Oui, on en est là. L’Echo de l’Armor et de l’Argoat, qui ne manque certainement aucune célébration du 8 mai 1945 ou de la Libération, fait preuve d’une extrême légèreté dans son article publié le 14 juin sur la manifestation qui s’est tenue samedi à l’initiative du Collectif de vigilance antifasciste des Côtes-d’Armor (CVA 22), qui s’est tenu samedi 10 juin, après 15 h, dans le centre-ville.
Ainsi, l’abbé Perrot aurait une "histoire qui porte à controverse" et Breiz Atao serait un "mouvement séparatiste radical de l’entre-deux guerres". Rien de plus.
C’est avec d’infinies précautions langagières confinant au révisionnisme que le canard local évoque la période la plus noire du XXe siècle en Bretagne, alors que ces noms servent aujourd’hui de références pour les groupuscules racistes qui se forment dans notre région. L’antisémite le plus virulent de toute la fachosphère francophone, l’inénarrable Boris Le Lay, condamné régulièrement à de la prison ferme pour ses déchaînements de haine sur le web, ne s’y est pas trompé en nommant son site... Breiz Atao.
Nous nous sommes donc permis de rajouter en rouge quelques notes à l’article publié jeudi 14 juin.
Précisons que le journaliste ou correspondant n’a pas assisté plus d’un quart d’heure à la manifestation qui a duré deux heures en tout, prenant en photo les manifestants sans leur adresser la parole, alors que certains préfèraient garder l’anonymat pour des raisons de sécurité évidentes (d’où les masques et foulards).
Il n’a donc pas pu assister aux prises de parole devant la fontaine de la Plomée. Elles posaient pourtant le contexte du rassemblement, en mémoire de Clément Méric et des autres militants tués ou mutilés par des fascistes, rappelant aussi les atteintes aux droits commises par nos gouvernants. Une séquence qui démontrait la pluralité des opinions, impossibles à réduire dans en une "extrême-gauche" bien commode pour qui fait preuve de paresse intellectuelle. Une expression passablement méprisante qui met sur un même plan des opinions pourtant incomparables afin de mieux les neutraliser.
Il n’a pas pu voir non plus le groupe de hooligans qui s’en est pris physiquement au cortège, où se trouvaient pourtant des enfants, place du Centre puis sur le pont Saint-Sébastien, avec jets de bouteille en verre à la clé.
Cerise sur le gâteau il n’évoque pas le bras droit tendu très explicite de Jérome Bannier (Jerom’ ar Banner sur le web) dont La Horde reproduit la photo, ou encore les propos racistes pourtant parfaitement audibles tenus par le même tenancier de pub depuis sa fenêtre. Alors qu’il était juste à côté !
Après l’article promotionnel dont a bénéficié le bar dans Le Télégramme Guingamp, nous étions échaudés. Nous devons constater que la presse locale n’a pas annoncé la manifestation et que lorsqu’elle a couvert celle-ci elle aurait mieux fait d’éviter. Surtout, nous attendons une enquête plus sérieuse qu’un coup de fil aux tenanciers pour vérifier nos informations. Car ce qui se passe à Guingamp n’est pas rose et personne n’a l’air de s’en inquiéter.
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