information par et pour les luttes, Rennes et sa région

Mises au point

Nous lisons dans cet article "un bidonville a vu le jour". Quel animal est-ce donc qu’un bidonville ? D’ailleurs comment appelle-t-on le petit du bidonville ?
Le campement bien-sûr, qui en grandissant peut même devenir une favela, un township ou tout type de ghetto suivant le désir de ses parents.

La spontanéité est rarement une explication rationnelle des phénomènes en ce bas-monde. Pas plus de génération spontanée que de bidonville spontané. L’organisation et le laisser faire se complètent habilement entre des associations devenus gestionnaires de la misère, qu’elles se revendiquent humanitaires ou politiques, et les décisionnaires économiques, étatiques et politiques. Elles coopèrent jusqu’à tremper dans la cuisine municipale ou à mendier des formations juridiques en préfecture. Quand on dépend des subsides publics il est difficile de contester l’action publique au-delà de la posture.

Un genre de coproduction

Nous considérons que le bidonville des Gayeulles est le résultat d’une coopération entre les autorités publiques des diverses couches du millefeuille institutionnel, et les organisations non gouvernementales inféodées ou en voie de l’être. Un genre de coproduction. Sinon comment expliquer que quelques individus se coordonnant sur quelques jours puissent mettre en place un dispositif tel que les locaux du 30 rue des veyettes, "La Veyette" pour les intimes, alors que tout ce beau monde de spécialistes de la question, spectacularise le malheur dans un parc, ou la charité la dispute à l’endoctrinement , où les rats ont remplacé les lapins , où les proies sont des humains à la merci de la police, poursuivis pour "séjour irrégulier", où ces choix ont déscolarisé les enfants, tous ces gosses dont pourtant il faudrait qu’ils cotisent dans 30 ans, pour que les caisses versent les retraites. Et ,moins il y en aura , plus il faudra travailler longtemps pour les toucher.

Parmi les revendications exprimées par le C.A.L 14\09 on trouve l’idée que la Mairie de Rennes use de son droit de réquisition, références juridiques à l’appui. Cette possibilité n’est guère défendue par les autres associations. Or, en cas de défaillance de l’État, et celle-ci est manifeste, c’est non seulement une possibilité mais une obligation quand des vies sont en danger. Et c’est le cas.

Un palliatif aux défaillances criminelles des autorités officielles

Nous en avons les preuves à la Veyette. Une femme enceinte dont l’accouchement est prévue aujourd’hui, devrait-elle être dans un campement sans eau , sans électricité, sans sanitaires etc. ?

Une autre femme enceinte de 7 mois elle, doit sortir de l’hôpital et rejoindre son mari et son fils de deux ans à la Veyette , nous avons établi une fiche de liaison avec le médecin qui la suit, est-ce vraiment à nous d’assumer ces responsabilités ?

Le CCAS de Betton nous adressait hier une famille suite au refus du 115 , ce soir l’AUD, l’unité hospitalière chargée des dialyses, après refus du 115, orientait chez nous une femme, dialysée donc, en attente de greffe puisque n’ayant plus qu’un rein,malade... Et son fils de 11 ans l’accompagnant, portant les valises et faisant l’interprète. Après une étape à la Veyette où le garçon a mangé nous l’avons accompagné aux urgences et obtenu sa prise en charge, et que son fils reste avec elle pour la nuit.Demain c’est loin...

Une autre famille était déjà arrivée il y a trois jours disant tenir l’information du 115 etc etc. Alors contrairement à ce qui semble circuler comme information, rappelons que le C.A.L est une association de fait, une structure autonome , sans aucun lien avec la municipalité ou l’État. L’hébergement d’urgence que nous avons mis en place est un palliatif aux défaillances criminelles des autorités officielles. Qui ont le culot tout en nous dénigrant de nous transmettre leurs ca sles plus problématiques ! Mais dans cette improvisation face à l’horreur nous nous retrouvons de plus en plus nombreux.ses., de plus en plus uni.e.s.

La gestion des ordures est un élégant moyen de pression

Des élu.e.s Insoumis puis Écologistes nous ont rendu visite et apporté leurs soutiens. Notamment en jouant les intermédiaires avec les services municipaux responsables de la gestion des ordures. C’est un des élégants moyens de pression dont dispose l’autorité municipale pour nous emmerder , au sens propre si l’on ose dire. Des bennes abandonnées et remplies des déchets d’entreprises environnantes encombrent aussi la cour. Malgré de vagues promesses des agents concernés répondant à nos demandes d’enlèvements, ces bennes dangereuses de nombreux points de vue ; risques d’escalades et de chutes pour les enfants, risques de pollution ou de prolifération de rats, incendie criminel, etc, ces bennes qui relèvent du fait de leur abandon de la responsabilité municipale restent en place, symbole de l’immobilisme et de la décomposition des autorités.

