Contraceptions "testiculaires" ?
L’expression « contraception masculine » est plus couramment employée pour aborder ces méthodes. Mais sexe & genre ne sont pas synonymes – on peut avoir des testicules et se sentir femme, ou se sentir homme sans en avoir, et d’autres identités de genre que l’alternative binaire homme/femme peuvent être vécues... Le terme masculin renvoie à une norme sociale genrée, qui enferme les individus dans des catégories en fonction de leurs caractères biologiques. Nous avons cherché un autre terme pour qualifier les méthodes destinées techniquement aux personnes ayant un appareil génital "mâle". Faute de mieux, nous préférons actuellement parler de « contraceptions testiculaires » .
Les contraceptions testiculaires, ce sont les contraceptions que peuvent prendre en charge des personnes qui ont des testicules : vasectomie, contraception thermique, contraception hormonale. Certaines techniques de contraception "partagée" (qui peuvent être appropriées par tous les sexes ou demandent une coopération dans la pratique) peuvent être également regroupées sous ce nom : préservatif et retrait, par exemple. Il n’empêche que beaucoup des problématiques ou questions que pose l’existence des contraceptions testiculaires sont liées au fait que ça puisse être un homme qui prenne en charge la contraception, dans une société patriarcale : on parlera à la fois de contraception "testiculaire" et de responsabilité (ou de domination) "masculine".
La maîtrise de la contraception par les femmes : revendication féministe et privilège masculin ?
La contraception est actuellement, en France, très majoritairement prise en charge par les femmes. La maîtrise de la contraception par les personnes dont le corps portera l’embryon est bien évidemment souhaitable : ce sont les premières concernées par les conséquences physiques, psychologiques et sociales d’une grossesse. Mais aussi, la contraception comme la sexualité sont prises dans des rapports de pouvoir et des luttes pour s’en extraire. Les féministes revendiquent pour les femmes l’accès à la contraception et à l’avortement dans les conditions les plus favorables, parce que la sexualité, la conception et la maternité sont des espaces où s’exerce une domination des hommes sur leur corps et sur leur vie. Le premier des combats à mener ou à soutenir à propos de contraception est sans aucun doute celui-là, dont les avancées sont régulièrement mises en péril et sur lequel il reste encore beaucoup à faire. Cependant, tout moyen de contraception a des conséquences sur l’état physique, la charge mentale et/ou l’état de santé des personnes contraceptées : la contraception est régulièrement vécue par les femmes comme une contrainte dans un parcours gynécologique souvent compliqué, si ce n’est violent. La prise en main de la contraception par les femmes s’est d’ailleurs accompagnée, du côté des hommes, d’une délégation massive des préoccupations anticonceptionnelles.
Si nous présentons les contraceptions testiculaires ici, c’est parce qu’elles permettent de partager certaines des contraintes et des responsabilités liées à une sexualité hétérosexuelle. C’est avec cette approche qu’elles sont apparues dans le débat public en France, dans les années 1980, avec les groupes d’hommes pro-féministes.
Au-delà du partage des responsabilités, prendre en charge la contraception lorsqu’on est un homme peut aider à reconsidérer ce qu’implique sa vie sexuelle, non seulement sur les questions de contraception, de consentement, de plaisir ou d’IST, mais aussi sur les plans affectifs, relationnels, sociaux, etc. Ça peut être l’occasion de rendre plus courantes des discussions sur ces sujets. Et, pourquoi pas, de questionner autrement sa masculinité, au-delà des questions de sexualité...
Il est clair que ces techniques ne portent pas en elles-mêmes des principes égalitaires et pourraient par exemple accentuer des rapports de pouvoir au sein d’un couple. Elles pourraient être aussi une revendication de mouvements masculinistes, dont les analyses et actions contribuent à renforcer la domination masculine. Et, même dans une démarche de co-responsabilisation, ce n’est pas parce qu’un homme est contracepté qu’il est "moins dominant" que les autres... et assurément pas moins privilégié !
Il nous semble que la contraception dite "masculine" ne s’oppose pas à la maîtrise par les femmes de leur propre fertilité et contraception. Les techniques utilisées par les hommes et celles utilisées par les femmes peuvent l’être en complémentarité, ou en alternance : elles permettent d’élargir le choix dans nos relations, ou d’augmenter l’efficacité.
Texte issu de la brochure Les contraceptions testiculaires réalisé par le collectif "Thomas Bouloù" et disponible ici : https://labaleine.arvalum.org/thomasboulou/doc/BrochureCT-1.pdf
Pour aller plus loin, tout plein de ressources ici : https://pointpointpoint.org/contraceptions-testiculaires et là https://labaleine.arvalum.org/thomasboulou/ et là aussi https://contraceptionthermique.noblogs.org
Prochains RDV concernant les contraceptions testiculaires à Rennes :
Samedi 28 janvier, de 14h à 18h, atelier fabrication d’anneaux contraceptifs avec @otoko_contraception
Ouvert à tous et toutes, prix libre, sur inscription par mail à rennesantisexiste@riseup.net
Prochaine permanence publique sur les contraceptions testiculaires : mardi 7 février à 18h au 22 rue de Brest
Plus d’infos et renseignements par mail à rennesantisexiste@riseup.net
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