La manifestation du 22 mai était pour le collectif des facteurs une occasion de remercier toutes celles et tous ceux qui ont soutenu le mouvement historique des facteurs et factrices du 35. 4 mois et demi de lutte, de piquets, de débrayages, de cantines, de fêtes et concerts dans la ville de Rennes.
Nous avons tissé des liens entre collègues de bureaux éloignés. Nous avons appris à lutter collectivement. Au-delà-même des postiers et postières, les camarades cheminots, les militant-es de l’Assemblé Générale Interprofessionnelle (AGI), les habitant-es de la ZAD, le comité des usager-es ont donné un poids et un souffle pour tenir durant des semaines !
La solidarité financière hors-norme a permis d’envoyer un message clair à une direction qui ne misait que sur l’essoufflement et l’étranglement financier. Mauvaise pioche, Rennes se souviendra longtemps des manifestations interprofessionnelles avec le cortège de tête des facteurs et factrices.
Le collectif se souviendra aussi longtemps de l’aide matérielle des réseaux comme celui du ravitaillement des luttes qui dès le 9 janvier apportait la cantine et des fruits et légumes aux grévistes.
Avant la reprise du 23 mai, les grévistes tenaient à organiser un guichet de solidarité à Rennes durant la manifestation de la fonction publique le 22 mai. Ambiance chaleureuse, occasion de vendre des cartes postales en solidarité, occasion de revoir les unes et les autres qui ont soutenu le mouvement.
Le guichet de lutte s’installe. Et comme un cheveu sur la soupe, qui vient s’incruster et squatter le guichet ? Alliance !!!! Les autres syndicats respectaient notre emplacement se préparaient à manifester. Personne ne gâchait la vue sauf Alliance. Que venaient faire ces syndicalistes devant notre guichet ? Oui, vu leur nombre et leur poids électoral, Alliance c’est tout au fond à gauche, en queue de manif, pas devant les postiers, pas entre FO et Solidaires ….
Mais bon voilà, les gros bras sont là. Ça énerve tout le monde. Normal, on en reconnait qui ont brillé dans la répression en pays rennais. Ça emmerde ceux et celles qui viennent nous rencontrer. Ça joue la provocation. Normal, quand on a que la matraque et la gazeuse comme outils de travail. Bref, Alliance n’avait rien à faire là, devant le collectif des facteurs et leurs soutiens.
Les manifestant-es de tous horizons les poussent gentiment vers la fin de cortège, à leur place légitime.
Alliance joue des poings, des manches de banderoles, des coups de pieds. Qui sème la violence récolte la gronde. La vue est enfin dégagée, le guichet des facteurs et factrices peut de nouveau recevoir les ami-es.
Le lendemain, au bureau de Rennes Crimée, tous les réseaux solidaires accompagnaient les facteurs et factrices à leur retour au travail dans une atmosphère joyeuse et pleine de dignité. Un 23 mai qui faisait oublier les embrouilles d’Alliance de la veille.
On pensait donc en rester là, dans la suspension de la grève et réfléchir les unes et les autres à comment continuer de nous voir et d’œuvrer aux luttes futures entre salarié-es, usagers et jeunes.
Mais non, les squatteurs d’Alliance ont laissé passer une semaine avant d’enclencher la police et la justice dans une revanche malsaine.
Le 30 mai, les facteurs et factrices organisaient un pique-nique à Guichen pour soutenir des collègues qui reprenaient aussi le travail. Nous apprenions que le matin même, dès l’aube, des moyens disproportionnés étaient mis en place pour interpeller 3 jeunes camarades qui participaient au ravitaillement de la grève des facteurs et factrices. Interpellations et garde à vue de 36 heures, accusations d’entrave à la liberté de manifester, accusations de violences et insultes, de vol de drapeau d’Alliance.
Autant dire que les collègues présent-es à Guichen ont mal apprécié le coté revanchard d’un syndicat qui fabule et profite de son statut professionnel pour enclencher une répression contre des jeunes.
Contrairement à ce qu’Alliance a pu déblatérer dans les médias, propos relayés d’ailleurs par le Front National, le 22 mai personne n’était cagoulé et personne n’empêchait Alliance de défiler à sa place, en fin de cortège, après les fonctionnaires et salariés. Nous le savons bien, nous y étions à cette manifestation.
Quand on connait comme nous le soutien et la solidarité que représentent les 3 copines qu’ils ont embarqué, nous ne pouvons qu’être en colère.
Quand on voit la faiblesse d’un syndicat Alliance qui tente de nier son impopularité et joue la carte des descentes avec fusils et torches dans le domicile de militantes, nous ne pouvons que dénoncer ces méthodes qui démontrent que notre syndicalisme n’a vraiment rien à voir avec celui que prétend incarner Alliance.
C’est pourquoi le collectif des facteurs appelle à venir soutenir les 3 jeunes femmes le jour de leur procès. Soyons toutes et tous présent-es le 5 juillet à 15 heures devant la cité judiciaire, pour afficher notre solidarité ! Que toutes les accusations soient abandonnées !
La prochaine fois, qu’Alliance reste à sa place, loin derrière nous et les syndicats.
Rennes, le 28 juin 2018,
Le collectif des facteurs du 35.
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