Le vendredi 20 septembre, Philippine, 19 ans, étudiante, a été tuée. Ce féminicide s’ajoute aux 100 autres commis cette année.

Suite à cet horrible drame, l’extrême-droite lance des appels à manifester dans toute la France.

Au Mans, c’est Génération Zemmour Pays de la Loire qui appelle à une manifestation samedi 5 octobre, sous l’angle "contre le laxisme d’état", un Etat qui n’expulserait pas les étrangèr.e.s dangereuxses. Cette instrumentalisation raciste, associant étrangèr.e.s sous OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) et criminel.le.s, avait déjà été faite lors des meurtres de Thomas et Lola.

Lors d’une manifestation, soi disant "pour Thomas", le 16 décembre 2023 au Mans, Félix Aubry (Génération Zemmour, Reconquête 72, Ultime Rempart, Union Nationale Inter-universitaire (UNI)) et Sébastien Buard (Reconquête 72) avaient tenu des propos racistes, parlant de "barbares" pour des personnes exilées, et d’ "ensauvagement".

Détrompez-vous d’une simple commémoration pour Philippine ! Les partis d’extrême-droite brandissent la carte féministe seulement lorsque le criminel n’est pas blanc. Sont-ils là à chaque féminicide ? Viennent-ils aux manifestations du 25 novembre, date clé contre les violences faites aux femmes et aux minorités de genre ?

Iels parlent de laxisme d’état, arguant que les personnes sous OQTF ne sont pas assez vite traquées, enfermées et expulsées et qu’elles sont dangereuses. Iels veulent un nouveau durcissement de l’OQTF. Mais iels cachent bien de dire que les OQTF sont délivrées à la base pour des situations administratives irrégulières sans avoir de casier judiciaire, de manière arbitraire, parfois pour des étudiant.es ayant comme seule tare de venir d’un pays qui n’est pas considéré en guerre par la France. Cela les condamne à une précarisation plus importante et à une stigmatisation, les associant automatiquement à des criminelles alors qu’elles n’en sont pas pour la grande majorité d’entre elles. Lorsqu’elles sont contrôlées, elles sont parquées dans des CRA (Centres de Rétention Administrative) dans lesquelles les conditions de vie sont inhumaines.

En France, la majorité des meurtrier.es sont français.es.

Et si un.e meurtrièr.e est expulsé.e sous un autre État , quid de ses futures victimes ? Une vie est une vie, qu’elle soit française, marocaine ou autre !

De même, les partis d’extrême droite pointent facilement la surreprésentation des personnes racisées dans le milieu carcéral français, argumentant qu’elles sont la cause de l’insécurité grandissante.

Or, les chiffres montrent que l’insécurité n’est pas en hausse comme ils aimeraient nous le faire croire.

De plus, si les personnes racisées sont en effet surreprésentées dans les prisons, c’est d’abord parce qu’elles sont les premières victimes des arrestations au faciès, des comparutions immédiates et autres outils judiciaires qui donnent lieu à des sanctions beaucoup plus sévères. Très peu d’entre elles peuvent bénéficier d’un aménagement de peine, contrairement aux personnes blanches et/ou issues de milieux aisés.

Le système judiciaire est raciste, en commençant par la répression policière à deux vitesses suivant notre couleur de peau.

Nos revendications sont les suivantes :

• Des moyens importants pour la prise en charge des victimes de violences sexistes et sexuelles (VSS)

• Une meilleure prise en charge psychologique et matérielle pour la réinsertion des personnes ayant été en détention pour éviter les récidives

• La régularisation de toustes les sans-papiers, pour permettre une meilleure qualité de vie et l’égalité des droits

• l’arrêt des comparutions immédiates, des discriminations et des violences perpétuées par la police

Pas de féminisme sans antiracisme. Face à l’instrumentalisation raciste du féminicide de Philippine, et à l’horrible manque de considération pour ses proches dont elle trouble le deuil, soyons nombreuxses à manifester nos solidarités le samedi 5 octobre 2024 à 13h30, place du Jet d’eau au Mans !

Signataires : Assemblée générale anti-fasciste de la Sarthe, Collages féministes Le Mans, Collectif anti-fasciste de la Sarthe, Confédération Nationale du Travail (CNT) de la Sarthe