Il peut sembler tardif de revenir sur le 1er mai à Caen, mais avec ce qu’il s’est passé dans d’autres villes comme Paris et Lyon, nous avons hésité à prendre la parole, et c’était une erreur. En effet, si presque tout le monde a donné son avis sur la réputation répressive du service d’ordre de la CGT ou sur les totos ou cryptofachos qui seraient à l’origine de l’attaque, un mois après, rien n’est résolu. Néanmoins, il y a presque accord de toutes parts pour affirmer que cela est le reflet de la crise actuelle et d’une perte de confiance dans les appareils syndicaux. On pourrait même ajouter qu’il s’agit d’un énième signe de l’avènement du relativisme postmoderne. En effet, chacun rumine dans son coin pour y établir sa vérité, en opposition à l’autre, sans se soucier d’arriver à en fonder une commune, plus large. L’altérité disparaît derrière l’idéologie et la saturation médiatique, et tout le monde met une pièce dans la machine, persuadé d’avoir un mot utile à dire. Rien de tel pour annihiler toute critique sociale solide, et donc que l’hégémonie capitaliste perdure… Finalement, on aurait dû prendre la parole plus tôt, mais mieux vaut tard que jamais, car si des événements peuvent être le reflet d’une situation générale, ce ne fut pas le cas à Caen, ces embrouilles métropolitaines n’y ont pas pris corps.
À Caen, ce 1er mai 2021, il faisait beau et tout s’est bien passé, dans un mélange de bonne humeur et d’impertinences au pouvoir. Un cortège s’est formé sans anicroche devant les syndicats, et une banderole de tête annonçait la couleur : « féministes, exilé.e.s, précaires, en lutte contre le capitalisme ! » Dans ce cortège assez bien garni, on trouvait des intermittents du spectacle et des précaires qui occupaient les théâtres contre la réforme du chômage, des gilets jaunes et des personnes des quartiers populaires, des féministes et sympathisants cagoulées de tissus violets, des militants libertaires et autonomes, et mêmes quelques chasubles de syndicats, qui déambulaient comme attiré par le rythme de la batucada. Bref, une sorte de cortège des différences anticapitalistes. Et avec la chaleur, on se serait presque cru à un contre-sommet !
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