La preuve par l’exemple

Ni l’union , ni la détermination ne se décrètent, la première se construit , s’élabore, la seconde se démontre dans l’action. se manifeste par des gestes concrets qui modifient le réel dans une direction choisie. Les slogans ne suffisent pas et les postures ne suffisent plus et nous ne pensons pas qu’elles fassent encore illusion au-delà des cercles qui les produisent. D’autres façons d’agir sont possibles, et nous tentons d’en faire encore la preuve par l’exemple.

Autant nous constatons la motivation de beaucoup de personnes et d e quelques groupes et organisations, à intervenir,de collectif de grapheurs à AIDS en passant par l’association Germinal de Sciences Po, le Secours Populaire , Solidarité Réfugiés Centre Bretagne, des étudiants en architecture, des commerçants turcs, des enseignantes syndiqué.e.s ou pas, etc, à coopérer à épauler, à faire grandir notre initiative, autant nous nous sentons éloigné.e.s des formes d’organisation bureaucratique ou gestionnaires.

Pas une "réunion" en 12 jours, mais des milliers de conversations constructives,des structures qui s’ébauchent et se consolident mais ce n’est pas un choix, "ça" se passe comme ça. Et plutôt que d’imposer des principes nous nous accompagnons, nous nous coordonnons, nous nous rendons indispensables les un.e.s aux autres. Déjà quelques deux cents personnes , dont une cinquantaine d’enfants, personne n’a froid, personne n’a faim, chacun peut se laver et dormir au sec. La bonne humeur , l’envie d’avenir regagnent du terrain .On s’invite aux anniversaires entre albanais et ivoiriens, un guinéen s’avère être interprète en Russe et Suédois... Un géorgien prétend qu’il ne manque que la télé...Mais il nous faut encore plus d’interprètes, géorgien, albanais, russe, arabe etc.

La rampe pour l’accès des fauteuils roulant est opérationnelle. Les travaux de déco vont se mêler aux travaux d’installation.War le fameux artiste rennais nous apporte son soutien moral en attendant un trou dans son emploi du temps pour laisser son empreinte à la Veyette. Nous réfléchissons à installer rapidement internet. Le mobilier, les matériaux arrivent désormais régulièrement, des tonnes par jour,acheminées en file indienne et englouties dans cet étonnante dynamique solidaire. Les étudiants en archi ont fait les relevés pour établir des plans précis des bâtiments, ceux de Sciences Po travaillent sur des aspect légaux et les relations publiques, les menuisiers professionnels manquent , les maçons aussi, sans parler des plombiers, penser à poser des annonces, mais une infirmière et une travailleuse sociale repentie ont rejoint le collectif...C’est au moins aussi utile !

Au-delà de l’urgence, une fois le cours du temps devenu moins turbulent, il est possible d’envisager le futur. La question de la réglementation du séjour des étranger.e.s en Europe et en France est posée. Des régularisations massives, sur la base de critères révisés est une des solutions facilement réalisable. Par exemple 2 ans de séjour en France ou en Europe et une promesse d’embauche au lieu de 5 ans de séjour en France pour la carte de séjour, l’automaticité pour le séjour des conjoint.e.s et enfants des résidents , un accueil digne pour les nouvelles nouveaux arrivant.e.s coordonnant centres d’accueil officiels, accueil chez l’habitant.e et lieux associatifs et en y adjoignant les budgets suffisants. Annulation des procédures dites Dublin. Des visas et des frais de scolarité réduits pour des Erasmus avec le monde entier, des protocoles d’échanges et de stages internationaux , pour permettre une découverte de l’Europe sans tragédie pour les jeunes.Ces revendications naissent des échanges avec les habitant.e.s. Il nous reste à construire les outils pour les porter, et les faire adopter.

Victoire individuelle, un jeune protégé guinéen est entré en formation, il a touché sa première indemnité de stage, il est rayonnant...et bientôt recours épuisés, il sera en séjour irrégulier.

Cependant,nous continuons car nous pensons faire ce qui doit être fait dans un esprit de respect minimum de la condition humaine et de la justice sociale. C’est nous même que nous voulons sauver de l’indignité. Si Mme Apéré et quelques autres dorment tranquilles, pas nous . Si leurs indemnités et leurs notes de frais leur sont dues ,pour notre part,nous nous contenterons du respect et de l’amitié de nos camarades et de nos frères et sœurs. L’union que nous visons est de ce côté là, car c’est le socle indispensable au déploiement de cette lutte.

C.A.L 14\09

P.-S.

PS C’est au 30 rue des veyettes que ça se passe, contact cal14.09@protonmail.com
des dizaines de personnes arrivent chaque jour, nous vous espérons !

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par une administratrice du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Vous souhaitez publier un article ?

Vous organisez un évènement ? Vous avez un texte à diffuser ?
Ces colonnes vous sont ouvertes. Pour publier, suivez le guide !
Vous avez une question ? Un problème ? N’hésitez pas à nous contacter