SOMMES-NOUS DES HOMMES OU DES CAPORAUX ?
Être persécuté par un pauvre d’esprit comme Salvini suscite plus de peine que de colère. Peine pour ces personnes, malheureusement trop nombreuses, qui se réjouissent des bassesses habiles d’un homme qui, malheureusement pour la République, siège sur les bancs du Sénat. Peine encore pour l’ignorance générale concernant les conditions de vie réelles du prisonnier. Pour les ravages occasionnés par un justicialisme hypocrite et des scélérats qui se répandent sur les écrans de télévision ou les pages de certains journaux nationaux. On doit être attentifs aux mots qu’on prononce, disent les sages, car ils tuent. Et alors, il ne suffira plus d’être du bon côté des barreaux pour se croire à l’abri du massacre.
Puissent-ils y réfléchir ceux qui, bien qu’à juste titre en colère et saturés de tromperies, adoptent trop facilement le langage inapproprié des chacals habituels en quête de leurs votes.
Il est triste de voir à quel point l’expression de l’hôtel 5 étoiles pour les prisonniers est répandue : "la télévision l’a dit, bon sang, ça doit être vrai". Il faut espérer qu’ils n’auront pas le malheur de se retrouver en prison. Triste période, où la désinformation attaque de manière à être absorbée avant même que le sens critique n’ait eu le temps de réagir. Il ne suffit donc plus de laisser pourrir le détenu en prison, il faut aussi le priver du droit à la parole. On ne sait jamais, il pourrait avoir quelque chose d’important à dire ou un sentiment à exprimer. On lui bâillonne bouche et cœur tandis qu’on laisse déblatérer ceux qui ont fait du système carcéral une mine d’or.
Rien de nouveau à l’Ouest, l’usine à délinquance a toujours existé, et aujourd’hui elle produit à plein régime. Et ceux qui se remplissent les poches sont souvent les premiers à crier au voleur. Ce n’est pas nouveau, nous devrions tous savoir que c’est ainsi que ça se passe au pays des truands. Et pourtant, nous entendons les honnêtes travailleurs, ceux qui ont toujours été trompés par le pouvoir, crier au loup avec les imposteurs. Qu’en est t’il de la bonne sagesse populaire ? Il est fini le temps ou on se disait que quand tous sont contre un seul, ça vaut peut-être la peine d’entendre le point de vue de celui qui est resté seul.
Se peut-il que nous soyons entrés à reculons dans une ère où il est incontournable de s’en prendre sans cesse aux plus infortunés ? Est-il si difficile de comprendre pourquoi même un pape est contraint de nous rappeler que nous sommes tous dans le même bateau ? Ou bien ces mots perdraient-ils leur valeur dans la bouche du prochain migrant à mourir en mer, ou dans celle d’un prisonnier condamné au pilori populaire ? En ce moment, même des personnes insoupçonnables se font l’écho de faux prophètes qui vendraient le pays pour rester en selle sur une politique prédatrice.
Mais revenons à l’affaire de la prison, celle qui a été transformée en laboratoire de manipulation par des politiciens véreux et des marchands de mots. Si les appels à la compassion ne sont pas entendus, qui sait si les chiffres ne le seront pas. Les données qui suivent sont celle du décret ministériel du 7 Août 2015 : Un détenu coûte à l’État environ 137 euros par jour. Ces frais, par contre, ne sont pas entièrement dévolus à couvrir les exigences personnelles des détenus. Plus de 80 % de ces 137 euros sont destinés au frais de personnel pénitentiaire, civils et police.
