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Négligence et refus de soin : Décès à la prison de Rennes-Vezin dans la nuit du 11 au 12 septembre

Rennes
Répression - Justice - Prison Soins - Santé - Psychiatrie - Médic

Une fois de plus la prison a laissé mourir.

A la maison d’arrêt de Rennes-Vezin, elle a tué Maxime Rekik dans la nuit du dimanche 11 au lundi 12 septembre 2022. Les surveillants sont intervenus à 3h10 rapporte le parquet de Rennes mais c’est, selon son codétenu, dès 19h que Maxime Rekik a commencé à se sentir mal d’après un récent article du télégramme1.
Les surveillants sont appelés pour la première fois par son codétenu à 20h30. Ils interviennent pour la première fois à 20h55, mais malgré son état de santé alarmant et son agonie commençante, ils décident de le maintenir en cellule. Toujours d’après le témoignage de son codétenu, les surveillants ont estimé que le fait qu’il respirait encore justifiait de ne pas faire intervenir le SAMU. Son agonie continue, les appels à l’aide aussi mais rien. Aucun surveillant présent ce soir-là à la prison de Rennes-Vezin ne fera le nécessaire pour tenter de sauver Maxime Rekik.
Dans une cellule voisine, le frère de Maxime, lui-aussi incarcéré assiste à son agonie. Ce ne sont pas moins de 7 appels qui ont été passés entre 20h30 et 3h du matin. Seuls son codétenu et son frère se soucient de la dégradation de l’état de santé de Maxime, au sein de l’AP (administration pénitentiaire) personne ne sourcille. C’est seulement à 3h du matin, après 6h infernales, que les surveillants interviennent. Maxime Rekik ne bouge déjà plus. La nuit, à Rennes-Vezin on vous laisse mourir. Les surveillants présents ce soir-là l’ont laissé mourir, laissant son frère et son codétenu assister à sa lente agonie, incapables et désemparés, mais tentant malgré tout de le sauver. Ils n’ont cessé d’appeler l’AP, suppliant les surveillants d’intervenir pour sauver Maxime, les rappelant à leur devoir, celui de maintenir un détenu en vie.
Trois jours avant cette nuit du dimanche 11 au lundi 12 septembre Maxime avait alerté un juge d’instruction sur sa détresse psychologique. Il avait aussi été fortement affecté par la mise en examen de ses parents. Depuis cet été, il "vomissait d’angoisse au moins une fois par jour, il s’arrachait la peau des phalanges avec sa bouche" témoigne sa mère dans un autre article du télégramme2. A ce moment-là, comme au moment de sa mort, la détresse de Maxime n’a pas été reconnue par l’administration pénitentiaire. Maxime Rekik avait 25 ans et tristement, il s’ajoute aux innombrables personnes décédées en prison, celles qui, comme lui, ont manqué de soin, celles qui ont été tués par les matons et matonnes. Maxime Rekik nous rappelle que la prison exerce un droit de mort sur celles et ceux qui y sont incarcéré-es.

Le témoignage désignant l’inaction des surveillants au cours de la nuit du décès de M. Rekik renvoie à une réalité subie par l’ensemble des personnes incarcérées : le délaissement des personnes dont l’administration détient la charge et la responsabilité.
Délaissement qui se manifeste d’une part par les manquements dans l’entretien des infrastructures et des moyens de communication, et d’autre part par les traitements dégradants de la part de membres du personnel pénitentiaire. Les conséquences inadmissibles de ce délaissement sont telles que parfois des détenu-es se mobilisent collectivement pour dénoncer les dysfonctionnements dans les dispositifs d’alerte ainsi que les délais d’intervention beaucoup trop longs dans des situations d’urgence.
C’était le cas en juin 2020 à la prison de Villepinte suite à l’incendie d’une cellule qui aura résulté en la mort de son occupant, Monsieur K, les témoignages avancent que les surveillants ont mis entre une heure et une heure et demie à intervenir pour faire éteindre l’incendie et extraire le détenu de la cellule. L’OIP rapporte3 que des détenus de la prison de Villepinte avaient signé un texte collectif suite à cet événement. Sachant que des actions collectives menées en détention, critiques de l’administration, sont vues d’un mauvais œil par cette dernière et conduisent systématiquement à des sanctions officielles ou officieuses sur les détenus.
Autre fait représentatif du manque de soin et de considération en détention c’est le témoignage de Sylvia sur le média ODIL.TV4, ancienne détenue à la maison d’arrêt pour femmes (MAF) de Fleury-Mérogis : Gordana Medovic est décédée en cellule d’une myocardite dans la nuit du 1er novembre 2012. Elle avait des problèmes cardiaques et s’était plainte de douleurs toute la journée qui a précédé sa mort mais n’avait pas du tout été prise en charge. Lorsque l’administration a été interpellée pour lui venir en aide, Gordana a été "diagnostiquée au téléphone en disant que c’était une crise d’angoisse". En 2021 le médecin qui était de garde dans l’établissement ce jour-là a été jugé pour homicide involontaire, les médias relayaient la défense du médecin pointant du doigt le fait qu’il était l’unique médecin présent sur l’ensemble de l’établissement durant cette journée.
Des détenues s’étaient mobilisées dans les jours suivant le décès de Gordana pour protester contre le manque de soin en détention et dénoncer la responsabilité de l’administration, cette mobilisation aura résulté en pas moins de 54 transferts disciplinaires.
Un article de l’Envolée intitulé « C’est pas un « manque de soin », c’est un refus de soigner »5 reccueille également le témoignage de Sylvia et d’autres personnes sur ce décès et son traitement.

Mardi 13 septembre. Centre pénitentiaire de Pémégnan. Un homme placé en détention provisoire s’est pendu. Deux détenus décédés au centre pénitentiaire de Longuenesse dans la nuit du vendredi 16 au samedi 17 septembre. Et les morts se succèdent. Les larmes des proches ne cessent de couler et la colère continue de grandir. Nos pensées vont évidemment vers toutes ces personnes à qui la prison a retiré un membre de leur famille. On pense aux parents, à la compagne de Maxime, à sa fille et à son frère, toujours incarcéré, malgré le décès de son frère et à toutes les personnes qui subissent la violence arbitraire de l’AP dans le plus grand des silences.

Soutien à toustes les enfermé-es et leurs proches. Feu aux taules !

1.https://www.letelegramme.fr/ille-et-vilaine/rennes/deces-a-la-prison-de-rennes-vezin-le-temoignage-glacant-du-codetenu-19-09-2022-13182648.php

2.https://www.letelegramme.fr/ille-et-vilaine/rennes/deces-a-la-prison-de-rennes-vezin-le-detenu-avait-exprime-son-mal-etre-12-09-2022-13177804.php

3.https://oip.org/analyse/incendie-a-la-prison-de-villepinte-un-mort-et-beaucoup-de-questions/

4.https://soundcloud.com/odiltv/les-femmes-qui-se-deprisonnent-entretien-avec-sylvia?in=odiltv/sets/deprisonner&utm_source=clipboard&utm_medium=text&utm_campaign=social_sharing

5.https://lenvolee.net/cest-pas-un-manque-de-soin-cest-un-refus-de-soigner/

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