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[Brest] Sur la mort suspecte d’un détenu de la Maison d’Arrêt

Brest
Répression - Justice - Prison

Madame, monsieur, à vous amis et famille, à tous ceux qui sont depuis plusieurs jours, plusieurs mois, témoins et/ou victime de bavures policières.

Aujourd’hui nous sortons du silence, puisque notre peine est lourde, l’incompréhension nous bouscule maintenant depuis une semaine.
Perdus entre colère et tristesse, cela fait maintenant sept jours que le téléphone a sonné pour nous faire part d’une nouvelle plus que désastreuse, Manu, Manou, Manouelle, Donald, un fils, un frère, un père, un petit fils, un neveu, un cousin, un filleul, un ami : Manuel Bajazet nous a quitté contre sa volonté.

C’est par téléphone que sa mère m’annonce qu’il s’est pendu tandis qu’il était incarcéré à la prison de l’Hermitage de Brest pour des faits commis il y a de ça 6 ans. Il nous l’avait promis, ayant déjà été condamné à plusieurs reprises, il faisait cette dernière peine de prison pour se consacrer à son fils et ses projets. Il le disait « je ne veux plus devoir à la Loi ».

Manuel, pour ceux qui le connaissent, grande gueule, qui n’a pas froid aux yeux, jamais la langue dans la poche, avait malgré tout un amour pour la vie, pour sa mère, pour sa sœur, pour son père, et depuis peu pour son fils. Il les a aimés et protégés malgré ses écarts, nul ne pouvait imaginer qu’il se serait suicidé.

Dimanche 5 février, Manu a été pris pour un SDF à son arrivée à l’hôpital vers 15h, selon le témoignage d’une des soignantes. En effet, à son arrivée, aucun nom ou numéro de portable n’a été transmis aux soignants. Pourtant il sortait juste de la prison. Les personnes mêmes qui l’ont ramené l’ont juste déposé comme une personne sans identité, sans famille, sans amis, et ce n’est qu’entre 18h et 19h que la compagne de Manuel (M.) est mise au courant, et ce par un inconnu qui lui annonce déjà le décès de Manuel alors qu’il est à ce moment là en réanimation. Imaginez la crainte, la folie, l’incompréhension, le désarroi de M. à l’annonce de cette nouvelle. Une nouvelle apprise par un inconnu du service pénitentiaire ou du service hospitalier, qui plus est 3 à 4h après le drame.

Plusieurs questions se posent :

  • Comment se fait-il que la famille n’ait pas été mise au courant ? Que ce soit au moment où ils constatent les faits ou celui où il est transféré à l’hôpital ?
  • Comment se fait-il que ce soit une personne des services hospitaliers qui annonce à sa compagne une telle nouvelle, qui en plus n’est pas du tout exacte ?
  • Pourquoi aucune information (identité, famille, moyen de contact..) n’a été transmise aux soignants du CHU de la Cavale Blanche à Brest par le personnel ayant ramené Manuel ?

Ceci dit doit-on mettre la faute sur le personnel l’ayant ramené à l’hôpital ou sur le personnel pénitentiaire n’ayant transmis aucune information ?

Nous sommes confrontés à une multitude de questions dont les réponses restent vagues, incomplètes, incomprises, floues ou encore inexpliquées.

Que s’est-il passé dans ce centre pénitentiaire ?

Samedi 4 février 2017, suite à la visite de son fils, avec qui il a passé un agréable moment (selon le témoin qui l’a ramené), Manuel avait lui même affirmé « plus jamais un samedi sans lui ».

Quelqu’un qui demande d’être avec son fils tous les samedis, pouvons nous dire de lui qu’il est candidat au suicide ?

Par la suite heureux d’avoir vu son fils, il est sorti jouer au foot avec d’autres détenus, et toujours aucune envie suicidaire perceptible chez lui.

C’est à la suite de ce dégourdissement qu’une altercation éclate entre lui et une gardienne, et qu’un collègue de cette dernière intervient. Selon les témoignages des détenus, c’est finalement cinq matons qui sont intervenus et qui l’ont pris par les 4 membres (les jambes et les bras), pour pouvoir l’amener au mitard (cachot).
Ce samedi soir, toujours selon les détenus, Manuel a crié et pleuré car son bras lui faisait mal, certains ont même affirmé avoir entendu des coups pleuvoir. Suite à ces pleurs, les détenus affirment n’avoir plus rien entendu jusqu’au lendemain où Manuel a été retrouvé soi-disant pendu. Aujourd’hui aucune vidéo de surveillance n’a été transmise pour causes de travaux (comme par hasard), c’est à dire que les caméras tournent sans enregistrer – Dois-je rappeler que nous sommes dans un centre pénitentiaire et que les moyens de sécurité et de preuves seraient minimes voir inexistants ?

