Troisième volet de la suite non épique, dont la première et la deuxième partie avaient été publiées ces dernières semaines.
1)
la fumée s’étant diluée pour un temps
nous vîmes que nous étions nus
aux mains de la police
restait la fumée des discours
auxquels plus personne ne croyait
alignés sur mensonges et incompétence
terreur et corruption régnaient
une pègre à col blanc
protégée par les officielles milices
occupait ce pays soupçonneux
la solitude était plus grande que jamais
tandis que « l’union nationale » rappelait quelque chose
le bruit de fond de BFM and Co résonnait comme Radio Paris
et de jeunes banlieusards mouraient sous les balles
je ne trouvais plus d’humanité qu’au marché noir
le temps s’était fermé à double tour
le moindre rougeoiement brûlait comme la braise.
* * *
2)
tu me demandes :
– est-ce une occupation ?
l’armée étrangère sévissait déjà
pour un ordre qui n’est pas le mien
quoi de plus étranger qu’un soldat en arme
ou un lever du drapeau
mais tout aussi étrange, une usine en marche
et tous ces abattoirs
masses d’esclaves derrières des machines
ou derrières des écrans
– domestication à l’infini !
caressé par la griffe de l’immobilité
vous voici méditatifs et sans entrain
beaucoup sont plus calmes
même avec l’inquiétude
certains se font brutaux ou délateurs
mais ils l’étaient déjà
je n’ai jamais souffert de la solitude
mais d’être étranger
mais d’être enfermé
pour reprendre une image facile :
la solitude et la relation
sont les deux profils d’un même visage
le visage doit être entier
pour aimer, pour vivre et exister
(sous peine d’être cadavre
et se nourrir de cadavres)
* * *
3)
le regard du passant
masqué
ne perd le goût des yeux
on ne sait plus pourquoi
l’on vit
sans ce pourquoi
qui se partage
plus personne que pour moi-même
je me sens vidé du mot
« désir » m’étouffe
en face la fenêtre s’est
jetée du haut du mur
plus qu’un barrage
la bouche muette d’un
fossoyeur.
* * *
4)
jamais le cimetière n’a autant
ressemblé à une ville
jamais les morts n’ont expiré
avec un souffle si près du mien
jamais la vie n’a pu affleurer
comme aujourd’hui
à l’idée de l’éternité
je contracte un sourire
à la vue de ton visage
je me prends à te lire
à l’orée de la nuit
tu fais que je ne suis plus je
&
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