Nous sommes 400 rassemblé.e.s place de la Mairie le soir du 25 novembre 2017, journée internationale pour l’élimination des violences contre les filles et les femmes. Nous sommes heureuses de nous retrouver avec des ami.e.s qui ont l’habitude des manifs féministes et d’autres qui participent à ce type d’événement pour la première fois. Nous sommes reconnaissantes que des femmes aient pris l’initiative d’organiser cette marche pour dénoncer dans la rue les violences machistes.
Des hommes sont présents également, dont certains appartiennent aux organisations syndicales et politiques, signataires de l’appel à manifester. Banderoles et pancartes affichent « PRÉPAREZ-VOUS À NOUS ENTENDRE #METOO », « JUSTICE POUR LES FEMMES », « Les victimes dénoncent. A quand les jugements ? », etc...
Après plusieurs prises de parole, nous nous mettons en marche encouragé.e.s par les slogans féministes « Agresseurs, violeurs, c’est à vous d’avoir peur ! », « Solidarité avec les femmes du monde entier », « Violeur t’es foutu, toutes les femmes sont dans la rue ».
Avec l’explosion des récits publics de violences sexuelles subies par les femmes, cette manifestation prend une dimension exceptionnelle. C’est d’ailleurs la deuxième manifestation de l’année à Rennes. La précédente ayant eu lieu quelques semaines plus tôt pour relayer dans la « vraie vie » ce qui ce passe avec #Metoo et #Balancetonporc. C’est un moment unique pour se rassembler, exprimer sa colère ensemble et revendiquer un changement radical de société.
Après quelques temps de marche, nous entendons à l’arrière du cortège, le slogan « Flics, violeurs, assassins » repris par une partie importante des manifestant.e.s. On entend beaucoup de voix fortes d’hommes. D’autres slogans à l’attention des flics focalisent l’énergie du groupe « Cassez-vous, cassez-vous », « Les féministes détestent la police », etc...
Bien sûr que les violences policières sont graves et impunies et qu’il est nécessaire de se mobiliser contre des crimes racistes et l’usage du viol comme outil de répression.
Cela étant dit, nous sommes choquées que la manif contre les violences machistes prenne la forme d’une manif contre les violences policières. Nous ne sommes pas venues pour ça. Nous luttons contre toutes les violences masculines exercées contre les femmes. Les hommes qui commettent ces violences sont flics ou prisonniers, conservateurs ou anarchistes, patrons ou ouvriers, riches ou pauvres, blancs ou noirs, BCBG ou hippies, religieux ou athées. Tous font partie de la classe des hommes. Et tous les hommes, même s’ils n’exercent pas de violences contre les femmes, comme le dit Patrizia Romito « récupèrent certains avantages de la violence exercée contre les femmes. Avantages tels que facilité d’accès aux relations sexuelles, gratuité des services domestiques, accession privilégiée à des postes de travail plus élevés et mieux rétribués, avec tous les bénéfices psychologiques qui en découlent » [1].
Des militant.e.s ont donc réussi à détourner la manifestation de son combat principal. Nous nous retrouvons invisibilisées par des hommes du cortège qui ne peuvent pas rester en retrait et qui font porter leurs voix plus haut que les nôtres.
Nous ne voulons plus revivre cela. Les organisatrices ont tenté de reprendre la main en scandant les slogans féministes. Mais comme par hasard, ils n’ont pas été repris avec autant de force par une partie du cortège. Nous espérons que les personnes qui ont fait cela se reconnaîtront et remettront en question leurs pratiques militantes. De toute façon, nous resterons vigilantes afin que cela ne se reproduise pas lors des prochaines manifestations féministes.
Le combat continue !
Des femmes contre le patriarcat
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