information par et pour les luttes, Rennes et sa région

Mettons l’usine Nobel Sport hors d’état de nuire

Guerres - Armement

Manifestation dans les rues de Pont-de-Buis le 18 avril à 18h.
Contre les expulsions, sur la ZAD et ailleurs !
Contre les violences d’État !
Contre la production d’armes en Finistère !

L’usine Nobel Sport de Pont-de-Buis, dans le Finistère, produit des munitions pour fusil de chasse, mais également des grenades lacrymogènes, fumigènes, moteurs à propulsion pour grenade, cartouches propulsives, boucliers, produits pyrotechniques militaires, etc.. Elle vend cette dernière partie de sa production à plusieurs États, dont l’État français. Certains de ses produits ne sont pas utilisés en France, jugés trop dangereux. Cet armement policier est destiné aux opérations de « maintien de l’ordre ».

Où est le problème ? Pour commencer : toute personne ayant participé à une manifestation d’ampleur en France ces dernières années pourra témoigner que les usages réels de cet armement sont bien loin des images qu’on aimerait associer au « maintien de l’ordre ». Il est devenu rare de ne pas voir au moins un tir de grenade lacrymogène en tir tendu dans les manifestations, dans lesquelles on rencontre bien plus provocation de la police, répression massive et nombreux blessé-es dans un rapport de force très favorable aux « forces de l’ordre » que protection des personnes et des biens. Plusieurs rapports d’instances internationales ont épinglé la France sur l’usage de la force et de la violence par la police, qui tue entre 10 et 15 personnes personnes par an hors légitime défense. Nobel Sport vend des armes de « maintien de l’ordre » à des pays, ne serait-ce qu’à la France, qui utilisent ces armes hors de tout cadre sécurisé, ce qui est tout à fait irresponsable.

Un second problème ? L’usine est classée Seveso 3, car le « maintien de l’ordre » suppose des matières explosives, irritantes, dangereuses. Plus de 10 tonnes de poudre sont stockées, ainsi que 900 tonnes de produits finis. Ces matières sont dangereuses pour les personnes sur lesquelles est seront utilisées, bien sûr, mais aussi pour les personnes qui participent à la production de ces armes. Les blessures graves au travail sont bien trop nombreuses à Nobel Sport. Les habitant-es de la commune se souviennent également des explosions massives ou partielles qui jalonnent l’histoire de la poudrière, notamment celle de 1975 qui a fait 3 morts et 90 blessé-es.

Ce n’est pas tout. Fournir des armes pour le « maintien de l’ordre » en France, c’est donner à un pays régulièrement pointé du doigt par différentes instances internationales pour son non-respect des libertés publiques et des droits de l’homme les moyens matériels pour mater les mouvements de protestation contre ses orientations politiques : on le voit en ce moment à la ZAD où les cartouches usagées « Nobel défense » remplissent suffisamment de big bags pour qu’il posent de réels problèmes d’évacuation des déchets ; on le voit également dans les manifestations de tous les mouvements sociaux actuels – étudiants, cheminots, toute autre manifestation revendicative d’ampleur -, dans lesquelles l’arsenal d’armement vient compléter les moyens policiers et judiciaires pour affaiblir ces mouvements. Nobel Sport est une des chevilles ouvrières de la répression politique.

Un autre problème : d’où vient qu’il faut « maintenir l’ordre », actuellement, en France ? L’État français est en situation de supériorité militaire très large face à tous les composantes de la société. Lorsqu’il cherche à « maintenir l’ordre », ce n’est pas pour essayer de créer une forme de stabilité sociale qui lui est déjà acquise, mais bien pour verrouiller son ordre à lui. En somme, « maintenir l’ordre », c’est pour lui maintenir et perpétuer les rapports inégalitaires qui lui sont favorables, et qui ont besoin de sa violence pour se maintenir. « Maintenir l’ordre », c’est ainsi, par exemple, entretenir et perpétuer la répression sur les personnes des quartiers populaires, dans la droite ligne de l’histoire coloniale. Ou bien « maintenir l’ordre », c’est faire en sorte que des contestations populaires issues des inégalités créées par une économie capitaliste soient réprimées, et que cette économie poursuive sa marche malgré la violence qu’elle porte. Ou bien « maintenir l’ordre », c’est traiter de façon extrêmement brutale des personnes en exil, à Calais et ailleurs, dans le cadre d’une fermeture sélective des frontières qui a déjà fait plus de 40000 morts. En ce sens, Nobel Sport participe des inégalités sociales et des rapports de domination entretenus par l’État, et de la violence extrême perpétrée sur les personnes en exil.

Enfin, bien sûr, fabriquer de l’armement, c’est préparer la violence, la rendre facile et meurtrissante. Cet armement a beau être non létal dans les conditions recommandées d’utilisation, il est clair qu’il s’inscrit dans la large panoplie des armes disponibles pour l’usage de la violence par les Etats, souvent sur leurs propres citoyen-nes. Sans compter que chercher à faire du bénéfice d’une production d’armement, c’est chercher à accroître sa production, c’est donc indissociable à la fois de la prolifération de l’armement, et du fait d’aller vers des comportements violents et répressifs face à des situations politiques et sociales.

Pour toutes ces raisons, il nous paraît hautement souhaitable de mettre cette usine hors d’état de nuire, c’est-à-dire qu’un mouvement large conduise à l’arrêt de la production d’armement policier à l’usine Nobel Sport de Pont-de-Buis (et partout ailleurs !).

Un rassemblement est prévu mercredi 18 avril à 18h, devant la gare de Pont-de-Buis, par les comités de soutien finistériens à la ZAD de Notre Dame des Landes. En cas de blocage de l’accès, joindre le 07 55 78 98 69.

La diversité de tactiques, dans le respect des aspirations de chacun-es, sera notre force. Mettre l’usine Nobel Sport hors d’état de nuire, cela ne veut bien évidement pas dire provoquer son explosion. Notre seule présence à proximité de l’usine bloquerait la production, du fait de son statut Seveso 3. Et une variété d’actions sont envisageables, qui permettraient sans danger de mettre à mal sa capacité à produire, son image et son avenir.

Nous vous invitons à nous rejoindre,
vous, voisin-es, qui fréquentez une usine dangereuse ;
vous, manifestant-es occasionnel-les ou potentiel-les, qui subissez l’usage des armes de la police ;
vous, étudiant-es, cheminot-es, mobilisé-es des mouvements sociaux actuels, qui subissez la répression ;
vous, qui subissez les rapports de domination entretenus par l’État, et leur violence quotidienne ;
vous, qui luttez contre les violences d’État et la production d’armes ;
et vous aussi, bien sûr.

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