majoritairement locataires, ont accepté de céder les parcelles qu’ils exploitaient sur la zad pour laisser place au projet d’aéroport. Ils ont touché en contrepartie des sommes considérables d’argent public, à hauteur de 2 à 4 fois le prix habituel d’achat pour chaque hectare de terres qu’ils louaient. Ils se sont aussi vus favorisés pour retrouver des équivalents en terres à l’extérieur de la zad. Dans l’attente d’un démarrage des travaux et en plus des terres retrouvées à l’extérieur, ils ont gardé des conventions gratuites et continué à toucher les aides européennes de la PAC sur les parcelles de la zad. Certains touchent même des aides PAC sur des parcelles qu’ils ne cultivent pas.

Aujourd’hui un certain nombre de ces agriculteurs, regroupés dans l’Amelaza, voudraient opportunément cumuler les gains en argent, les gains en terres à l’extérieur et s’octroyer en plus de manière pérenne les terres qu’ils n’ont pas défendues sur la zad. C’est communément ce que l’on appelle « vouloir le beurre et l’argent du beurre ».

Partout en France, l’agrandissement perpétuel des exploitations va de pair avec la désertification rurale, avec une agriculture toujours plus intensive et destructrice de l’environnement et avec la disparition du monde paysan. A Notre-Dame-des-Landes, après 50 ans de lutte pour sauver le bocage, il est impensable que les terres agricoles préservées suivent finalement la même logique. D’autant plus qu’il y a sur la zad un ensemble de projets d’installations de jeunes paysans portant une agriculture diversifiée, solidaire et respectueuse du bocage. Contrairement à ce que revendique sans gêne l’Amelaza, les parcelles sauvées sur la zad ne doivent pas servir à l’agrandissement de leurs propres exploitations mais bien être réservées à de nouvelles installations. D’autant plus que les agriculteurs compensés ont souvent des sièges d’exploitation éloignés de la zad et des formes d’agricultures antinomiques avec le maintien du bocage et de la biodiversité.

A titre d’exemple un GAEC de Saint-Etienne de Montluc de plus de 300 ha a été indemnisé de plus de 300 000 euros pour une 60 d’hectares de terres qu’ils louaient sur la zad. Ce Gaec refuse toutefois toujours de céder quelques hectares de terres qu’il a gardés en convention gratuite sur la zad. Ces terres sont pourtant indispensables à l’activité de jeunes paysans installés sur la ferme de Saint-Jean-du-Tertre.

A l’heure où le gouvernement s’apprête à voter la loi agriculture et alimentation et prépare pour l’année prochaine une grande loi foncière, alors que les terres agricoles ne cessent de disparaître et que celles qui restent vont à l’agrandissement des exploitations intensives, la zad doit rester un foyer de résistance sur ces enjeux majeurs.

Pour bien comprendre la sitution foncière agricole sur la zad

Les paysans historiques résistants cultivent 370ha de terres.

Dans la situation actuelle, 15 projets agricoles menés par des habitants arrivés dans le cadre du mouvement anti-aéroport ont signé de premières conventions précaires avec l’Etat. Cinq projets sont restés sans convention. Avec les premières conventions signées en juin, ces 15 projets se partagent pour l’instant seulement 170ha de terres. C’est très peu quand on sait que la moyenne des exploitations dans la région est d’entre 50 et 100ha.

Restent 514ha encore sous conventions précaires avec des agriculteurs compensés financièrement et en terres à l’extérieur. Ces parcelles devraient pouvoir permettre aux projets déjà existants sur la zad de se pérenniser, ainsi qu’à de jeunes paysans de s’installer plutôt que de servir à l’agrandissement d’exploitations voisines. Surtout quand on sait que certains agriculteurs compensés ont pour une seule ferme le double des 170 ha de surface utilisés pour les quinze projets conventionnés sur la zad.”

“En 2001, est annoncé la construction d’un nouvel aéroport pour la ville de Mexico sur le site de l’ancien lac Texcoco, au nord-est de la ville. En 2006, les habitant.e.s et paysann.e.s des villages de la région d’Atenco, organisé.e.s en tant que Frond des Peuples en Défenses de la Terre (FPDT) se révoltent contre la construction de l’aéroport et bloquent l’autoroute Texcoco-Lecheria, repoussant les policiers avec leurs machettes. Le projet a été suspendu mais cette victoire a été chèrement payée, puisque Peña Nieto, l’actuel président mexicain, ordonnait les 3 et 4 mai 2006 une violente opération policière ayant entraîné deux morts, des centaines d’incarcérations, et le viol de plusieurs dizaines de femmes embarquées par les forces de police.

