NON AU GOUVERNEMENT PATRIARCAL, RACISTE, LGBTQIA+PHOBE ET COLONIAL
Suite à la démission d’Edouard Philippe le 3 juillet, Emmanuel Macron a nommé Jean Castex au poste de Premier Ministre. Le gouvernement, avec le remaniement ministériel, nous a montré que la « grande cause du quinquennat » et la lutte contre les discriminations ne font que l’objet d’un engagement de façade de sa part. Il a montré que la dignité et le respect des femmes, des personnes LGBTQIA+ et des habitant.es des Outre-Mer sont moins importants à ses yeux que le maintien au pouvoir des oppresseurs.
En nommant Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur, un message clair nous est adressé, à nous qui subissons les violences sexistes et sexuelles et qui nous battons chaque jour pour qu’elles cessent : une accusation de viol n’empêche pas de devenir ministre. Un procès pour viol est en effet en cours d’instruction contre Gérald Darmanin, l’enquête ayant été ré-ouverte suite à une décision de la Cour d’appel. Avec un violeur présumé comme chef des polices, on nous dit que la vie d’une femme est moins importante que l’ascension politique d’un homme. C’est nous dire que nos combats ne méritent pas d’être entendus. La nomination de Gérald Darmanin nous montre aussi qu’aux yeux du gouvernement en place, l’homophobie n’est pas un problème. Refuser de marier un couple de personnes de même genre et dénigrer les droits des personnes LGBTQIA+ chaque jour n’empêche pas de devenir ministre. C’est une violente banalisation des oppressions sexistes et LGBTQIA+phobes.
En nommant Marlène Schiappa déléguée du ministère de l’Intérieur chargée de la Citoyenneté, l’Etat nous montre que le pouvoir reste entre les mains des hommes cisgenres blancs, et montre sa volonté de ne pas accorder trop de pouvoir à celleux qui pourraient s’en servir pour lutter contre les discriminations. Marlène Schiappa se retrouve en effet sous la direction de Gérald Darmanin, accusé de viol, alors qu’elle était auparavant chargée de lutter contre les violences sexistes et sexuelles en tant que Sécrétaire d’Etat chargée de l’égalité Femmes-Hommes.
En nommant Eric Dupond-Moretti au ministère de la Justice, le gouvernement nous dit que la Justice continuera de protéger les violeurs et les harceleurs. Cet homme dit en effet que les femmes et minorités de genre “regrettent de ne plus être sifflées” dans la rue. Selon lui, le viol en réunion n’est qu’un amusement entre copains. Il critique le mouvement #MeToo et son ampleur, en voulant circonscrire la libération de la parole des victimes de violences sexistes au domaine de la Justice. Mais quelle justice peut-il y avoir, lorsque le ministre de la Justice est un fervent défenseur de violeurs, harceleurs et auteurs de féminicides qui plaide pour leur acquittement ? Sa nomination est une incitation à la silenciation et à la non-reconnaissance des victimes de violences sexistes et sexuelles. Eric Dupond-Moretti, adversaire des féministes, s’est en effet illustré à plusieurs reprises par des propos sexistes et diffamatoires envers les victimes de ceux qu’il défendait. Cela ne fait que renforcer le climat de peur déjà existant pour les victimes de violences sexistes et sexuelles : aller porter plainte, lorsque l’on sait que la police est susceptible de ne pas écouter la victime, de vouloir atténuer sa parole et son vécu, et que seuls 1% des violeurs sont condamnés au final, est très difficile. Avec un tel ministre de la Justice, le signal est clair que la parole des victimes est encore une fois bafouée. La culture du viol n’est que renforcée et banalisée.
En nommant Elisabeth Moreno ministre déléguée à l’égalité Femmes-Hommes, à la diversité et à l’égalité des chances, le gouvernement réaffirme sa position conservatrice par rapport à la lutte contre les discriminations. Sa nomination est comme une caution universaliste, une manière de dire “l’égalité des chances existe et vos droits seront respectés puisqu’une femme noire issue d’un milieu défavorisé devient ministre dans le but de les faire respecter”. Mais Elisabeth Moreno a été présidente de grandes entreprises, sa vision de la question des discriminations et ses moyens d’action sont directement issus de la classe dominante. D’emblée, elle refuse de s’identifier aux féministes « agressives », et ne veut « surtout pas que les hommes se sentent gênés, car ils auraient le sentiment qu’il n’y en a que pour les femmes », lorsque des mesures doivent être mises en place contre les discriminations sexistes. Accéder à l’égalité oui, mais sans déranger la gente masculine. Elle affirme également qu’elle « ne connaît pas une plus grande complémentarité qu’entre les hommes et les femmes », ce qui est transphobe et enbyphobe [1]. Nous ne sommes pas dupes de l’hypocrisie du gouvernement.
En nommant Sébastien Lecornu ministre des Outre-Mer, le gouvernement dit à celleux qui y vivent que leur voix ne compte pas. Sa nomination a été justifiée par ses nombreux voyages dans les DOM-TOM. Visiter un lieu ne suffit pas pour l’administrer. Nommer un ministre qui ne connaît pas l’histoire insulaire et les problématiques qui y sont liées, qui n’a jamais vécu dans un DOM-TOM, ne fait que renforcer la posture de l’état colonisateur.
Le gouvernement d’Emmanuel Macron, qui se veut “ni de droite ni de gauche”, affirme aujourd’hui sa position conservatrice et sa volonté de ne pas progresser sur le sujet pourtant primordial de la lutte contre les discriminations. Le remaniement a une fois de plus donné le pouvoir à des personnes véhiculant les oppressions patriarcales, racistes, colonialistes et capitalistes. Nous ne voulons plus de ce monde, dans lequel le pouvoir des oppresseurs est minutieusement préservé. Macron ne se réinventera pas, et l’Etat oppressif non plus. Tant que le pouvoir sera donné à des personnes ne respectant pas nos existences, la lutte contre les discriminations ne progressera pas.
L’Etat censé nous protéger ne fait que nous opprimer et silencier notre parole. Les accusations de viol, le sexisme et les lgbt+phobies avérées des personnes nommées ministres participent à la culture du viol et à la banalisation des discriminations systémiques. Ces nominations sont d’une violence extrême pour les personnes les subissant, pour les personnes LGBTQIA+ qui voient le ministre de l’Intérieur piétiner leurs droits et leurs dignité, pour les victimes de viol qui voient Darmanin pouvoir en main malgré son procès pour viol en cours d’instruction, pour les féministes qui voient leur ministre chargée de l’égalité hommes-femmes excuser les blagues sexistes des hommes à la machine à café et rejeter leur mode d’action. Le remaniement ministériel est un pied de nez aux luttes que nous menons. Le pouvoir est entre les mains de nos oppresseurs, et rien n’est fait contre.
Nous ne nous laisserons pas faire. Nous nous battrons contre les oppressions systémiques véhiculées par le gouvernement qui nous prouve encore une fois que notre parole et nos vécus sont ignorés. Nous ne céderons ni à la peur ni à cette volonté de nous faire taire. Continuons de crier nos vécus et notre colère ! Le gouvernement piétine nos existences et piétine nos luttes. Nous sommes en colère. Mais cette colère ne fait qu’alimenter notre révolte. Nous n’arrêterons pas de nous battre. Non au gouvernement patriarcal, raciste, lgbtqia+phobe et colonial.
Si vous aussi vous voulez exprimer votre colère contre ce nouveau gouvernement, rejoignez nous vendredi 10 juillet, à 18h, place de la mairie à Rennes.
En espérant vous voir nombreuxes,
Nous Toutes 35
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