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Déjouer le vocabulaire pro-sioniste

Guerres - Armement Solidarités internationales

Depuis l’offensive du 7 octobre des branches armées palestiniennes, la propagande sioniste de l’État d’Israël est largement relayée en France - un fervant partenaire du colonialisme israélien. Chaque mot est bien choisi pour déligitimer les luttes pour la libération de la Palestine, et victimiser Israël.

Petite tentative d’autodéfense décoloniale pour commencer à appeler réellement un chat un chat !

État démocratique d’Israël,
ou État colonial d’Israël ?

Une démocratie est notamment définie par 2 choses essentielles : une constitution et des frontières. Or Israël n’a ni l’une ni l’autre.

La constitution est censé assurer la limitation des pouvoirs (politique, judiciaire et législatif) et préserver les droits fondamentaux et libertés des citoyen·nes.
Quand aux frontières, si Israël n’en a jamais définit officiellement, cela lui permet de continuer l’expansion coloniale, années après années.

Cela fait plus de 75 ans que les palestinien·nes sont colonisés par Israël, avec leurs lots de massacres, d’explusions, de dénigrement de leurs droits, de pression constante. Le colonialisme israélien est dit "de peuplement" : le moyen de s’accaparer la Palestine est de la peupler d’un maximum de juif-ves, tout en obligeant à l’exode les populations locales.

État démocratique d’Israël,
ou État d’apartheid d’Israël ?

L’apartheid défini les régimes politiques imposant la domination et l’oppression d’un groupe racial par un autre.

En Palestine occupée, depuis des décennies Israël procède à des pratiques discriminatoires consistant à saisir des terres et des biens, démolir des logements et procéder à des expulsions forcées. Un système de lois et de politiques confinent les Palestinien·nes dans des enclaves, les soumettent à diverses mesures de contrôle de leur vie, et les séparent de la population israélienne [1]

Israël-Hamas,
ou Israël-Palestine ?

1°) On diabolise le Hamas
2°) On fait croire que l’armée israélienne se bat uniquement contre lui
3°) L’armée israélienne commet les pires exactions et accélère la colonisation
4°) 10 ans plus tard on remet ça avec une nouvelle organisation palestinienne

Cette réthorique "Israël-Hamas" oublie consciemment que les luttes armées sont aussi portés par d’autres entités palestiniennes (brigades de la résistance nationale, FDLP, FPLP, pour ne citer qu’elles).
Elle permet aussi d’oublier que les luttes pour la libération de la Palestine contre le colonisateur sont légitimes et sont portées par tout un peuple opprimé.
C’est enfin une manière de ne pas parler de la colonisation de l’État d’Israël, notamment en Cisjordanie où les colons harcèlent les palestinien·nes pour voler leur terre, et où plus de 200 palestinien·nes ont été tué·es depuis le 7 octobre.

La colonisation est un processus qui s’attaque à tou·tes les palestinien·nes, Hamas ou non.

Conflit,
ou guerre coloniale ?

Lorsqu’un État colonise une population, les temps de paix n’existent jamais vraiment, et les temps de guerres déclarés sont des espaces temps supplémentaires dans lequel l’État colonisateur profite pour gagner du territoire et éliminer les résistances.

Depuis plus de 75 ans, Israël ne respecte pas les résolutions de l’ONU demandant, entre autre, l’arrêt de l’implantation de colonies. Aidé militairement et économiquement par les pays occidentaux, dont la France qui lui a vendu l’arme nucléaire [2], l’État sioniste continu à discriminer les palestinien·nes et soutien passivement et activement les colons dans le vol des terres.

Guerre de religion,
ou guerre coloniale ?

Les palestiniennes qui vivent sur place depuis des siècles sont principalement musulman·es, mais sont aussi chrétien·nes ou juif-ves.
Lorsque des juif-ves ont fuit les pogroms d’Europe fin du XIXe / début XXe, la plupart des palestinien·nes étaient d’accord pour accueillir une partie d’entre elleux.

A l’origine, le projet colonial sioniste était principalement laïque. Il était porté par des groupes de culture juive mais minoritaires chez les juif-ves : des sionistes ultra-nationalistes très peu religieux. Ce projet a été aussi largement alimenté par l’antisémitisme des pays occidentaux, qui voyaient d’un bon oeil que les juif-ves partent ailleurs.

Le projet sioniste a ensuite puisé dans la religion juive pour se légitimer et pouvoir s’accaparer les terres palestiniennes de force avec l’argument incontournable de "terre promise". Le sionisme nationaliste a donc comme objectif de "récupérer" cette terre promise, quitte à éradiquer les palestinien·nes sur place.

La domination en invoquant la religion juive est donc principalement un prétexte au projet coloniale sioniste.

Groupe terroriste,
ou mouvement de résistance ?

