L’objectif était pour nous de confisquer la parole au mouvement du nid et de faire entendre celle des personnes concernées en distribuant des tracts et en lisant l’appel sus-cité ainsi que le préambule de la déclaration des droits des travailleurs.euses du sexe en Europe.
Au début de la conférence quelques personnes de notre groupe se sont levées et ont pris les micros pendant que d’autres ont commencé à distribuer des tracts. Si sous l’effet de la surprise les personnes du mouvement du nid nous ont laissé nous saisir du micro, très rapidement des jeunes communistes ont tenté de nous la confisquer, d’abord en s’insurgeant bruyamment (en criant à la censure notamment) puis en coupant la sono et enfin en tentant d’arracher les tracts de nos mains. Pour autant nous avons continué malgré les intimidations multiples (par exemple en essayant de nous photographier et nous filmer contre notre volonté). A noter qu’il s’agissait majoritairement de mecs cis-genre [1] gonflant le torse et haussant la voix pour essayer de nous impressionner. Enfin lorsque nous avons quitté la salle nous avons croisé plusieurs personnes qui venaient probablement en renfort pour nous dégager. A noter aussi que quelque temps après notre départ des ami-es présent-es dans la maison de quartier nous apprennent le passage des flics.
Les diverses stratégies visant à nous réduire au silence témoignent de la mauvaise foi et de la malhonnêteté des jeunes communistes et du mouvement du nid qui au final ne sont pas là pour débattre mais asséner une parole univoque qui ne prend pas en considération les réalités de terrain.
Apparemment, pour eux, leur opinion est plus importante que celle des travailleurs.euses du sexe.
Ci-dessous le texte lu au cours de l’action :
Nous, femmes et/ou personnes trans féministes exerçant ou ayant exercé comme travailleur·se·s du sexe et leurs allié-es, sommes très en colère de constater que les Jeunes Communistes 35 ont choisi pour animer la moitié de leurs conférences données à Rennes dans le cadre du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, des associations abolitionnistes néfastes aux travailleur·se·s du sexe.
Nous sommes particulièrement révolté.e.s par le fait que la conférence du 8 mars au soir soit une conférence sur la prostitution donnée par le Mouvement du Nid. Les inviter pour parler droits des femmes dans le cadre de la prostitution, c’est comme inviter Pierre Gataz pour donner une conférence sur l’anticapitalisme, inviter un curé pour parler contraception ou encore Christine Boutin pour discuter droits des LGBTI !
Nous tenons donc à rappeler que le lobby abolitionniste qu’est le Mouvement du Nid s’arroge une parole d’expert sur la prostitution dont il n’a aucune légitimité. Les vrais experts sur la prostitution, ce sont les travailleur·se·s du sexe !
Le Mouvement du Nid, comme les autres mouvements qui veulent notre abolition, sont déconnectés de nos réalités et déforment notre parole pour mieux maintenir leur pouvoir.
Le mouvement du Nid est une organisation qui fonctionne avec un budget de centaines de milliers d’euros de financement public par an pour diffuser la bonne parole issue de leur christianisme bien pensant.
Le Mouvement du Nid défend une politique prohibitionniste à l’égard du travail du sexe, une politique qui pousse les travailleur·se·s dans le clandestinité et les rend plus vulnérables à l’exploitation, aux violences, et à la stigmatisation.
S’inscrivant dans ce type de politique, la loi sur la pénalisation des clients en application depuis presque un an met les travailleur·se·s du sexe en danger, notamment les plus précaires qui sont celles qui subissent le plus de discriminations. Les personnes migrantes et/ou trans travailleuses du sexe sont particulièrement impactées par cette loi hypocrite. Le collectif Existrans par exemple revendique l’abolition de cette loi. Rappelons enfin que le droit pénal français dispose de tous les outils nécessaires pour lutter contre la traite et l’exploitation des êtres humains.
Comme tout·e travailleur·se dans cet état capitaliste, ce dont nous avons besoin, c’est l’auto-organisation face à nos exploiteurs !
C’est notre discours de premières concernées sur cette question qui doit être relayé ! Le travail d’allié des syndicats et associations mobilisés pour le 8 mars est de faciliter notre empowerment féministe et syndical et non de donner un espace de parole aux personnes qui luttent contre nos droits.
Mon corps, mes choix !
Des droits pour les travailleuses !
Ce texte a été rédigé par des femmes et/ou personnes trans travailleuses du sexe ou ayant été travailleuses du sexe et sera diffusé avec l’aide d’allié-e-s de notre lutte.
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