De plus, plusieurs témoignages écrits de détenus nous ont été transmis depuis le drame. Je précise que depuis ce drame, aucun détenu n’a été autorisé à sortir, certainement pour éviter de parler entre eux ou même pour éviter d’éventuelles représailles. Néanmoins ces témoignages racontent tous la même chose : Manuel, vu comme un grand frère, un protecteur, un porte-parole n’aurait jamais pu faire une telle chose.

Chers lecteurs et lectrices, nous parents, amis, son avocat etc, sommes sûr de la même chose : MANU N’A PAS MIS FIN A SA VIE ! Cet homme aux multiples accusations, qui connaît le milieu carcéral, qui a vécu des choses inimaginables tout au long de sa vie n’aurait jamais pu mettre fin à ses jours pour si peu, surtout pas maintenant qu’il a un fils et des projets.

D’autres questions se posent :

  • Comment se fait-il que les témoignes des gardiens soient confus, troubles et incohérents alors que celui des détenus, ceux-là même qui ne ce sont pas vu depuis, semblent similaires et cohérents sans que ce soit les mêmes mots ?
  • Comment se fait-il qu’aucune preuve matérielle ne puisse être transmise à la famille ?
  • Quels travaux peuvent empêcher la sauvegarde des vidéos de surveillance ?
  • Comment un homme qui habituellement était très fort pour supporter les douleurs (les cicatrices de chutes à moto et autres sur son corps pouvaient en témoigner) peut se plaindre de douleur aux bras ? Et si il a si mal aux bras, comment peut-il trouver la force de se pendre lui-même ?
  • Qu’est devenue la surveillance obligatoire de Manuel au moment où les faits se sont déroulés ?

Dimanche 5 février, à l’arrivée de F. Bajazet (mère de Manuel) et M., les médecins leurs ont affirmé que Manuel s’est pendu à l’aide d’une corde. C’est après réflexion que M. s’en va demander où a-t-il pu prendre cette corde, et que le médecin rectifie et dit que c’est à l’aide d’un drap. Chers témoins, en se rendant au chevet de Manuel (toujours en réanimation) nous avons constaté une marque à son cou ne faisant pas plus de deux centimètres d’épaisseur et d’une netteté parfaite. Est-ce une marque laissée par un drap ?

Lundi 6 février, Manuel à rendu l’âme sous l’œil de sa mère, sa sœur, sa compagne, cousins, cousines, amis...

Autre chose nous interpelle : en prenant contact avec la directrice du centre, elle fut étonnée de savoir les parents de Manuel en vie. Dans toutes nos suppositions (puisque nous restons sans réponses exactes), ne devons nous pas croire à un coup monté ?

Le procureur a donc engagé une enquête judiciaire suite à la mort plus que suspecte de Manuel. Mercredi 8 février, une autopsie à eu lieu et nous sommes encore aujourd’hui (dimanche 12 février) en attente de résultats qui auraient du être publiés le lendemain de l’autopsie.

Nous avons l’impression qu’ils veulent étouffer au plus vite l’affaire, qu’ils attendent que nous fassions les obsèques de Manuel pour enfin nous donner ces résultats que nous attendons tant. Nous supposons d’ores et déjà qu’il y a quelque chose à cacher, quelque chose à ne pas ébruiter. Nous refusons de rester dans le silence plus longtemps, sans lumière nous restons dans le noir, comme un refus de faire notre deuil !

Nous sommes prêt à nous battre, à faire jaillir la vérité, nous demandons la publication de l’autopsie, que nous puissions voir plus clair, que notre esprit se repose et que Manuel soit en paix. Cela fait 7 jours, et nous sommes déjà à bout de force, c’est pour cela qu’aujourd’hui nous employons les grands moyens, afin de nous faire entendre et de faire entendre la vérité.

Faites tourner cette histoire autour de vous !

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