En 2014, Peña Nieto a relancé le projet de construction sur les terres d’Atenco du « Nouvel Aéroport International de la ville de Mexico » faisant fi des recours juridiques en cours, tandis que des groupes armés par les entreprises et le gouvernement mexicain tirent désormais à balles réelles sur les opposants aux travaux.

Plus grand aéroport des Amériques, il doit coûter 11,5 milliards d’euros et accueillir jusqu’à 70 millions de passagers par an. Outre l’aéroport, doté de trois pistes et un terminal géant de 750 000 mètres carrés, plusieurs autoroutes d’accès sont en cours de construction, y compris sur des terres communales dont les habitant.e.s ont été expropriés par la force.

Les défenseurs et défenseuses de la Tierra madre du FPDT se sont solidarisé à plusieurs reprises avec la lutte contre l’aéroport de Notre Dame des Landes et nous souhaitons diffuser en retour des informations sur leur luttes.”

Discussion autour des espaces boisés avec le groupe Abrakadabois : « De l’arbre à la poutre »

Le collectif Abrakadabois mène depuis quatre ans des sessions de formation théorique, des balades sur le terrain, des formations pratiques et des chantiers d’abattage collectifs, en s’inscrivant dans une approche sensible et globale des espaces boisés. Le Conseil départemental s’est positionné pour racheter une partie des terres de la zad. Certaines parcelles qui se sont reboisées depuis déjà trente ans pourraient être passées au broyeur forestier afin de retourner à l’agriculture. De plus, la forêt de Rohanne pourrait bien se voir soumise au Régime Forestier et l’ONF redevenir son gestionnaire. Or on connaît la tendance actuelle de la direction de l’ONF à l’industrialisation des pratiques forestières au profit des lobbies financiers, comme le dénonce entre autres le mouvement de lutte au sein même de cette institution1. C’est dans ce contexte qu’Abrakadabois cherche à trouver un cadre juridico-administratif qui puisse assurer la poursuite de ses activités, dans la perspective d’ouvrir la forêt à tous et toutes, et de développer une filière en circuit-court « de l’arbre à la poutre », à destination des projets de construction locaux. Ceci se développera en conservant collectivement un rapport à la forêt qui ne privilégie pas l’aspect économique et gestionnaire mais qui soit attentif aux dynamiques forestières. Nous ne voulons pas détacher le fait d’habiter ces terres de la multiplicité des relations au vivant que cela implique. Pour la forêt, cela signifie assumer nos besoins en bois tout en ayant une approche particulièrement sensible en utilisant par exemple le débardage à cheval, en favorisant la diversité des essences, et en appliquant une sylviculture douce et irrégulière. Ces parcelles ont été épargnées du bétonnage grâce au mouvement dans son ensemble, aujourd’hui il nous appartient, à toutes et tous, de les sauver d’une exploitation industrielle en exigeant d’en garder l’usage commun.

Enfin, les membres d’Abrakadabois nous ont conseillé vivement le film "Le temps des forêts", de François-Xavier Drouet.

Participez au fonds documentaire « forêts » du Taslu !

Le collectif Abrakadabois invite à faire don à la bibliothèque « le Taslu » d’un ou de plusieurs afin d’enrichir ce fonds qui constitue une ressource précieuse pour le collectif et toutes les personnes passionnées par ce thème :
“Nous avons assemblé une liste de suggestions, que nous avons mise sur un Pad en ligne (https://pad.riseup.net/p/Fonds_documentaire_Abrakadabois) afin d’éviter les doublons. Vous pourrez ainsi mettre un nom devant chaque titre que vous voulez ramener. Et au cas où il y aurait quand même des doublons pas de panique : nous apporterons ceux-ci le 25 octobre à l’occasion de l’arrivée de la « Marche pour la forêt » pour nourrir les réflexions d’autres luttes de défense des forêts (Bure, Roybon, Morvan, Bugeat-Viam, etc.)” Liste des ouvrages suggérés

La journée s’est terminée autour d’un magnifique spectacle en forêt alors que les concerts commencaient sous la charpente du hangar de Bellevue...

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