RSA sous condition, l’étrange cadeau de nouvelle année des élues socialistes et écologistes des conseils départementaux 35 et 44 aux précaires :
A partir de cette année 2023 l’État lance l’expérimentation de la mise sous condition du RSA à l’obligation de 15h à 20h d’« activités permettant d’aller vers l’insertion professionnelle » par semaine. Ce dispositif va d’abords s’appliquer à 19 départements, avant de se voir généraliser à l’ensemble du territoire hexagonal.
Parmi ceux-ci, l’Ille-et-Vilaine et la Loire-Atlantique pour lesquels les majorités PS et écolos se sont carrément portées volontaires auprès du gouvernement.
Dans le Télégramme c’est ainsi une élue écologiste, Caroline Roger-Moigneu, vice-présidente du conseil départemental 35, qui assure le service après-vente de cette réforme abjecte pour le département d’Ille-et-vilaine. Reprenant les éléments de com’ gouvernementaux, elle en minimise le caractère répressif, préférant parler de « lien social », et niant le fait qu’il y aura des sanctions. Difficile de trancher dans ce discours la part d’hypocrisie de celle de naïveté affligeante.
En réalité, cette mesure s’inscrit dans un cadre plus large d’attaque généralisée des pauvres, des précaires, et des classes laborieuses : destruction de l’assurance chômage, réformes des retraites, saccage planifié des services publics…
Qui peut par exemple encore faire confiance à un gouvernement dont le chef a clairement assumé vouloir repousser l’âge de départ à la retraite pour financer … les « services publics : l’hôpital, l’école et notre sécurité » ? C’est à dire nous faire tous-tes travailler plus longtemps non pas pour financer le système de retraite par répartition, mais pour palier à l’effondrement de services publics dont il à lui même organisé le sous financement …
De la même manière il est impossible de ne pas faire le lien entre cette réforme du RSA et celles successives de l’assurance chômage : au moment où on pousse de plus en plus de chômeur-euses vers le RSA en réduisant le montant, puis la durée ( aujourd’hui de 25 %, bientôt de 40 %), de leurs allocations à quasiment plus rien, on organise en parallèle le flicage généralisé des personnes au RSA pour les obliger à accepter n’importe quel emploi. Il faut être aveugle pour ne pas voir la grossièreté de la manœuvre…
Pire encore, c’est l’ensemble des salaires qui sont menacés par cette réforme : concrètement un RSA de 590 euros divisé par 20h hebdomadaire de travail obligatoire, cela donne du 7,40 euros de l’heure sans cotisation pour le chômage, la retraite, ni la sécurité sociale. Difficile de ne pas y voir une volonté de s’attaquer au montant des salaires en général.
Le RSA, en offrant un revenu minimum d’urgence en cas d’absence d’emploi, constitue un garde-fou pour l’ensemble des travailleurs-euses. En s’attaquant à lui c’est à elles et eux tous-tes qu’on s’attaque.
Contrairement à ce que semble penser Caroline Roger-Moigneu, ce n’est pas le flicage des gens au RSA qui va permettre de palier a des décennies de destruction du service de l’accompagnement social. Au lieu de rester sur des logiques passéistes et paternalistes de plein emploi a tout prix, et d’intégration par le travail, élu-es écologistes et socialistes, feraient mieux de s’interroger sur le sens et les conditions de travail de nombreux emplois qui souvent, en plus d’être nuisibles à la société et à l’environnement, détruisent la santé de ceux qui les effectuent.
L’urgence réelle d’aujourd’hui c’est la lutte contre la sécession des ultra-riches, qui dans leur fuite en avant de cumul infini des richesses détruisent les possibilités même de conditions de vie acceptable sur Terre, et menace l’entièreté du vivant.
Ce sont eux les véritables parasites, pas les personnes aux RSA dont la totalité des maigres revenus est directement réinjectés dans l’économie.
Il n’y aura pas de réelle transition écologique possible sans une juste répartition des richesses, écologistes et socialistes feraient mieux de s’en rappeler au lieu de participer à l’accompagnement du pire..
Le collectif Dispac’h
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