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Contre toutes les guerres... sauf les guerres « justes » ?

Guerres - Armement Solidarités internationales

Des ravages du moindre mal et de l’anti-impérialisme en milieu anarchiste

(brochure 32 pages - PDF joint) Novembre 2022

waragainstwar@riseup.net

Article publié par stuut.info

Sommaire

- * - CONTRE TOUTES LES GUERRES... SAUF LES GUERRES « JUSTES » ?

- * - Extraits de textes relatifs aux positionnements anarchistes et radicaux sur la guerre (et sur la guerre en Ukraine)

- * - Réponse du groupe anarchiste international de Londres au Manifeste des Seize (avril 1916)

- * - Réponse d’Errico Malatesta au Manifeste des Seize

- * - talie : Sabotons la guerre en déclenchant l’internationale

- * - La guerre commence ici

- * - Contre les guerres du capitalisme, notre réponse c’est la guerre sociale

- * - Ne vous battez pas pour « votre » pays

- * - La guerre, nerf de l’argent

- * - Quand la population se rebelle contre la guerre : en Russie et en Ukraine, des centres de · recrutement sont attaqués…

- * - Fragments pour une lutte insurrectionnelle contre le militarisme et le monde qui en a besoin

- * - La malédiction de Poutine (Mirasol, mars-avril 2022)

CONTRE TOUTES LES GUERRES... SAUF LES GUERRES « JUSTES » ?

En matière de guerre –et on le voit actuellement à propos de l’Ukraine–, les analyses dominantes portent en général sur les causes et conséquences géo-politiques ainsi que sur les stratégies politiques et militaires, avec selon les cas plus ou moins de profondeur ou de soumission aux récits officiels. Ça discute de paix et de guerre et des relations entre l’une et l’autre, dont même certains commentateurs acquis aux pouvoirs ont su rendre compte avec une certaine subtilité, depuis le « si vis pacem, para bellum » (« si tu veux la paix, prépare la guerre ») de la Rome antique remis au goût du jour en passant par la conception de la guerre comme « prolongement de la politique par d’autres moyens », selon le général Von Clausewitz.

A destination des masses, y compris à prétention cultivée et intellectuelle, l’on continue à produire industriellement du storytelling binaire mettant en scène le Bien contre le Mal, la guerre juste contre l’ennemi fourbe et cruel, et la grande tragédie des civilisations humaines. L’apocalypse de Jean décrit le cavalier apportant le fléau de la guerre comme ayant reçu « le pouvoir de bannir la paix de la terre, et de faire que les hommes se tuassent les uns les autres ; et on lui donna une grande épée », et c’est sous belle reliure que ces pages ont été jointes il y a des siècles à celles des livres rebaptisés « ancien testament » et qui vantent ad nauseam les conquêtes militaires et massacres perpétrés avec l’aide de Yahvé pour accompagner le glorieux destin de son peuple élu et punir pécheurs et impies.

La dimension géopolitique est évidemment digne d’intérêt, à deux conditions : d’abord la replacer dans la dynamique du capital –dynamique de crise sévère en l’occurrence– dont les Etats ne sont que les appendices et les bras armés ; ensuite ne pas perdre de vue que l’histoire demeure avant tout l’histoire de la lutte des classes. Aussi mondialement totalitaire et omnipotent soit-il, le capita-lisme ne durera que ce que nous serons mondialement disposés à supporter. De ce point de vue, la guerre est le paroxysme de la défaite des exploités, réduits au rôle de chair à canon, voués à s’étriper avec les exploités d’en face, pour le profit de leurs propres exploiteurs. Toute guerre capitaliste nécessite la constitution d’unions sacrées derrière tel Etat ou telle fraction bourgeoise, autrement dit la dissolution de notre classe dans le « peuple », uni (et soumis) derrière le drapeau.

« Guerre et paix ont toujours été deux mots différents recouvrant une continuité de l’exploitation et de la domination. (…) Les anarchistes sont contre la guerre, contre toutes les guerres. Mais nous sommes aussi contre la paix. Nous sommes contre la paix des marchés, contre la paix de l’autorité, contre la paix de l’abrutissement et de la servitude. » [1]

La paix sociale est donc l’assise permettant à l’Etat de se lancer dans la guerre, et la mobilisation doit même la consolider. Quant au développement de la guerre et de ses massacres, ils mettent toujours potentiellement en jeu cette concorde sociale, qui soit s’oriente vers davantage d’union nationale et de fanatisme guerrier soit se fissure et se trouve rompue par l’insubordination, la fraternisation, l’internationalisme de classe, le défaitisme révolutionnaire [2] . Retenons-le pour la suite : que ces élans subversifs se produisent ou pas, selon les époques et les lieux, rien d’autre ne pourra réellement s’opposer à la guerre. Dit autrement, le seul réel obstacle aux massacres guerriers, c’est le refus non pas philosophique mais actif, la reprise de la lutte, la guerre sociale, la guerre des sans-patrie contre leurs propres Etats.

En définitive, en acceptant quelque union nationale que ce soit, c’est toujours l’Etat, la société marchande et leur capacité de nuisance (et de répression) que l’on défend et renforce, fut-ce au nom d’un moindre mal ou d’un idéal d’émancipation contre une menace d’oppression plus grande. Pour ce faire, il faut des régiments prêts à passer du turbin aux tranchées lorsque retentit le clairon, il faut que flottent les couleurs nationales aux fenêtres des exploités comme des exploiteurs. Parmi ces derniers, il suffit enfin que certains, occupant des responsabilités stratégiques moins en vue, agissent et s’organisent en sachant pertinemment que ce qui se joue réellement à tout moment et en tout point du globe, c’est la guerre sociale, le risque insurrectionnel, et plus fondamentalement l’affrontement entre la société capitaliste dont ils tirent leurs privilèges, leur puissance, et la perspective de son renversement révolutionnaire.

On le sait, la représentation des événements fait l’objet d’une production idéologique permanente au service de la reproduction des rapports sociaux existants. Tandis que l’on nous convie à la chasse aux « fake news », c’est en réalité tout événement porté à notre attention (au détriment d’autres, minimisés voire occultés) qui est sélectionné, hiérarchisé, soumis à un lexique et un récit spécifique. Lorsque l’Etat a besoin d’inventions pures et simples, elles sont produites selon le même processus, sur base d’une matière sociale existante, distordue, falsifiée. Cette production de récits et de contre-récits balisés fait intégralement partie de la machine de guerre contre toute critique subversive, contre toute possibilité de dégager un horizon souhaitable au-delà du mur de la marchandise.

Ainsi en va-t-il aujourd’hui de la focalisation sur la guerre en Ukraine (guerre qui avait d’ailleurs amplement commencé dès 2014) en regard de la catastrophe guerrière et destructrice globale du capitalisme. Les médias d’Europe occidentale, lâchant les obsessionnelles statistiques « Covid », s’y sont engouffrés aussitôt avec moults détails quotidiens affreux sur l’invasion russe, ce que l’on entend moins lorsqu’il s’agit de faits d’armes tout aussi dégueulasses de « nos bons Etats », d’Etats « amis » (ceux à qui l’on vend des armes) ou de coalitions sous égide occidentale à travers le monde. Comme le rappelle à juste titre le texte « Ne vous battez pas pour « votre » pays » (Internationalist Perspective [3]) :

Suite de l’article sur stuut.info

P.-S.

« Il en est qui parlent pour la paix, moi je parle pour la guerre. Pour cette guerre qui ne jette pas les hommes aux frontières, mais qui les dresse contre l’oppresseur de tous les jours, de tous les pays. »
Albert Libertad (1876-1908)

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