Mardi 26 septembre, le Président de l’Université a adressé un mail à tout·es les étudiant·es de Rennes 2 à propos du Harcèlement Sexuel. On aurait pu s’attendre à un mail explicatif et pédagogique concernant les recours possibles pour les victimes ; il s’agit en réalité d’une lettre visant à dissuader toute tentative de dénonciation publique des agresseurs et harceleurs. Nous, étudiant·es de Rennes 2, souhaitions y répondre et exprimer notre indignation à la lecture de ce communiqué.
Nous nous inquiétons tout d’abord sur la portée d’un tel geste. Ce message pourrait décourager des victimes ou des témoins à dénoncer des situations de harcèlement qu’elles pourraient subir ou voir, et cela alors que nous savons déjà que briser le silence est particulièrement difficile. Nous pensons que ce n’est pas le fait d’alerter sur des comportements dangereux qui dessert la lutte contre le harcèlement mais bien le fait de traiter le problème « discrètement » dans les couloirs de l’administration. Au lieu de briser l’omerta, cela la conforte : pourquoi devrait-on avoir honte de dire que l’on se fait harceler ? Ce calfeutrement des questions liées au Harcèlement Sexuel profite aux coupables et dessert les victimes.
Nous considérons que le Harcèlement Sexuel est la conséquence d’un système plus global. En effet, nous pensons qu’il est nécessaire d’analyser ce problème au travers des rapports de dominations entre les genres qui traversent la société. C’est pourquoi nous avons pour postulat une présomption de vérité en ce qui concerne la paroles des victimes. Au vu du contexte général, il est nécessaire de ne pas remettre en cause cette parole alors qu’elle est déjà discréditée à bien des niveaux. Nous aurions donc préféré voir l’université encourager la parole des étudiant·es sur des cas de harcèlement plutôt que de tenter d’intimider les personnes désireuses de s’exprimer à ce sujet.
Les dénonciations anonymes sont d’autant plus nécessaires qu’on sait que le harcèlement sexuel est un phénomène qui reste dans l’immense majorité des cas impunis. Cela concerne les affaires qui sont portées devant la justice (d’après une enquête IPSOS, 90% des plaintes sont classées sans suite) mais aussi celles qui sont traitées par l’université. Bien souvent, c’est même un parcours du combattant pour ne serait-ce que parvenir à contacter la cellule juridique et saisir la section disciplinaire. En effet, les informations à ce sujet sont inexistantes sur les plateformes d’informations de Rennes 2 et à plusieurs reprises nous avons été surpris·es de constater que certains maillons de l’administration avaient mal orienté les victimes.
Au vu du contexte nous réaffirmons qu’il est légitime pour les victimes de vouloir alerter sur ce qu’elles ont vécu. Alors que leurs témoignages sont souvent niés et que leurs agresseurs restent impunis, elles se trouvent délaissées par les « canaux institutionnels ». L’anonymat leur permet donc de pouvoir mettre leur harceleur en cause sans craindre de subir des représailles.
Nous constatons que malgré les efforts entrepris par la présidence, il reste un énorme travail à effectuer pour une réelle prise en charge du Harcèlement Sexuel. Et ces progrès ne pourront avoir lieu que grâce à une mobilisation humaine et financière à la hauteur du problème.
Signataires du communiqué de presse :
Alliance Rebelle de Rennes 2, Armée de Dumbledore, Collectif FéminismeS de Rennes 2, Commune Vision, CNT-FAU 35, Ensemble ! Jeunes, Jeunes Ecolos, Solidaires Etudiant·es Rennes, UNEF Rennes 2, Union des Etudiants Communistes de Rennes
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