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Affaire Vincenzo Vecchi : "Je suis sorti de prison mais je ne suis pas libre"

Rennes
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« J’ai manifesté avec des moyens que j’estimais légitimes, et j’ai fui ma condamnation car je la savais injuste. » Vincenzo Vecchi

Après trois mois de détention en France, Vincenzo Vecchi, habitant de Rochefort-en-terre (dans le Morbihan) sous la menace d’une condamnation à douze ans de prison en Italie en raison de sa participation à la manifestation contre le G8 de Gênes, a été libéré le 15 novembre. Alors que Vincenzo Vecchi était ciblé par deux mandats d’arrêts européens, ceux-ci ont été déclarés inapplicables par la cour d’appel de Rennes.

D’une part, le mandat d’arrêt européen concernant une condamnation à Milan pour la participation de Vincenzo à une manifestation antifasciste interdite (alors que le rassemblement d’un groupe ouvertement fasciste avait été autorisé) est déclaré sans objet par la cour d’appel de Rennes, puisque l‘exécution de la peine fut déclarée éteinte le 25 mars 2010 par le Tribunal d’Application des Peines de Milan.

D’autre part, concernant la condamnation relative à la manifestation contre le G8 de Gênes, les juges retiennent principalement l’absence de justificatif de transmission à l’Italie de la demande d’avocat formulée par Vincenzo Vecchi. Les exigences du code de procédure pénale français n’ayant pas été respectées, la cour constate que la procédure d’exécution du mandat d’arrêt européen est irrégulière et ordonne en conséquence la remise en liberté immédiate de Vincenzo.

Tentant d’éviter le contentieux avec la justice italienne, c’est donc en raison d’une irrégularité de procédure commise en France que les magistrats de la cour d’appel de Rennes ont refusé d’appliquer le mandat émis par l’Italie. La cour d’appel de Rennes ne statue pas sur le fond du dossier : la réactivation de la loi fasciste sanctionnant le « saccage et pillage », la référence à une responsabilité collective permettant de condamner à plus de dix ans de prison une personne pour sa simple présence sur les lieux, et la tentative de manipulation de l’État italien émettant un mandat d’arrêt pour une peine déjà purgée, ne sont pas abordés dans ces arrêts prononcés à Rennes.
En réaction, et sans surprise, l’avocat général a décidé de se pourvoir en cassation pour obtenir l’exécution du mandat d’arrêt européen contre Vincenzo Vecchi. La cour de cassation doit se prononcer sous quarante jours, et la mobilisation du comité de soutien continue donc. Lors d’une réunion publique qui s’est tenue le lundi 2 décembre à Rochefort-en-terre, Vincenzo Vecchi résumait ainsi la situation : « Je suis sorti, mais je ne suis pas libre ». En effet, même si les arrêts de la cour d’appel de Rennes étaient confirmés par la cour de cassation, nous ne savons pas ce qu’il se passerait si l’Italie émettait un nouveau mandat d’arrêt. De plus, comme le déplorait le romancier Eric Vuillard dès le 15 novembre, le mandat d’arrêt n’est cassé qu’en France, et Vincenzo Vecchi pourrait donc être arrêté dans tous les autres pays de l’Union Européenne.

La lutte menée les soutiens de Vincenzo Vecchi n’est donc pas terminée, tant le cas de leur ami, le seul des dix condamnés de Gênes à ne pas être emprisonné, semble symbolique aux yeux de l’État italien. C’est ce que résumait son comité de soutien :

« On cherche ainsi des responsables selon la théorie du bouc émissaire qui, donné en pâture au public, favorise la cohésion d’un peuple. Sous le prétexte d’une identité rendue problématique par les mouvements de population, [l’Italie] instrumentalise les outils européens pour justifier le renouveau nationaliste.  »

Passé le moment de joie qui a légitimement fait suite à la libération de Vincenzo, la mobilisation continue donc. Tout en saluant une « grande démonstration de l’indépendance de la justice » dans la libération de Vincenzo, ses avocats reconnaissent que c’est aussi la mobilisation citoyenne qui a permis que leur client ne soit pas remis à l’Italie. C’est donc cette lutte qui, à Rochefort-en-terre comme ailleurs, continue, jusqu’à la victoire finale.

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