Dans un contexte colonial, tout mouvement de lutte qui vise le colonisateur s’appel mouvement de résistance. Et comme le dit Mandela : « C’est toujours l’oppresseur, non l’opprimé qui détermine la forme de lutte. Si l’oppresseur utilise la violence, l’opprimé n’aura pas d’autre choix que de répondre par la violence. »

Le qualificatif "terroriste" n’a aucune définition en droit international. C’est un concept politique utilisé pour délégitimer l’ennemi (même l’AFP refuse de l’utiliser).
Pour autant, le droit international définit les "crimes de guerre", applicable aux colonisateurs comme aux colonisé·es.

Pogroms du 7 octobre,
ou massacres (ou offensive) du 7 octobre ?

Les pogroms sont des massacres contre les juif-ves, pour l’unique raison qu’il sont juif-ves. Ceux-ci se sont déroulés dans des pays où les juifs sont une minorités et sont accablés par l’antisémitisme, principalement en Europe au XIX et XXe siècle.

Le 7 octobre, que l’on soit en désaccord ou non avec les moyens violents utilisés, les armées palestiniennes ont attaqués des Kibboutz, des bases de l’armée, un festival, des villages, etc. pour s’en prendre aux sionistes qui les oppriment, pour s’en prendre à l’armée et aux colons israélien·nes. Pas parce qu’iels sont juif-ves. Mais parce qu’ils vivent sur des territoire volés, qu’ils font leur service militaire en opprimant les gazaouis, que c’est devenu un lieu de vacances à quelques kilomètres d’une population enfermé sur 360km² depuis 16 ans et qui manque de tout [3].
Ici, le peuple colonisé, minorisé, ce sont bien les palestinien·nes.

Ces terribles massacres sont a déploré. Mais c’est l’État colonisateur qui est le principal responsable de cette violence.

Victimes colatérales,
ou génocide ?

La guerre coloniale subit par les palestinien·nes depuis 75 ans est asymétrique. Le rapport de force militaire est totalement en faveur de Tsahal. Pilonner sans relâche la plus grande prison à ciel ouvert du monde (Gaza) quand la population n’a nulle part où aller, c’est un acte délibéré, une volonté d’éliminer les palestinien·nes et de les contraindre à choisir entre la mort ou l’exil.

Mais citons plutôt le directeur du bureau new-yorkais du Haut-Commissariat des droits de l’homme à l’ONU, Craig Mokhiber, dans sa lettre de démission du 28 octobre : « Il s’agit d’un cas typique de génocide. Le projet européen, ethno-nationaliste, de colonisation en Palestine est entré dans sa phase finale » [4] .

Fuite des combats,
ou exil forcé ?

A Gaza, l’armée israélienne à clairement exigé aux populations de partir, sous peine de mourir sous les bombes. Plus de 2 millions de personnes sont concernées.
En Cisjordanie, colons et armée israélienne harcèlent les palestinien·nes pour leurs voler leur terres.
Cela fait tristement échos à la "Nakbah" (catastrophe en arabe) de 1948, où 700 000 palestinien·nes ont été obligés de quitter leurs terres à cause des violences coloniales.

Prisonnier·es,
ou otage ?

10 000 palestinien·nes sont actuellement détenu·es dans les prisons israéliennes, subissant agressions, retrait du voile, torture, attouchement, négligence médicale... Depuis 1967, 800 000 palestinien·nes sont passé par ces prisons, soit 20% de la population totale.

Nombre d’entre elles-eux sont incarcéré·es par "la détention administrative". Celle-ci est une procédure qui permet à l’Israël de détenir une personne pendant 6 mois sans inculpation ni procès, renouvelable indéfiniment. Il serait aujourd’hui plus de 1300 détenu·es sous ce régime arbitraire.
Pourquoi ne pas qualifier ces 1300 personnes d’otages ?


Inspiré de l’article Petit vocabulaire de propagande sioniste., club de Mediapart, 26 novembre.

Pour aller plus loin

  • Chaîne Youtube : Parole d’Honneur, une émission de débat politique, pour un regard neuf sur l’actualité en faisant entendre la voix des quartiers et de l’immigration post-coloniale
  • Orient XXI : Journal sur les actualités du monde arabe et musulman


Douceuradicale@riseup.net

Le 29 novembre 2023

Notes

[1L’apartheid israélien envers le peuple palestinien, Amnesty International, février 2022.

[2Comment la France livra l’arme atomique à Israël, Courrier International, octobre 2003

[3Avant le 7 octobre, Israël ne laissait passer que 131 camions par jour dans la bande de Gaza. Ce nombre correspond à un cynique calcul du nombre de calorie nécessaire aux Gazaouis !

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À l’heure où ces lignes sont écrites, il y a plus de 40 000 morts ou disparus à Gaza. C’est l’équivalent de 1 300 000 morts en France. Plus personne ne peut nier, malgré le matraquage médiatique et malgré la complicité du pseudo « arc républicain », qu’on a affaire à un génocide.

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