Le coût de chaque prisonnier est en pratique inférieur à 20,00 €. Ces vingt euros doivent couvrir les frais d’hygiène, de blanchisserie, de santé, de nourriture, de zone de traitement, de trousseau et une catégorie d’entretien non spécifiée. Nous n’avons pas de pourcentages relatif à chacune de ces rubriques, sauf pour la nourriture et l’équipement, qui se répartissent comme suit : petit déjeuner €. 0,27, déjeuner €. 1,09, dîner €. 1,37, pour un total de €. 2,73, entièrement remboursé à l’État par le détenu. Pour le kit d’équipement, il en résulte un total de 0,89 par jour, On se demande à quoi ça fait référence puisqu’il n’y a aucune trace des vêtements de l’Administration. Les 2,73 € pour l’alimentation quotidienne se passe de commentaire, c’est une honte. Sans parler du contorsionnisme de l’entreprise d’approvisionnement et de l’administration locale pour réduire encore plus les coûts, en utilisant des produits souvent destinés à la poubelle et, de toute façon, préparant moins de la moitié des repas, sachant que les détenus se contenteront de l’assiette habituelle de pâtes, achetée à la réserve fournie par la même entreprise. Dont les prix sont considérablement plus élevés que la moyenne nationale. Nous ne savons pas combien de ces moins de 20 euros sont destinés à l’hygiène. Pour donner une idée, dans cette prison, le prisonnier reçoit une fois par mois : quatre rouleaux de papier toilette, un savon, un chiffon et un litre de désinfectant dilué. Mais venons-en à la fameuse question qui devrait être l’épine dorsale, la mission (sic) par excellence de tout le système carcéral : la zone de traitement¹. Nous avons dit que sur les 137,00 € par jour alloués par l’État, seuls moins de 20,00 € sont destinés au prisonnier. Mais combien de ces presque 20,00 € sont destinés à l’objectif essentiel d’un système dit rééducatif ?
Personne ne le sait. Ou encore, tous les facteurs qui devraient intervenir dans la complexité du système de rééducation et de réinsertion du prisonnier dans la société sont tellement dispersés et indéfinis qu’un calcul précis est impossible. Autant dire que, à l’exception de rares institutions qui se sont notoirement distinguées dans l’accomplissement de leur mission, la zone de traitement dans la prison existe à peine sur le papier comme une forme de prérogative.
Le détenu est abandonné à son sort ou confié à la police pénitentiaire, dont la tâche, ce n’est pas sa faute, est de surveiller et de punir. Ce n’est là qu’un aspect, le plus évident, de la situation sordide , qui règne dans les prisons italiennes.
Abandonnés par une société civile mal informée, victimes de la vengeance et de l’incapacité de l’État à administrer la justice et la démocratie, les détenus se replient sur eux-mêmes pour survivre au châtiment impitoyable et aux persécutions. Ils s’organisent entre eux afin que même les plus malheureux aient de quoi se nourrir et résister aux déficiences du système. Et à la corruption généralisée, qui alimente l’animosité de ceux qui paient pour tout le monde et sont publiquement insultés. Le prisonnier se réfugie dans les codes ancestraux, parce qu’il ne lui est pas donné de connaître les différents outils pour affronter la vie avec dignité. La population détenue souffre en silence, tandis que les faiseurs d’opinion brandissent des figures terrifiantes. Ennemis numéro 1 de la société, disent-ils la bave aux lèvres, grâce auxquels la torture serait également justifiée. Ce sont toujours les mêmes à être brandis à la foule en colère.
On amplifie leur rôle criminel, donnant souffle aux chacals de tous les partis, lesquels ont fait disparaître le temps où ils festoyaient tous ensemble à la même table.
Voilà l’univers malsain du prisonnier, en guise d’hôtel cinq étoiles ! Dire que même les bêtes ne sont pas traitées de cette façon serait faire du tort à l’ours M49² qui passe par les fourches humaines ces jours-ci.
À propos des chacals. Si c’était un ennemi de classe qui avait insulté un communiste, ce serait une horreur. Mais s’agissant d’un caporal, cela fait seulement pitié.
Oristano, le 30 Juillet 2020
Publié le 6 Août 2020 par 1Mot2Cesare, sur Thechangebook.org
Retrouver ici le texte d’origine en Italien : Siamo Uomini o caporali ?
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info