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Sur la violence (anti)terroriste et l’enfermement

Rennes
Répression - Justice - Prison

Prises de parole du Comité 8/12 Rennais lors de la Journée Internationale contre les Violences Policières et le Racisme.

Quand l’antiterrorisme fait pschit.

"Depuis plus de 3 mois maintenant, 7 personnes sont inculpéEs suite à la spectaculaire affaire du 8/12. 5 sont encore en prison dans des conditions de surveillance élevées.

Le 8 décembre dernier, la police antiterroriste est entrée par effraction chez notre amie. A 6h du matin, ils ont fracturé la porte de sa chambre et braqué leurs viseurs sur son coeur. Pendant 3 heures, ils ont tout démoli dans sa chambre, saccageant méticuleusement sa vie privée et dérobant ce qui leur paraissait intéressant pour leur enquête.

Que pensaient-ils trouver, ces « héros de la nation », dans la planque d’une « terroriste d’ultragauche » ? Des armes ? Des explosifs ? Des K-Way noirs et parapluies arc en ciel ? Rien de tout cela !

Au milieu des brochures sur le féminisme, sur l’anti-racisme, ou sur violences validistes, pas de manuels pour la guerre !! Au milieu des plantes médicinales et des photos-souvenirs, pas de TNT !

Il est pourtant clair pour tout le monde qu’aujourd’hui, pour trouver du matériel servant à terroriser la population, ce n’est pas dans la chambre d’une militante qu’il faut chercher, mais dans les stocks de la police et les sous-sols de l’extrême-droite !

Alors, ces gros virils armés jusqu’aux dents ont pris l’ordinateur, le téléphone, des disques durs récupérés dans un vide-maison… Ils ont aussi pris en photos des posters sur le kurdistan et des gants de boxe…

A quoi sert l’antiterrorisme aujourd’hui ?

A nous faire désirer un régime sécuritaire et islamophobe.
A nous faire désirer un Etat autoritaire et patriarcal.
A nous faire désirer une République radicalisée et raciste.

« J’étais terrorisée, j’ai cru que j’allais mourir », témoigne Marianne, étudiante de 28 ans, qui s’est faite arrêtée récemment par la DGSI car elle avait passé le premier confinement dans ce même lieu en Dordogne avec les inculpéEs du 8 décembre. Lieu dans lequel ils et elles se sont retrouvéEs pour passer le confinement hors de la ville, ou parce que vivre en camion devenait illégal.

C’est le gouvernement lui même qui a créé cette soit disant « association de malfaiteurs terroristes » ! Et c’est l’antiterrorisme lui même qui crée artificiellement des coupables !

Des écoutes anti-flics, des envies de révolte, des fusils de chasse, des couteaux, une partie de paintball et une boite de conserve explosée dans les bois, Darmanin met le chocolat dans le papier d’alu et PAF ça fait des chocapic ! Qui cherche trouve !

Le spectacle étatique construit la menace terroriste pour nous faire oublier que la menace terroriste c’est l’État !

Le Comité 8/12 de Rennes exige la libération et l’abandon des charges pour tous les inculpéEs.

Pour la Justice, la Vérité, et la Révolte !"

Sur la violence antiterroriste et enfermement.

“Le 8 décembre 2020, 9 militant.e.s ont été perquisitionné.e.s et arrêté.e.s par la DGSI. Après 96h de Garde À Vue, 2 ont été libéré.e.s, à priori sans suite, 2 autres placés sous Contrôle Judiciaire et 5 autres placé.e.s en détention provisoire.

Iels sont accusé.e.s de « participation à une association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes d’atteintes aux personnes ». Notons qu’aucun acte de violence ne leur est reproché, l’affaire repose sur des suppositions d’intentions. Pourtant, ces accusations bien abstraites ont suffit pour maintenir en détention 5 personnes depuis déjà plus de 3 mois.

Quand l’Etat parle de menace terroriste, la menace terroriste c’est l’État, car l’état Français joue sur le registre de la peur, amplifiée par les médias, pour gouverner par des mesures de terreur, notamment en massifiant le recours à l’enfermement et aux privations de liberté ! Nous retournons donc la question : qui terrorise qui ?

L’antiterrorisme sert de prétexte, c’est un outil policier et judiciaire sans garde-fou qui permet de justifier tout et n’importe-quoi, en particulier lorsqu’il s’agit de stigmatiser les musulman.ne.s ou de réprimer des militant.e.s.

