La situation actuelle est des plus grotesques. Disons-le clairement. Nous sortons d’un printemps où la conflictualité a traversé plusieurs degrés, des blocages de lycée en passant par les occupations de faculté, l’occupation de nombreuses places par nuit debout et le dépassement de la proposition initiale assez ennuyante par des soirées festives, les grèves qui ralentiront l’économie sur une période d’un mois, puis juin avec son cortège de tête réunissant des milliers de personnes et sa répression relativement forte.
L’on pourrait penser que la jeunesse, et pas que, aurait vécu le mouvement contre la loi ‘travaille’ comme un échec au niveau des revendications, mais ce n’est pas le cas car à aucun moment l’attente n’a été enfermée dans la revendication du retrait. Au contraire, il y avait une remise en cause plus totale d’un système politique qui a atteint ses limites. Nous sommes nombreu·x·ses à vouloir continuer ce qui a commencé et la cible logique qui s’offre à nous est la mascarade présidentielle.
L’ensemble de ces guignols ne représente que les tenants du pouvoir à la solde de l’économie, alors que nous voulons la détruire. Quand bien même certains d’entre eux prétendent s’attaquer à la ‘finance’, alors que leurs confrères en Grèce ou ailleurs n’ont été capables que de finir le sale travail de mettre à genoux des populations révoltées qui cherchaient à se représenter elles-même en reprenant les choses en main par la base. On nous sert le même discours, avec des teintes différentes, selon l’endroit où le prétendant au trône se rend et fait son marketing politique. La farce va si loin qu’actuellement il n’y en a presque aucun·e qui ne soit pas trempé·e dans des histoires de détournement de fond public. Macron est en tête des sondages alors qu’il n’a aucun programme et que son seul discours revient à promettre une destruction minutieuse des acquis sociaux.
Nous pensons que ces élections ne sont pas les nôtres, à nous les jeunes et toutes les personnes qui en ont marre de se faire berner, subir le stress du travail et de comment on va pouvoir en sortir, d’une société qui dépérit toujours un peu plus en s’engouffrant dans une tendance toujours plus fascisante alors que ce sont justement les politiques qui prétendent nous gouverner qui ont hissé le FN sur le devant de la scène en faisant leur petit calcul électoraliste, bref, une multitude de questions que nous subissons tous. Pour s’en sortir, on s’en remet à des pratiques individuelles qui nous permettent de sombrer dans l’oubli durant quelques instants, d’un côté celleux qui prennent de la drogue pour chercher un ailleurs, de l’autre celleux qui se réfugient dans un travail qu’iels n’aiment pas en pensant pouvoir s’en extraire un jour, puis au milieu la masse d’indécis·es qui se réveillent en se questionnant tous les matins sur le sens de leur vie.
En partant de ce constat, cette lecture partagée de la situation, nous vous proposons une hypothèse, un plan, qui espérons-le permettra de renforcer le camp des personnes qui en ont marre de subir et qui sont bien résolues à prendre leur vie en main !
1. Nous lançons un appel national à bloquer l’ensemble des lycées et des facultés jeudi 20 et vendredi 21 avril pour affirmer notre rejet d’être gouverné·es par ces escrocs et anticiper le second tour qui confrontera dans tous les cas d’un côté le fascisme et de l’autre le libéralisme.
2. Le temps libéré par les blocages pourra servir à se rassembler pour partir en manifestation et donner de la visibilité à notre force, notre discours et affirmer que nous sommes capables d’opposer d’autres formes de vie.
3. Pour préparer les blocages, nous devons amplifier les rencontres et pour cela de nombreuses dates sont déjà proposées par Génération Ingouvernable, ainsi que d’autres initiatives qui naîtront d’ici là. Cependant, nous ne devons pas nous reposer sur ces initiatives, mais monter partout des comités de base pour que les couloirs de nos établissements résonnent de chuchotement contestataires, ainsi que d’une visibilité certaine par l’occupation visuelle que nous offrent des murs blancs ne demandant qu’à être embellis.
4. La force qui est nôtre réside dans ce que nous proposons, mais ce que nous proposons découle de nos discussions. Autrement dit, la question principale est d’arriver à faire ce que l’on dit. Se questionner sur la manière d’arriver à un objectif.
5. Le résultat donnera une autre manière d’organiser la vie au sein de nos établissements et un grondement continu qui ne demandera qu’à être amplifié, en occupant la cour et des salles vides, pour organiser des bouffes collectives, des débats, des projections, taper la console en critiquant les élections, bref, des banalités aliénantes qu’il ne tient qu’à nous de transformer en affirmation politique.
Comme le disait tonton Guy Debord « Toute ma vie, je n’ai vu que des temps troublés, d’extrêmes déchirements dans la société, et d’immenses destructions. J’ai pris part à ces troubles. »
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info