Sous prétexte d’anti-terrorisme, des musulman.ne.s, ainsi que des militant.e.s écologistes ont été massivement assigné.e.s à résidence depuis 2015.
Sous prétexte d’anti-terrorisme et de « sécurité », des mesures liberticides sont prises, telles que la loi sur le « séparatisme » ou bien celle sur la « sécurité glogale ».
Sous prétexte d’anti-terrorisme, on criminalise le simple fait de dénoncer l’islamophobie, en témoigne la dissolution du CCIF ou encore la charte imposée par l’état aux imams.
Sous prétexte d’anti-terrorisme, il y a quelques mois, des enfants de 10 ans ont été réveillés à 6h du matin par des policiers cagoulés et en armes, avant d’être retenu.e.s et interrogé.e.s pendant 11h au commissariat.
Sous prétexte d’anti-terrorisme, 5 militant.e.s pour les libertés sont enfermé.e.s, depuis déjà plus de 3 mois, sur de simples suspicions d’intentions.

Sous couvert de mesures préventives, l’enfermement est employé, alors qu’il s’agit d’une violence terrible, qui déshumanise les personnes et les prive des droits les plus élémentaires.

Aujourd’hui, ces 5 militant.e.s sont en détention provisoire. Enfermé.e.s sans procès, sur des soupçons d’intentions. Ça peut paraître une injustice criante, et ça l’est, mais il faut se rendre à l’évidence que ça n’est malheureusement pas du tout un cas isolé. La détention provisoire n’a rien d’une mesure d’exception, contrairement à ce qui est dit dans les textes de lois.
En France, au 1er janvier 2017, on compte 19 500 prévenu.e.s, les personnes incarcérées en attente de leur procès, ce qui représente près d’un tiers des détenu.e.s.
La détention provisoire est un outil bien pratique pour présumer coupables des personnes avant même de les juger, et ainsi les priver de nombreux droits, compliquant encore plus leur défense.

À cela s’ajoutent les Centres de Rétention Administrative, les CRA, où l’on enferme des milliers de personnes en exil sans même prendre la peine de les accuser de quoi que ce soit… L’injustice à son paroxisme !
En France, au cours de l’année 2018, 45 800 personnes ont ainsi été placées en centre de rétention. La rétention est employée massivement et sans scrupules par la police aux frontières, sans prendre en compte les terribles conséquences sociales, sanitaires, financières et psychologiques que cela implique pour les personnes enfermées.

L’enfermement n’est pas une décision aléatoire, c’est une mesure de répression clairement dirigée contre des groupes de personnes. C’est une violence extrème sur laquelle l’état assoie son pouvoir colonial, capitaliste et patriarcal.
En effet, la présomption d’innocence est invoquée à tours de bras pour protéger les policiers coupables de meurtres racistes ou encore un ministre de l’intérieur accusé de viol.

Mais lorsqu’on parle de personnes exilé.es, de personnes non-blanches, de musulman.es, de personnes trans, de personnes particulièrement précaires, ou dans le cas de cette affaire, de militant.es, iels sont présumé.e.s coupables d’après leur situation, leurs identités ou leurs idées, et iels sont enfermé.es sans autre forme de procès.

Pourtant, l’enfermement a des conséquences qu’on ne peut pas prendre à la légère. Il faut rappeler que la prison précarise, la prison humilie, la prison isole socialement, la prison détruit psychologiquement, la prison tue.

En France le taux de suicide est 7 fois plus élevé chez les détenu.e.s que dans le reste de la population. Et dans de bien nombreux cas, quand l’administration pénitentiaire déclare un suicide ou un arrêt cardiaque, des éléments décrédibilisent ces thèses, souvent des hématomes, des traces de lutte et les détenu.e.s comme les familles ne sont pas dupes. Iels demandent que la lumière soit faite sur les circonstances de ces décès.
On pense notamment à Zoubir Abderrezak, mort dans la nuit du 24 au 25 octobre 2018 à la taule de Condé sur Sarthe, la mort de Jaouad en 2018 et celle de Jules en décembre 2020 au mitard de Seysses. La mort de Taoufik le 18 octobre à Perpignan. La mort de Jimony Rousseau le 2 février 2021 suite à son incarcération à Meaux. La liste des morts suspectes est longue et ne cesse de s’allonger.

Nous ne pouvons pas nous taire devant les violences qui s’exercent dans l’ombre.
Nous ne pouvons pas laisser exposer qui que ce soit aux violences de l’enfermement.
Hommages aux victimes de la prison. Justice pour Jimony, pour Zoubir Abderrezak, pour Taoufik et pour tout.e.s les autres.

Liberté pour les inculpé.e.s du 8/12 ! Liberté pour tou.te.s les enfermé.e.s !
Force à elles et eux !"

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